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Luca de Meo, un as du marketing bientôt au volant de Renault

Expert en marketing crédité du redressement du groupe automobile Seat, Luca de Meo, un italien francophone et polyglotte, doit prendre…

Expert en marketing crédité du redressement du groupe automobile Seat, Luca de Meo, un italien francophone et polyglotte, doit prendre le volant de Renault qu’il va tenter de relancer après l’affaire Ghosn.

Arrivé il y a quatre ans à la tête d’une marque en perte de vitesse, Luca de Meo a conduit Seat vers les sommets.

En 2019, pour la deuxième année consécutive, cette filiale espagnole de Volkswagen a battu un record de ventes, avec plus de 574.000 véhicules écoulés, grâce notamment à ses SUV (4×4 de loisir) Arona et Ateca.

« Le succès de nos produits (…), c’est la base de tout », confiait en novembre au quotidien La Vanguardia ce manager de 52 ans, après avoir reçu du patronat catalan la « médaille d’honneur de l’entrepreneur de l’année ».

« Je me suis surtout focalisé sur le changement des mentalités dans une entreprise qui était démoralisée (…), où l’on n’encourageait pas les gens à rêver, à penser qu’ils pouvaient jouer la finale de la Ligue des Champions », avait-il alors déclaré.

En prenant ses fonctions dans quelques mois, une fois déliés de ses liens avec Volkswagen, M. de Meo deviendra le premier étranger à diriger Renault en plus de 120 ans d’existence. Le Libano-brésilien Carlos Ghosn avait été naturalisé français avant de diriger le groupe à partir de 2005.

Son profil correspond au « nouveau souffle » que veut porter le président du groupe, Jean-Dominique Senard, après avoir limogé en octobre le directeur général Thierry Bolloré, victime de ses mauvaises relations avec Nissan, le partenaire japonais.

Luca de Meo s’est taillé une réputation de visionnaire en portant de nouveaux concepts de mobilités et des innovations dans la connectivité des véhicules. Il n’a cependant jamais dirigé de groupe de la dimension de Renault (environ six fois Seat).

Un an après la chute de son ancien patron Carlos Ghosn, poursuivi au Japon pour des malversations présumées, cette icône du capitalisme français va mal. Les ventes et les profits chutent. De nombreux cadres, dépités, ont claqué la porte. Et l’alliance avec Nissan et Mitsubishi est à reconstruire.

– « Un côté charmeur » –

« Il n’a rien d’un dictateur. Il a énormément d’éducation, c’est un manager qui ne hurle pas », dit de lui un collaborateur de Seat.

« Il a un côté charmeur mais en même temps il sait garder ses distances ». Il a « un côté artiste » tout en travaillant ses sujets de façon « quasi-scientifique », ajoute ce cadre, sous couvert d’anonymat.

Fils d’un banquier d’affaires, Luca de Meo a vécu dans 12 pays, passant une partie de son enfance au Brésil, en Côte d’Ivoire et au Nigeria.

Francophone quasi-parfait, il a été scolarisé en français jusqu’à 14 ans mais a conservé un accent italien. Il s’exprime couramment dans cinq langues, dont l’allemand et l’anglais.

Ce quinquagénaire souriant à l’allure bonhomme, vêtu de costumes élégants, à la chevelure grisonnante bien rangée, a « un côté très italien, presque dans la caricature: il parle avec les mains, a de la tchatche au sens positif », raconte un ancien cadre de Renault où M. De Meo avait démarré sa carrière dans les années 1990.

A l’époque jeune diplômé en administration des affaires de la prestigieuse université milanaise Luigi Bocconi, « il avait 29 ans et déjà un sens inné du marketing. C’était vraiment frappant », poursuit-il.

« J’avais voulu le recruter dans mon service, mais sa mutation n’a pas été acceptée. Il a eu le sentiment qu’on ne lui faisait pas assez confiance. C’est pour ça qu’il a quitté Renault et, 20 ans après, il revient comme patron ».

M. de Meo est décrit comme impatient, jusqu’à en être pénible quand il a une idée en tête. « C’est son principal défaut », reconnaît un collaborateur.

En 25 ans de carrière, il s’est adapté à différentes cultures. Après Renault, il a rejoint Toyota, puis Fiat, et enfin Volkswagen en 2009, où il a notamment dirigé le marketing d’Audi.

Marié, il est père de deux jumeaux d’une vingtaine d’années, également scolarisés en français, langue dans laquelle ils échangent à la maison.

Dès l’âge de 6 ans, il veut travailler dans l’automobile. « Les voitures » sont sa grande passion, confiait sa mère, Giovanna dans une interview en 2009. « La première chose qu’il a dessinée était un rond un peu ovale qui était pour lui la (Fiat) 500 ».

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