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Liban: heurts entre manifestants et forces de l’ordre avant un vote de confiance

Des centaines de Libanais ont manifesté mardi devant le Parlement, dans une tentative de bloquer l'accès des parlementaires à l’hémicycle…

Des centaines de Libanais ont manifesté mardi devant le Parlement, dans une tentative de bloquer l’accès des parlementaires à l’hémicycle en vue d’un vote de confiance au nouveau gouvernement, honni par la rue dans ce pays en crise.

Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et canons à eau pour disperser les manifestants qui ont lancé des pierres sur les voitures de certains parlementaires et contre les murs érigés autour du Parlement, selon un correspondant de l’AFP.

Les manifestants mobilisés tôt mardi matin dans le centre-ville de Beyrouth dénoncent le nouveau gouvernement dirigé par Hassan Diab qui ne répond pas, selon eux, aux aspirations de la contestation.

Enveloppés dans des drapeaux libanais et scandant « pas de confiance », ils ont commencé à affluer avant l’aube vers le coeur de la capitale pour éviter d’être arrêtés aux barrages de contrôle érigés ce matin aux abords de la capitale.

Certains députés ont passé la nuit à l’hémicycle, craignant une réédition du scénario d’un défaut de quorum ayant eu lieu lors des sessions parlementaires précédentes.

Mardi, le quorum a durement été atteint, 68 députés — sur les 128– ayant pu se frayer un chemin jusqu’à la Chambre.

« Je suis là pour dire +pas de confiance+ à ce gouvernement », estime Carole, une manifestante.

Des affrontements ont éclaté entre contestataires et forces de l’ordre, faisant 158 blessés, dont 18 ont été hospitalisés.

Sur Twitter, l’armée a mis en garde contre « les actes de vandalisme (…) qui entachent les revendications (de la contestation) et ne permettent pas de concrétiser ces demandes ».

– « Aucune confiance » –

Hassan Diab, un universitaire peu connu et ancien ministre de l’Education, a été chargé de former un gouvernement en décembre après que Saad Hariri a été contraint de démissionner fin octobre de son poste de Premier ministre sous la pression de la rue.

Avant de procéder au vote de confiance, le Parlement devrait se pencher mardi et mercredi sur la « déclaration ministérielle », qui traces les grandes lignes du programme gouvernemental.

Le Liban est secoué depuis le 17 octobre par un mouvement de contestation inédit, qui fustige l’intégralité de la classe politique accusée de corruption et d’incompétence, dans un pays au bord de l’effondrement économique.

Les contestataires réclamaient un gouvernement de technocrates, totalement indépendants de la classe politique.

L’équipe actuelle, qui comprend des figures inconnues du grand public, a été formée au terme de plusieurs semaines de tractations âpres entre les partis qui jouissent de la majorité au Parlement, notamment le mouvement chiite du Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) du président Michel Aoun.

Alors que le nouveau Premier ministre a promis de porter les demandes de la rue, son gouvernement a été formé sur la base d’une attribution des portefeuilles selon de critères partisans et confessionnels, ayant longtemps alimenté la corruption et le clientélisme, selon la rue.

« Nous sommes ici pour rejeter le gouvernement de (Hassan) Diab et pour dire que le peuple libanais ne fera aucunement confiance à ce cabinet, même si les parlementaires lui accordent leur confiance », affirme Christopher, 26 ans.

Selon lui, même si certains nouveaux ministres sont qualifiés, ils dépendent des « partis qui ont détruit le pays ».

Autour de lui, des manifestants sont arrivés d’aussi loin que Tyr et Saïda, dans le sud du pays, ou encore Tripoli, dans le nord.

– Défis titanesques –

En cas d’un vote favorable du Parlement, le nouveau gouvernement libanais sera confronté à des défis titanesques.

Outre la revendication politique phare d’un changement d’un système politique basé sur le partage communautaire du pouvoir –consacré après la guerre civile de 1975-1990–, le pays croule sous une dette avoisinant les 90 milliards de dollars, soit plus de 150% de son PIB, faisant craindre un défaut de paiement.

En parallèle, les banques ont instauré des restrictions sur les retraits notamment en dollars, sur fond d’une pénurie des liquidités, accélérant une dévaluation de la monnaie nationale sur le marché parallèle.

« Bien sûr que nous sommes confiants – qu’ils aideront les banques au détriment de la population », pouvait-on lire mardi sur l’une des pancartes brandies par les manifestants.

En novembre, la Banque mondiale a averti que le taux de pauvreté pourrait en arriver à englober 50% de la population, contre le tiers à l’heure actuelle.

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