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Madagascar aux urnes pour une présidentielle dominée par des anciens chefs de l’Etat

Les électeurs malgaches votaient mercredi pour le premier tour de la présidentielle, une élection à suspense dominée par trois ex-chefs…

Les électeurs malgaches votaient mercredi pour le premier tour de la présidentielle, une élection à suspense dominée par trois ex-chefs de l’Etat au coeur des crises politiques qui ont secoué la Grande Ile ces dernières années.

Dans la capitale Antananarivo, les bureaux de vote ont ouvert avec quelques minutes de retard peu après 06H00 (03H00 GMT). Ils doivent fermer à 17H00 (14H00 GMT).

De petites files d’attente se formaient dans la matinée devant les lycées et écoles d’Antananarivo transformés en bureaux de vote. De simples tissus imprimés au nom de la Ceni, la commission électorale, et accrochés tant bien que mal à des fenêtres ou des bureaux d’écoliers, faisaient office d’isoloirs.

Le scrutin marque le retour des « revenants », les ex-présidents Marc Ravalomanana (2002-2009) et Andry Rajoelina (2009-2014), interdits par la communauté internationale de se présenter en 2013 après les violences politiques de 2009 qui avaient fait une centaine de morts.

Les manifestations avaient débouché sur un coup d’Etat, ainsi que l’a qualifié la communauté internationale, et l’armée avait confié le pouvoir à l’opposant Andry Rajoelina.

Le combat entre ces deux frères ennemis se transpose cette année dans les urnes, où ils affronteront 34 autres candidats, dont l’ex-président Hery Rajaonarimampianina (2013-2018), qui complète le trio des principaux prétendants.

Pendant son mandat, ce dernier a échappé à deux destitutions et dû faire face à une fronde de l’opposition, qui a fait deux morts en avril.

« J’espère qu’on n’aura pas de crise après cette élection, mais tel que je le vois, les candidats sont trop arrogants. Aucun ne veut perdre l’élection », a estimé Eline Faraniaina, retraitée de 60 ans.

Mercredi, les forces de l’ordre se faisaient discrètes dans la capitale, après une campagne électorale sans incident.

– ‘Sortir de la pauvreté’ –

Pour de nombreux électeurs, la priorité est la lutte contre la pauvreté dans cette île de l’océan Indien où les trois-quarts de la population vivent avec moins de 1,90 dollar par jour.

« J’ai besoin d’un président qui me sorte de la pauvreté », a déclaré une électrice de 60 ans, Eline Faraniaina, qui s’apprêtait, après avoir voté, à chercher du linge à laver pour des particuliers afin de se nourrir.

A Madagascar, près de la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique, selon le Programme alimentaire mondial (PAM). Dans le sud où la situation nutritionnelle est « alarmante » faute de pluies selon l’agence onusienne, des familles en sont amenées à vendre leurs maigres effets personnels pour se nourrir.

Les trois favoris de la présidentielle, qui ont déployé pendant la campagne des moyens jugés « indécents » par l’ONG Transparency International, ont fait naturellement du développement leur priorité affichée.

Mais les observateurs dénoncent des promesses sans financement.

« Nous avons beaucoup de ressources naturelles qui ont été mal exploitées. Si on régule tout ça, je pense qu’on va développer Madagascar en très peu de temps », a assuré à l’AFP M. Rajoelina dimanche.

Celui que l’on surnomme « le petit gamin » à cause de son âge – 44 ans – peut compter sur le vote d’une partie des classes populaires et de la jeunesse qui se déhanche sur sa chanson de campagne. « Si vous avez faim, la solution c’est le numéro 13 », celui d’Andry Rajoelina sur le bulletin de vote.

– ‘En colère’ –

Marc Ravalomanana, perçu comme le candidat de l’intelligentsia, a multiplié les engagements, comme ses concurrents.

« Quand Papa (son surnom) sera élu, vous aurez ce que vous voulez », a-t-il assuré pendant la campagne en brandissant des tablettes électroniques et des cartables qu’il compte distribuer aux élèves.

Hery Rajaonarimampianina a demandé, lui, plus de temps pour « consolider le développement ». « Après 50 ans de pauvreté, on ne peut pas tout corriger en cinq ans », a-t-il expliqué à l’AFP.

Ce week-end, les trois favoris ont fait une démonstration de force dans la capitale, en remplissant chacun des stades de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Face aux favoris, soutenus par des chaînes de télévision et des radios, les 33 autres candidats ont eu du mal à exister.

Mais Marie Albert Razafiniaina, 42 ans, a décidé de donner sa voix à l’un des outsiders: « La population en a marre de ces trois candidats. Ils ont été au pouvoir mais sans résultat ».

Honoré Dégorgé, pêcheur « en colère », ne se rendra pas aux urnes. « Personne n’a réussi à résoudre nos problèmes et les présidents s’enrichissent ».

Madagascar figure au 155e rang sur 180 au classement de la perception de la corruption de Transparency International.

Si aucun candidat n’obtient 50% des suffrages, un second tour est prévu le 19 décembre.

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