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Les sorciers ont le vent en poupe au Kenya

Les résidents du comté de Murang'a (centre du Kenya) sont restés perplexes face à la floraison d'affiches publicitaires donnant les…

Les résidents du comté de Murang’a (centre du Kenya) sont restés perplexes face à la floraison d’affiches publicitaires donnant les contacts des sorciers qui offrent des services de traitement curatifs à des tarifs concurrentiels.C’est dire le niveau de l’engouement suscité par les sorciers qui, dans leurs publicités, se vantent d’avoir des capacités leur permettant de résoudre tous les problèmes, du divorce à la rupture des relations et aux crises financières, en passant par l’alcoolisme et l’infertilité.

On ne peut que se demander combien de Kenyans crédules ont été roulés dans la farine par la fourberie de ces charlatans.

La sorcellerie est une pratique illégale au Kenya, mais l’industrie du « juju » a prospéré au fil des ans à travers le pays, où les croyances superstitieuses ont encore une certaine influence dans de nombreuses communautés.

Dans la ville de Murang’a, les numéros de téléphone des sorciers sont affichés à plusieurs endroits, invitant les clients curieux à se précipiter et à utiliser leurs services, à des prix concurrentiels.

Du haut des airs, la ville est belle et paisible, avec ses bâtiments attrayants, où l’animation quotidienne des résidents est palpitante.

L’agriculture est la principale activité économique du comté de Murang’a.

Mais en marchant dans les rues de cette ville, on aperçoit des affiches inconnues qui sont omniprésentes et en particulier sur des poteaux électriques, annonçant des services de médecin-sorcier, au grand dam des chrétiens qui se plaignent depuis quelque temps contre une telle pratique.

La plupart des personnes interrogées par l’Agence de presse africaine (APA) ont déclaré qu’en réalité, les affiches prolifèrent depuis le début de l’année.

Edwin Karanja qui exploite un magasin dans la ville depuis plus de dix ans, fait partie des résidents en colère, affirmant que la prolifération des affiches au cours des derniers mois a vu principalement des femmes se présenter en masse chez des sorciers pour faire appel à leurs services.

« C’est de la folie! Les femmes sont leurs principales clientes qui cherchent à protéger leurs hommes des relations hors mariage », a-t-il déclaré.

« Nos ancêtres n’ont jamais toléré la sorcellerie. Si vous étiez reconnus coupables de telles pratiques, vous étiez bannis de la communauté. Pourquoi la génération actuelle devrait-elle tolérer cela », s’est-il interrogé.

Cependant, Ann Njeri, une femme d’affaires de Murang’a, ne partage pas cet avis.

Les hommes souffrant de dysfonction érectile et/ou confrontés à des entreprises en faillite se précipitent pour faire appel aux services des sorciers.

Elle cite le nombre croissant d’hommes qui se suicident à Murang’a, en raison de la frustration à laquelle ils sont confrontés après l’échec des services qu’ils sollicitent auprès des guérisseurs.

Ann Njambi, une résidente de Murang’a a révélé qu’il y a deux ans, elle avait rendu visite à un sorcier après que son mari l’a quittée parce qu’elle ne pouvait avoir d’enfants.

Elle révèle que le sorcier dont elle avait sollicité les services était spécialisé dans les incantations, les lancements de sorts, la divination et l’exorcisme.

« Il était également capable de soigner les problèmes d’érection et la stérilité et d’obtenir un emploi ou une promotion », a-t-elle expliqué.

Pour confirmer de telles allégations, l’Agence de presse africaine a utilisé un subterfuge en prétendant avoir une entreprise de taxis en difficulté à Nairobi. Elle a donc un sorcier du nom de Mzee Banda.

Mzee Banda a demandé à ce correspondant de lui rendre visite avec 700 shillings (70 dollars) pour la consultation et a promis de changer le sort de son entreprise de taxis, jadis florissante.

Cependant, après son arrivée à l’endroit convenu en ville, le téléphone du sorcier était éteint.

L’église, en revanche, a décidé de retirer les affiches qui font de la publicité pour des services de sorcellerie.

Pour sa part, l’Apôtre Harrison Macharia, Pasteur des Ministères de l’Ambassade de l’Evangile à Murang’a, demande aux chrétiens d’éviter de recourir à la sorcellerie pour remédier à tout problème, et de se rendre plutôt dans les églises pour rechercher la délivrance.

Jeremiah Kamau Mwirigi, le gestionnaire de la municipalité de Murang’a sous le gouvernement du comté de Murang’a, souligne que les sorciers ne versent pas de taxes à la municipalité pour leur publicité.

Il indique que les affiches sont montées par des jeunes la nuit ou à l’aube, des moments où l’activité en ville est très réduite.

Les résidents qui se sont confiés à l’Agence de presse africaine exigent du gouvernement qu’il trouve les voies et moyens de mettre fin aux activités de sorcellerie à Murang’a.

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