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Les Slovaques élisent leur président, le meurtre d’un journaliste en toile de fond

Les Slovaques votaient samedi au premier tour de l'élection présidentielle qui pourrait porter pour la première fois une femme à…

Les Slovaques votaient samedi au premier tour de l’élection présidentielle qui pourrait porter pour la première fois une femme à la tête de l’Etat, une avocate libérale environnementaliste, critique d’un gouvernement mis à mal par l’affaire du meurtre d’un journaliste d’investigation.

Zuzana Caputova, 45 ans, a elle-même participé à des manifestations après l’assassinat du journaliste Jan Kuciak l’an dernier, crime qui a provoqué une profonde crise politique dans ce pays de 5,4 millions d’habitants, membre de l’Union européenne et de l’Otan.

Les sondages donnent à la vice-présidente du parti Slovaquie progressiste (libéraux), non représenté au Parlement, une avance à deux chiffres sur Maros Sefcovic, 52 ans, vice-président de la Commission européenne soutenu par le parti au pouvoir Smer-SD (populistes de gauche).

Aucun des candidats ne semble en mesure de l’emporter au premier tour. Le deuxième tour est prévu le 30 mars.

« Caputova attire ceux qui ont horreur de la corruption et qui sont mécontents de ce qu’ils considèrent comme un gouvernement qui pense plus à lui-même qu’aux intérêts des citoyens », a déclaré à l’AFP Kevin Deegan-Krause, expert de l’Europe centrale à la Wayne State University à Detroit.

« Sefcovic lance un appel à ceux qui sont satisfaits des progrès réalisés par un pays lequel, selon de nombreux indices, s’est porté pas mal du tout au cours de la dernière décennie », a-t-il ajouté.

– « croisée des chemins » –

Mme Caputova a voté dans sa ville de Pezinok, dans le sud du pays, déclarant aux journalistes que « la Slovaquie est à la croisée des chemins en ce qui concerne la reconquête de la confiance du public ».

Le journaliste Jan Kuciak et sa fiancée ont été assassinés en février 2018, alors qu’il était sur le point de publier une enquête sur des liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne.

Jeudi, à deux jours du scrutin, le parquet a relancé l’affaire en inculpant le multi-millionnaire Marian Kocner, accusé d’avoir ordonné le meurtre du journaliste.

La vague d’indignation qui a déferlé sur le pays à la suite de cette affaire avait entraîné la démission du Premier ministre Robert Fico qui reste cependant chef de Smer-SD et proche allié de l’actuel Premier ministre Peter Pellegrini.

L’an dernier, quatre personnes ont été inculpées pour ce meurtre.

Avec l’inculpation de Marian Kocner, « les autorités ont peut-être voulu montrer à quel point l’Etat fonctionnait efficacement, afin d’aider Sefcovic à gagner des points », estime Grigorij Meseznikov, analyste de Bratislava.

Mais « cela pourrait aussi être considéré comme une légitimation de Mme Caputova qui symbolise le changement », a-t-il ajouté.

Le président sortant Andrej Kiska a donné sa voix à Mme Caputova. « Il est extrêmement important de poursuivre la lutte pour une Slovaquie honnête et juste », a-t-il dit aux journalistes.

La candidate libérale appelle ses concitoyens à « lutter contre le mal ».

A Bratislava, Nora Bajnokova, une gestionnaire de projet de 33 ans, dit soutenir Mme Caputova parce qu’elle est « une femme, une mère, une avocate et n’est pas impliquée dans la politique ».

Pour Katarina, économiste de 42 ans, « Caputova essaye d’unir les gens, elle va assurer l’égalité, la justice, elle est honnête et sympathique ».

– « Toujours pour la Slovaquie »-

Oto, 41 ans, employé d’une société de surveillance, juge lui que seul M. Sefcovic lui paraît assez « sérieux » pour être président.

Se présentant sous le slogan « Toujours pour la Slovaquie », M. Sefcovic promet de renforcer les avantages sociaux pour les personnes âgées et les jeunes familles.

Membre de la Commission européenne depuis 2009, M. Sefcovic en est un vice-président depuis 2014.

Le président slovaque ne gouverne pas, mais ratifie les traités internationaux et nomme les plus hauts magistrats. Il est aussi le commandant en chef des forces armées et dispose du droit de veto.

Les bureaux de vote doivent fermer à 21H00 GMT.

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