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Malgré sa crise cardiaque, Bernie Sanders attaque l’année électorale en solide position

Une crise cardiaque, une dangereuse rivale progressiste, des doutes sur son âge... Porté par le fervent soutien de ses supporteurs,…

Une crise cardiaque, une dangereuse rivale progressiste, des doutes sur son âge… Porté par le fervent soutien de ses supporteurs, Bernie Sanders a dépassé les obstacles qui menaçaient sa candidature fin 2019 pour entamer l’année en solide position dans la primaire démocrate, avec la Maison Blanche en vue.

« Pas besoin de mendier auprès des riches et puissants ». Triomphant, le sénateur indépendant a salué jeudi le montant impressionnant qu’il a récolté auprès de petits donateurs au dernier trimestre 2019: 34,5 millions, soit plus que tout autre candidat à l’investiture démocrate sur un trimestre.

Menacé cet été par l’ascension de la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, Bernie Sanders lui a depuis repris la deuxième place dans les sondages pour la primaire.

Et si le socialiste reste derrière le modéré Joe Biden, toujours favori dans les enquêtes d’opinion, il l’a dépassé de loin en 2019 en terme de fonds récoltés (96 millions contre 60 millions).

Un exploit d’autant plus remarqué que le candidat le plus âgé de la primaire, à 78 ans, avait démarré le dernier trimestre en position plus que périlleuse: il avait fait une crise cardiaque le 1er octobre.

Critiqué parce que son équipe avait dans un premier temps manqué de transparence sur son état de santé, le sénateur d’ordinaire connu pour son ton combatif avait donné de rares signes publics de vulnérabilité… avant de se reprendre.

Désormais bien rétabli, selon ses médecins, Bernie Sanders a pu dans ce retour en force compter sur le soutien de la benjamine très médiatique du Congrès: l’élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez.

C’est alors que le vétéran de la politique était encore à l’hôpital que cette voix très influente auprès des jeunes progressistes l’a appelé pour lui annoncer son soutien, selon des médias américains.

Elle a depuis fait campagne au côté de Bernie Sanders, également soutenu par d’autres visages de la gauche du parti au Congrès: Ilhan Omar et Rashida Tlaib.

Ces soutiens lui « donnent une certaine crédibilité avec les électeurs issus de minorités » alors qu’en 2016, lors de sa campagne malheureuse contre Hillary Clinton, « son équipe avait été critiquée pour son manque de diversité », souligne Miles Coleman, politologue à l’université de Virginie.

C’est « avec la force des supporteurs, un mouvement multiracial et multiculturel, que nous allons battre le pire président de l’histoire de notre pays, Donald Trump »: vêtu d’une épaisse parka pour braver le froid de l’Iowa, le socialiste a ouvert l’année avec un message de défiance.

En campagne dans cet Etat du nord des Etats-Unis, qui ouvrira le bal de la primaire en votant le 3 février, le septuagénaire a affirmé dans la même vidéo qu’il remporterait le scrutin ici puis dans le New Hampshire voisin, avant de « décrocher l’investiture démocrate ».

– Aucun vainqueur garanti –

Oubliée, l’image d’un Bernie Sanders convalescent. Le septuagénaire, souvent échevelé, a retrouvé les grands meetings ainsi que ses sorties vigoureuses et humoristiques lors des débats démocrates.

Celui qui prône une « révolution politique », pourfend Wall Street, appelle à un « Green New Deal » pour lutter contre le changement climatique et défend une profonde réforme du système de santé américain, compte toujours sur un solide soutien chez les jeunes.

« Les millennials apprécient l’authenticité », souligne Miles Coleman. Or Bernie Sanders « n’est pas un politique typique » et peut donc plaire davantage que les autres à une génération d’Américains qui n’est, d’autre part, plus effrayée par le mot « socialisme ».

Dans l’Iowa, Etat très influent car il vote en premier, Bernie Sanders dispose en outre « d’un solide réseau de supporteurs qui date de (sa candidature en 2016) et qu’il a maintenu et enrichi », souligne William Sweeney, professeur à l’American University.

Il y figure en deuxième place de la moyenne des sondages établie par RealClearPolitics, derrière le jeune candidat modéré, Pete Buttigieg.

Et dans le New Hampshire, deuxième Etat qui votera, le 11 février, Bernie Sanders caracole en tête tandis qu’Elizabeth Warren, première durant l’automne, a plongé jusqu’à la quatrième place.

« Sanders et Warren sont tous deux menacés l’un par l’autre car ils occupent le même espace idéologique », souligne Capri Cafaro, ancienne élue démocrate et experte de l’American University.

Mais si Elizabeth Warren a chuté récemment, son statut de seule femme dans le peloton de tête « pourrait lui bénéficier à long terme » auprès d’un électorat démocrate qui a soif de changement, ajoute-t-elle.

Au final, analyse Mme Cafaro, aucun des quatorze candidats n’a encore de « voie toute tracée vers l’investiture » démocrate.

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