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Libération de Paris: la fin de quatre ans d’exil pour de Gaulle

"Paris! Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! mais Paris libéré! Libéré par lui-même". Par cette apostrophe, le général de Gaulle…

« Paris! Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! mais Paris libéré! Libéré par lui-même ». Par cette apostrophe, le général de Gaulle salue, le 25 août 1944, son retour dans la ville quittée quatre ans auparavant, symbole à ses yeux de la reconquête nationale.

Depuis trois mois, l’exilé de 1940 vit les journées décisives qui, avec la libération du territoire, doivent permettre d’affirmer la souveraineté nationale face aux Alliés. Il lui faut vaincre leurs réticences à son retour en France.

Le 4 juin 1944, le chef du gouvernement d’Alger atterrit à Londres. Le 6, il lance à la BBC un nouvel appel au peuple français, « la bataille suprême est engagée… ». Mais ce n’est que le 14 qu’il débarque sur la plage normande de Courseulles.

Quatre ans jour pour jour après l’entrée des Allemands dans Paris, Charles de Gaulle prononce à Bayeux (Calvados) son premier discours en terre française, avant de regagner Londres de nuit, à l’insu de l’aviation allemande.

Pour lui une nouvelle tâche commence, « il faut rassembler la Nation dès qu’elle sortira du gouffre ».

– Convaincre les Américains –

Rentré à Alger le 16, il se rend fin juin en Italie saluer les troupes victorieuses du général Juin et prendre contact avec le nouveau gouvernement de Rome.

Le 5 juillet, de Gaulle s’envole pour Washington où il réussit à normaliser ses relations jusque-là tumultueuses avec le président Franklin Roosevelt. De retour à Alger le 13, via le Canada, il apprend que les Etats-Unis reconnaissent le Comité français de libération nationale (CFLN) comme seul qualifié pour assurer l’administration de la France.

L’autorité de l’Etat pourra désormais être incarnée par l’homme d’Alger.

Mais en ces chaudes journées de l’été 44, il lui faut à tout prix convaincre les Américains de renoncer à leur plan de contourner Paris par le sud.

Le 18 août, de Gaulle s’envole pour la France à bord de son Lockheed et après des escales à Casablanca et Gibraltar, atterrit le 20 à Maupertuis (Normandie), tandis que les Alliés atteignent la Seine en plusieurs points. Pour de Gaulle il faut faire vite, le dénouement est proche.

Le 22, au Mans, il apprend qu’Eisenhower, à la tête des Alliés, a enfin donné l’ordre au général Leclerc de libérer Paris. Le 23, il est à Chartres, le soir au château de Rambouillet.

Le 25 août au matin, de Gaulle monte à bord d’une Hotchkiss noire découverte et prend la route de Paris, où il entre par la porte d’Orléans.

– « Houle vivante » –

Il gagne la gare Montparnasse où Leclerc a fait signer à Dietrich von Choltitz, le général allemand qui commandait le « Gross Paris », les ordres de cessez-le-feu qui concrétisent la reddition.

Le long exil de Charles de Gaulle vient de s’achever.

Il se rend d’abord au ministère de la Guerre d’où il était parti dans la nuit du 10 juin 40. Après la préfecture de Police, il va à pied à l’Hôtel de ville où l’accueille le Conseil national de la Résistance (CNR). C’est là qu’il prononce sa célèbre allocution avant de saluer la foule massée sur l’esplanade, depuis une fenêtre dont il a enjambé la barre d’appui.

Le 26 août, c’est le « sacre », selon l’expression de son biographe Jean Lacouture.

A l’heure où Paris est soulevé par une vague d’enthousiasme, de Gaulle veut marquer son entrée officielle dans la capitale par un défilé triomphal qui, pense-t-il, « fera l’unité politique de la France ».

Très pâle, il dépose une gerbe de glaïeuls rouges sur la tombe du soldat inconnu, puis légèrement en avant du cortège, entame la descente de la célèbre avenue.

De Gaulle écrira plus tard: « Devant moi les Champs-Elysées. Ah! c’est la mer!… Si loin que porte ma vue, ce n’est qu’une houle vivante, dans le soleil, sous le tricolore ».

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