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Mali: développement et désarmement indispensables au retour de la paix à Ménaka

Développement et désarmement sont les préalables indispensables au retour de la paix dans la région de Ménaka, vaste zone désertique…

Développement et désarmement sont les préalables indispensables au retour de la paix dans la région de Ménaka, vaste zone désertique du nord-est du Mali minée depuis 2012 par une insécurité « chronique », plaide le gouverneur Daouda Maïga, dans un entretien à l’AFP.

QUESTION: Où en est la région de Ménaka, sept ans après le début de la crise dans le nord du Mali?

REPONSE: La région de Ménaka, c’est 80.000 km2 pour environ 120.000 habitants. Quand je suis arrivé en 2016, on n’était que dans l’urgence ou l’humanitaire. A force de nous battre, on a trouvé des partenaires et lancé plusieurs projets de développement. On quitte un peu le conjoncturel pour avancer vers des actions plus structurelles. C’est important, malgré l’insécurité.

Nous sommes dans une zone d’insécurité depuis 2012, plus ou moins chronique. Il s’agit aujourd’hui pour tous les partenaires, ONG, humanitaires, programmes de développement, de s’adapter à la situation, de trouver par quelles voies et moyens nous pouvons atteindre les populations pour satisfaire leurs besoins en eau, en électrification, en santé… malgré la situation. Parce que ceux qui sont derrière cette situation difficile souhaitent justement qu’il n’y ait rien pour le brandir comme argument pour les populations.

Q: Les habitants se plaignent d’avoir été longtemps abandonnés par le pouvoir central. Qu’en est-il aujourd’hui ?

R: Les professeurs ne sont pas tous revenus mais 90% des directions régionales et des services de l’Etat sont présents à Ménaka et fonctionnent. On vient de terminer la prison, le palais de justice et son logement vont être réhabilités et nous avons bon espoir que ça va repartir. Nous sommes en refondation et un des piliers de cette refondation c’est la justice. Ménaka est une nouvelle région donc tout est à mettre en place, c’est un vrai challenge.

Nous n’envoyons pas les gens à l’abattoir donc il y a des zones où, lorsque la sécurité est compromise à un certain point nous conseillons aux humanitaires (et au personnel des programmes) de ne pas y aller sans certaines garanties.

Q: A quoi est due l’insécurité qui gangrène la région ?

R: Il règne ici une certaine confusion. On ne sait pas qui est bande armée, qui est groupe armé terroriste, coupeurs de route. La fracture n’est pas qu’intercommunautaire, elle est intracommunautaire. Cela peut amener des oppositions assez farouches et la présence d’armes de guerre envenime la situation.

Pour arriver à une paix, il faut que les armes se taisent. Pour qu’elles se taisent, il faut qu’elles soient contrôlées, donc emmagasinées, et ceux qui les portent (doivent être) dans un cadre légal, l’armée reconstituée.

Le processus DDR (Désarmement, démobilisation et réinsertion des combattants de groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015), c’est la pierre d’achoppement, il faut vraiment qu’il démarre. Nous avions espoir que les gens soient rapidement cantonnés, désarmés, démobilisés et qu’on passe à une phase développement un peu plus sûre mais c’est plus facile à dire qu’à faire. On n’en est pas encore là.

Dans cette confusion, tout le monde joue un jeu ou pousse ses pions. Mais la finalité c’est soit le retour d’un Etat fort pour tout le monde, soit le délitement de l’Etat et l’incertitude également pour tout le monde. Sauf pour ceux qui prospèrent sur le chaos.

(Propos recueillis par Marie WOLFROM)

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