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Les relations houleuses États-Unis/Venezuela depuis Chavez

Les États-Unis et le Venezuela, où l'opposant Juan Guaido, président du Parlement, s'est autoproclamé président mercredi avec le soutien immédiat…

Les États-Unis et le Venezuela, où l’opposant Juan Guaido, président du Parlement, s’est autoproclamé président mercredi avec le soutien immédiat de Washington, entretiennent des relations houleuses depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 du défunt Hugo Chavez.

Donald Trump a aussitôt annoncé qu’il reconnaissait Juan Guaido comme « président par intérim » du pays. « Les Vénézuéliens ont trop longtemps souffert aux mains du régime illégitime de Maduro », a ajouté le président américain.

En réponse, le président Nicolas Maduro a annoncé que son pays rompait ses relations diplomatiques avec « le gouvernement impérialiste des Etats-Unis », donnant 72 heures aux représentants diplomatiques nord-américains pour quitter le pays

– Nationalisations –

Au pouvoir de février 1999 jusqu’à sa mort le 5 mars 2013, le président socialiste Hugo Chavez, initiateur d’une « révolution bolivarienne », lance à partir de 2001 une série de nationalisations, du secteur pétrolier à l’agroalimentaire en passant par la grande distribution. Cette « réappropriation » affecte plusieurs groupes américains comme ConocoPhilipps ou Exxonmobil, entraînant des poursuites en justice.

– Coup d’Etat déjoué, impérialisme décrié –

Les relations des deux pays se dégradent profondément lors d’une tentative de coup d’État déjouée en 2002 au Venezuela. Chavez accuse le président George W. Bush, qu’il qualifiera de « diable », d’avoir soutenu la rébellion.

Les États-Unis s’inquiètent des positions d’Hugo Chavez contre le néolibéralisme, de ses contacts avec l’Irak et la Libye, de son amitié pour le président cubain Fidel Castro et de liens présumés avec la guérilla colombienne qu’il a toujours niés, tandis qu’Hugo Chavez fustige l’impérialisme américain qu’il promet de mettre « KO ».

– Invectives –

Les tensions se manifestent notamment par des déclarations houleuses. Dans son programme télévisé « Allo président », Hugo Chavez qualifie George W. Bush de « lâche », « assassin », « génocidaire » ou « alcoolique ».

En 2006, le ministre américain de la Défense Donald Rumsfeld compare le président vénézuélien à Adolf Hitler.

Chavez « a dilapidé la richesse pétrolière dans ses efforts pour promouvoir sa vision hostile à l’Amérique, il a laissé ses propres citoyens confrontés à la pénurie alimentaire tout en menaçant ses voisins », déclare Bush en 2008.

– Autres accusations de putsch –

A plusieurs reprises, Hugo Chavez puis son successeur Nicolas Maduro accuseront les États-Unis de soutenir des tentatives de putsch.

En août 2017, le président américain Donald Trump suscite la colère de Caracas et un tollé en Amérique latine en évoquant une « possible option militaire » au Venezuela.

Mardi, au lendemain d’un soulèvement militaire réprimé, Nicolas Maduro a accusé Washington d’avoir ordonné « un coup d’État fasciste ».

Le vice-président américain Mike Pence avait affiché sa solidarité avec la manifestation de l’opposition organisée ce mercredi, à l’appel du président du Parlement Juan Guaido (membre fondateur du parti Volonté populaire, centre-gauche).

– Sanctions –

En 2006, les États-Unis interdisent la vente d’armes et de matériel militaire américain au Venezuela, en raison de son manque de coopération dans la guerre contre le terrorisme.

Le Venezuela et les États-Unis n’ont plus d’ambassadeur respectif depuis 2010.

En 2015, Washington impose des sanctions contre plusieurs responsables vénézuéliens accusés de violations de droits de l’homme. Le Venezuela s’offre une page dans le New York Times pour assurer qu’il ne représente aucune « menace ».

D’autres sanctions décidées ces dernières années visent plusieurs responsables vénézuéliens dont le président, qualifié de « dictateur ».

Après l’élection en 2017 d’une Constituante jugée « illégitime », les États-Unis ont interdit à leurs ressortissants et entreprises d’acheter de la dette publique vénézuélienne ou de sa compagnie pétrolière publique PDVSA.

Caracas attribue à ces sanctions les graves pénuries alimentaires et de médicaments qui frappent le pays.

– Pétrole –

Derrière une rhétorique enflammée, les deux pays restent d’importants partenaires commerciaux.

Le Venezuela, qui tire 96% de ses revenus du pétrole, réalisait un tiers de ses ventes de brut aux États-Unis en 2017. Pour Washington, cela représente 8% de ses achats.

Un éventuel embargo américain sur le pétrole porterait un grand coup à l’économie vénézuélienne déjà en déconfiture.

Le Venezuela est un acteur important du secteur pétrolier aux États-Unis à travers la filiale Citgo de PDVSA, qui possède des raffineries, des oléoducs et des participations dans des terminaux pétroliers sur le sol américain. Des milliers de stations-essence portent l’enseigne Citgo sous statut de franchise.