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Macron veut peser sur le nouveau paysage européen

Emmanuel Macron a cherché mardi à Bruxelles à se placer au centre du jeu pour "construire" l'Union européenne des cinq…

Emmanuel Macron a cherché mardi à Bruxelles à se placer au centre du jeu pour « construire » l’Union européenne des cinq prochaines années, au risque de se heurter à plusieurs capitales, dont Berlin, sur le choix des futurs dirigeants des institutions européennes.

Symbole de cette détermination, le chef de l’Etat a été, contrairement à son habitude, l’un des premiers à arriver dans le vaste bâtiment du Conseil européen, trois heures avant le début du dîner avec les 27 autres dirigeants européens.

« Nous sommes face à une nouvelle étape de l’aventure européenne », a-t-il expliqué pour marquer l’importance qu’il accordait à ce sommet extraordinaire organisé pour tirer les leçons des élections européennes.

Pour lui, ce scrutin a provoqué « une véritable recomposition » politique à l’échelle du continent.

Car, « pour la première fois depuis que le Parlement européen existe, il n’y a pas de majorité avec deux partis », le Parti Populaire européen (PPE) à droite et les sociaux-démocrates à gauche. « Donc il y a nécessité de construire autre chose, un nouveau projet, qui soit à l’image de ce que le peuple européen a choisi », a-t-il ajouté.

Et pour cela, à ses yeux, se place au coeur « la nouvelle force centrale de progrès » qui devrait être construite autour des 21 eurodéputés de la liste Renaissance (formée par le parti macroniste LREM et son allié Modem), qui a recueilli 22,41% des voix dimanche en France, arrivant en deuxième position derrière celle du Rassemblement national (RN, extrême droite). Cette nouvelle force « aura évidemment un rôle, une responsabilité importante », a-t-il insisté.

Emmanuel Macron veut aussi bousculer le mode de désignation des cinq grands postes européens, dont celui, primordial, de président de la Commission européenne.

– « Urgence climatique » –

Il refuse ainsi le candidat allemand désigné par les partis membres du PPE (droite), l’Allemand Manfred Weber, auquel Angela Merkel a renouvelé mardi « naturellement » son soutien.

A son arrivée à Bruxelles, il n’a ainsi pas cité son nom lorsqu’il a évoqué le profil de dirigeants ayant « l’expérience et la crédibilité » pour succéder à Jean-Claude Juncker.

Il a en revanche souligné que la Danoise Margrethe Vestager (la commissaire européenne à la Concurrence), le Français Michel Barnier (chargé du Brexit) et le Néerlandais Frans Timmermans (vice-président de la Commission) en avaient la capacité.

Manfred Weber avait été jugé lundi « totalement disqualifié » par le numéro deux de la liste Renaissance, Pascal Canfin, dont les propos ont suscité des réactions en Allemagne.

Emmanuel Macron a cependant insisté que le dîner ne porte pas sur « un débat sur les noms mais sur les projets, les priorités et les critères » de nomination. Avec, comme objectif, de s’entendre à 28 d’ici au sommet européen de la fin juin.

Au titre de ces priorités, le chef de l’Etat a placé au premier plan la réponse à « l’urgence climatique », qui a été « un message très fort en France et partout en Europe » des élections de dimanche. Pour « taxer les entreprises polluantes, rendre le transport aérien moins polluant ou sortir complètement des pesticides… nous devons le faire au niveau européen. Pas au niveau d’un pays », a-t-il ajouté.

Réagissant pour la première fois aux résultats des élections, dans lesquelles il s’était beaucoup engagé contre le RN, Emmanuel Macron a salué l’existence en Europe d’une « majorité possible sans les extrêmes », ce qui « n’était pas donné il y a quelques mois »

« Maintenant, soyons clairs »: durant « les cinq années qui viennent au niveau européen, nous devons démontrer que nous savons faire renaître l’Europe, que nous savons convaincre nos concitoyens que c’est un projet qui est bon pour eux ». « Sinon ils se tourneront encore plus vers les extrêmes et le nationalisme », a-t-il averti.

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