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L’escalade des tensions dans le Golfe

Région cruciale pour les échanges mondiaux de pétrole, le Golfe connaît une escalade des tensions depuis le retrait unilatéral des…

Région cruciale pour les échanges mondiaux de pétrole, le Golfe connaît une escalade des tensions depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis en mai 2018 de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de lourdes sanctions américaines contre Téhéran.

– Désengagement de l’accord nucléaire –

Le 8 mai 2018, le président américain Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien et le rétablissement de sanctions économiques contre l’Iran.

Conclu à Vienne en 2015 entre l’Iran et les Six (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Unie, Russie, et Allemagne), l’accord avait permis la levée d’une partie des sanctions contre Téhéran en échange d’un contrôle international accru sur le programme nucléaire iranien et de l’engagement de Téhéran à ne pas se doter de l’arme atomique.

Asphyxié économiquement par le rétablissement des sanctions, et pour mettre la pression sur les pays européens toujours engagés dans l’accord, l’Iran annonce le 8 mai 2019 qu’il cessera de respecter à partir de fin juin deux mesures auxquelles il s’était engagé dans le cadre du pacte nucléaire. Jusqu’ici, Téhéran avait respecté ses engagements, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

L’Iran demande aux Européens de trouver des mécanismes efficaces pour lui permettre de contourner les sanctions américaines.

– Remous autour du détroit d’Ormuz –

Depuis mai, alors que Washington renforce sa présence militaire, la région du Golfe voit se multiplier les incidents: sabotages et attaques de navires, drone abattu…

Situé entre l’Iran et le sultanat d’Oman, le détroit d’Ormuz est particulièrement vulnérable en raison de sa faible largeur, 50 kilomètres environ, et de sa profondeur, qui n’excède pas 60 mètres.

Il reste la voie de navigation quasi-exclusive reliant les producteurs d’hydrocarbures du Moyen-Orient aux marchés d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord. En 2018, environ 21 millions de barils de brut ont transité chaque jour par ce couloir.

Le 12 mai, quatre navires, dont trois pétroliers, sont la cible d' »actes de sabotage » dans les eaux territoriales émiraties. Washington et Ryad incriminent l’Iran, qui a menacé à plusieurs reprises de fermer le détroit d’Ormuz. Téhéran dément.

Le 13 juin, deux pétroliers, dont un japonais, sont attaqués en mer d’Oman. Washington, Londres et Ryad accusent l’Iran, qui nie.

Le 20 juin, les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique iranienne, annoncent avoir abattu un drone américain qui avait « violé l’espace aérien iranien ». Washington affirme que l’appareil se trouvait dans l’espace aérien international.

Le 18 juillet, M. Trump affirme qu’un navire américain, l’USS Boxer, a détruit au-dessus du détroit d’Ormuz un drone iranien s’approchant dangereusement d’un navire américain. Allégations « sans fondement », selon les forces armées iraniennes.

– Tankers arraisonnés –

Les relations entre Londres et Téhéran se sont tendues après l’arraisonnement le 4 juillet d’un pétrolier iranien au large de Gibraltar, soupçonné de vouloir livrer du brut à la Syrie en violation des sanctions européennes. L’Iran nie et dit qu’il ripostera à cet acte de « piraterie ».

Le 10 juillet, la marine militaire iranienne tente, selon Londres, « d’empêcher le passage » d’un pétrolier britannique dans le détroit d’Ormuz. Les Gardiens de la Révolution nient toute « confrontation » avec des navires étrangers.

Le 19, les Gardiens annoncent avoir arraisonné un pétrolier battant pavillon britannique, le Stena Impero, dans le détroit d’Ormuz pour « non respect du code maritime international ».

La saisie intervient quelques heures après la décision de la Cour suprême de Gibraltar de prolonger pour 30 jours l’immobilisation du pétrolier iranien.

Qualifiant cette saisie « d’inacceptable », Londres appelle les navires britanniques à éviter le détroit d’Ormuz. Le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt déclare que Londres souhaite un « apaisement » des tensions avec l’Iran, mais souligne que le Stena Impero a été arraisonné « en claire violation du droit international ».

Washington dénonce la « surenchère de la violence » de l’Iran. L’Allemagne, la France et l’Union européenne appellent à libérer immédiatement le pétrolier.

Le 21, Téhéran indique que l’enquête dépendra « de la coopération » de l’équipage.

Le 18 juillet, l’Iran avait annoncé détenir un autre tanker étranger et son équipage soupçonnés de se livrer à de la « contrebande » de carburant dans le Golfe. Selon des images diffusées par la télévision d’Etat iranienne, le navire, toujours détenu par l’Iran, bat pavillon panaméen.

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