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Les quatre enseignements du procès en destitution de Trump

Donald Trump a été acquitté mercredi à l'issue de plus de deux semaines d'un procès en destitution qui a divisé…

Donald Trump a été acquitté mercredi à l’issue de plus de deux semaines d’un procès en destitution qui a divisé l’Amérique et ses institutions, confirmé la mainmise du président républicain sur son parti et, de manière plus anecdotique, révélé les talents du démocrate Adam Schiff.

– Les deux Amériques –

Deux ailes dans l’hémicycle du Sénat, deux camps irréductibles. Le procès en destitution de Donald Trump a confirmé la profonde fracture entre les élus républicains et démocrates, mais aussi dans la société américaine sous la présidence de l’impétueux milliardaire.

A la Chambre des représentants, les élus s’étaient écharpés pendant des heures avant de voter selon des lignes quasi strictement partisanes pour ou contre la mise en accusation du président pour abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès.

Cette fois, les sénateurs sont restés cois, contraints au silence par les strictes règles encadrant les procès en destitution. Mais à chaque pause, ils se sont rués vers les caméras ou sur leurs comptes Twitter pour se faire l’écho de deux visions irréconciliables de la procédure.

Donald Trump est un président « dangereux » qui se croit au-dessus des lois, ont martelé les démocrates sur tous les tons; il est la victime d’un « coup monté » politique ourdi par son opposition pour l’empêcher de briguer un nouveau mandat, ont asséné avec la même conviction les républicains.

Loin de Washington, les Américains interrogés par l’AFP affichaient des opinions largement liées à leurs affiliations partisanes. Selon les sondages, environ la moitié des Américains souhaitaient la destitution du président. C’était le cas de 85% des électeurs démocrates et de moins de 10% des républicains.

– Un parti républicain au garde-à-vous –

Donald Trump, qui a remporté les primaires républicaines en 2016 malgré l’hostilité affichée par plusieurs cadres du parti, exerce désormais un contrôle total sur ses troupes, à qui il réclame une loyauté sans faille.

Armé de son compte Twitter, il décerne de bons points à ses défenseurs les plus fervents, ou épingle les (rares) voix dissonantes.

Sa popularité auprès des électeurs républicains lui offre un puissant levier auprès des élus de son parti: si l’un d’eux se montre trop critique envers lui, il risque de perdre le soutien déterminant du président pour les élections locales à venir.

Au Congrès, Donald Trump peut compter sur le leader du Sénat Mitch McConnell pour faire rentrer dans le rang les élus tentés de s’émanciper. Malgré la défection de deux sénateurs républicains, cet habile stratège a réussi à bloquer la convocation de témoins, qui aurait repoussé le verdict.

Lors du vote final, une seule voix républicaine, celle du sénateur de l’Utah Mitt Romney, a jugé le président coupable.

– Des institutions abîmées –

Le procès a également révélé à quel point les divisions partisanes compromettent le fonctionnement du Congrès. Depuis que les démocrates ont repris le contrôle de la Chambre des représentants en janvier 2019, plusieurs lois adoptées dans cette enceinte sont bloquées au Sénat.

L’ouverture de la procédure de destitution a accentué le phénomène, rendant quasi impossible un compromis entre les partis.

L’amertume entre les deux camps a empêché d’organiser un « procès équitable », a par ailleurs déploré la sénatrice républicaine Lisa Murkowski. « C’est triste à admettre, mais le Congrès en tant qu’institution a échoué », a-t-elle encore estimé.

– Les talents oratoires d’Adam Schiff –

L’élu démocrate Adam Schiff, qui a porté l’accusation contre Donald Trump, a réussi l’exploit de maintenir ses auditeurs suspendus à ses propos pendant de longues heures, grâce à un savant dosage d’énoncé méthodique des faits et d’envolées dramatiques.

Une de ses tirades — Donald Trump « doit être destitué car le bien et la vérité comptent, sinon nous sommes perdus » — prononcée avec beaucoup d’émotion est devenue virale sur internet.

L’actrice Alyssa Milano, qui a suivi une partie des débats depuis le balcon réservé au public, a salué sa performance. « Il était dans son élément », a-t-elle noté. « On avait vraiment l’impression d’assister à un one-man-show sur Broadway ».

Même le sénateur républicain Lindsey Graham, un défenseur fervent du président, l’a félicité pour son « bon travail » et son « éloquence ».

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