InternationalAFP




L’Espagnole qui a porté les « bébés volés » devant la justice retrouve sa famille biologique

Inés Madrigal, la première Espagnole dont la justice a reconnu qu'elle était un "bébé volé", a annoncé jeudi avoir retrouvé…

Inés Madrigal, la première Espagnole dont la justice a reconnu qu’elle était un « bébé volé », a annoncé jeudi avoir retrouvé sa famille biologique grâce à un test ADN d’une entreprise américaine.

Sous la dictature de Francisco Franco (1939-1975), des bébés ont été soustraits à leur mères biologiques, au début surtout des opposantes politiques. Les « vols de bébés » auraient ensuite continué, souvent avec la complicité de l’Eglise catholique, avec des enfants nés hors mariage ou de familles nombreuses. Le scandale pourrait avoir touché des milliers de familles en Espagne.

« Je veux vous raconter que j’ai retrouvé ma famille biologique. C’est la meilleur nouvelle que quelqu’un dans ma situation pourrait recevoir », a déclaré en conférence de presse à Madrid la cheminote de 50 ans.

« Ma mère biologique ne vit plus aujourd’hui. (…) Elle s’appelait Pilar et elle est morte en 2013 à 73 ans. Pilar n’a jamais su si j’étais un garçon ou une fille, mais je sais qu’elle ne m’a jamais oubliée », a-t-elle raconté, émue.

Inés Madrigal a obtenu en 2018 qu’un tribunal de Madrid déclare un ex-obstétricien de 85 ans coupable de l’avoir volée à sa mère, à sa naissance en 1969.

Elle avait dû pour cela porter plainte contre sa propre mère adoptive, décédée depuis.

L’ancien médecin n’a pas été condamné, les juges ayant considéré que le délit était prescrit -ce qu’elle conteste. Elle a porté l’affaire devant la Cour suprême.

« Pour la première fois, le puzzle de ma vie est complet. (…) Je sais qui je suis et d’où je viens », s’est réjouie Inés Madrigal, qui s’est découvert des origines madrilènes et basques.

« J’ai quatre frères que j’ai rencontrés, qui sont des personnes merveilleuses qui m’ont ouvert les bras et leur coeur », a-t-elle raconté.

Elle n’a pas souhaité dévoiler l’identité de ses proches, au nom de l’intimité et de leur « droit à rester dans l’anonymat ».

Elle dit avoir d’abord retrouvé un cousin éloigné grâce à une entreprise américaine de tests ADN, les bases de données espagnoles mises à la disposition des associations de victimes de trafic d’enfants n’ayant pas fonctionné.

« C’est dramatique, vous vous rendez compte ? Mon profil et celui de l’un de mes frères étaient dans une base de données espagnole qui n’a pas détecté le lien de parenté », s’est-elle scandalisée.

Des milliers de plaintes pour des faits de vol d’enfants n’ont pu aboutir, souvent à cause de la prescription, selon les associations de victimes.

Selon elles, le trafic de bébés aurait perduré même en démocratie, au moins jusqu’en 1987, cette fois simplement pour des motifs de lucre.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne