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L’Irak peine à élire son président sur fond de divisions kurdes

Les députés irakiens tentent mardi d'élire un nouveau président de la République, quelques heures avant l'expiration du délai constitutionnel et…

Les députés irakiens tentent mardi d’élire un nouveau président de la République, quelques heures avant l’expiration du délai constitutionnel et après un faux départ lundi dû à la rivalité entre les deux partis historiques du Kurdistan, d’où vient traditionnellement le chef de l’État.

L’élection –qui doit avoir lieu avant minuit selon la Constitution– était initialement prévue lundi soir, mais le quorum n’ayant pas été atteint, le vote a été reporté au lendemain à 10H00 GMT.

Mardi, il prenait du retard sans qu’aucun nouvel horaire précis n’ait été communiqué.

Depuis les premières élections multipartites de 2005 dans la foulée de l’invasion emmenée par les Etats-Unis qui a renversé Saddam Hussein, la coutume est de réserver le poste honorifique de président à un Kurde. Le pouvoir est de fait entre les mains du Premier ministre, poste réservé à un chiite.

Un accord tacite entre Kurdes faisait de la présidence de la République la chasse gardée de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), du défunt président irakien Jalal Talabani. En échange, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) obtenait la présidence du Kurdistan, tenue jusque fin 2017 par son chef Massoud Barzani.

– Barham Saleh, Fouad Hussein –

Les deux partis attendent désormais les résultats des législatives au Kurdistan, région autonome depuis 1991, tenues dimanche. Ils doivent être connus d’ici mercredi soir et révèleront les nouveaux rapports de force dans la région, un an après le fiasco du référendum d’indépendance qui a profondément divisé.

Après cette consultation qui a déclenché des représailles de Bagdad, le poste de président du Kurdistan a été gelé après la fin du mandat de Massoud Barzani.

Le PDK, qui se targue d’être le parti ayant le plus grand nombre de députés au Parlement central à Bagdad, a donc présenté pour la première fois un candidat pour la présidence de l’Irak.

L’ancien directeur de cabinet de M. Barzani, Fouad Hussein, vétéran de la cause kurde de 72 ans, est chiite, comme la plupart des politiciens influents dans la capitale et contrairement à l’immense majorité des Kurdes, sunnites.

Cet homme aux sourcils broussailleux et au crâne dégarni est peu connu du public à Bagdad, où il a pourtant brièvement siégé au sein des autorités intérimaires installées par le commandement militaire américain après l’invasion.

Officiellement, Fouad Hussein n’est pas membre du PDK. Mais pour ses détracteurs, il est l’homme de Massoud Barzani, l’architecte du référendum d’indépendance.

En face de lui, Barham Saleh, 58 ans, est donné favori par les experts. Le candidat de l’UPK a été vice-Premier ministre irakien et Premier ministre du Kurdistan. Personnalité modérée, il est suffisamment consensuel pour convaincre à Bagdad, alors qu’il est décrié par la frange indépendantiste à Erbil.

– Prochain poste: Premier ministre –

Au vu des divisions, le Parlement pourrait décider de contourner le délai constitutionnel, en déclarant la séance parlementaire ouverte sans limite de temps.

Il faut en effet deux tiers des voix des députés pour être élu lors du premier vote. En cas d’échec, un second vote à la majorité simple est organisé. Mais, à chaque fois, il faut qu’il y ait quorum, ce qui n’a pas été le cas jusqu’ici.

Car, explique à l’AFP Vian Dakhil, à la tête de la liste PDK du Parlement, « le PDK mais aussi des forces sunnites et chiites se sont retirés de l’Assemblée pour laisser plus de temps à un possible accord sur un seul candidat ».

Depuis plusieurs jours, des responsables font état de réunions entre PDK et UPK réclamant chacun à l’autre de retirer son candidat, en vain.

Après l’élection en septembre du président du Parlement, un sunnite, Mohammed al-Halboussi, et celle du président de la République, il ne restera plus qu’un poste-clé à pourvoir: celui de Premier ministre.

Dans les 15 jours qui suivent son élection, le président de la République doit charger le candidat désigné par la plus large coalition au Parlement de former un gouvernement.

Or deux camps se disputent le titre de première coalition depuis les législatives de mai: celui du Premier ministre sortant Haider al-Abadi, lâché par plusieurs de ses alliés, et celui formé par le turbulent leader chiite Moqtada Sadr et d’anciens combattants antijihadistes proches de l’Iran.

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