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Mali: « ma mère est sacrifiée car on ne veut pas discuter », accuse le fils de l’otage Sophie Pétronin

Le fils de Sophie Pétronin, otage française détenue au Mali depuis le 24 décembre 2016, a déploré que sa mère…

Le fils de Sophie Pétronin, otage française détenue au Mali depuis le 24 décembre 2016, a déploré que sa mère soit « sacrifiée » par le refus selon lui des autorités françaises de « discuter » avec ses ravisseurs, dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD).

Sébastien Chadaud-Pétronin, qui publie jeudi un livre sur sa mère, a toutefois exprimé dimanche auprès de l’AFP sa certitude que sa mère est vivante et son espoir de reprise prochaine d’une forme de dialogue.

« Ce qui est encourageant c’est que le téléphone recommence à sonner », a déclaré à l’AFP le fils de l’otage septuagénaire. « Si je suis relancé, c’est qu’elle est vivante », a-t-il ajouté, soulignant toutefois n’avoir « rien de factuel » sur l’état de sa mère.

Après des mois pendant lesquels la famille s’est « mise à l’écart », en se pliant aux recommandations des autorités françaises, il a le sentiment qu' »on rentre à nouveau dans une phase où les uns et les autres, on a envie de trouver une solution, donc on va forcément se remettre à communiquer entre nous, discrètement ou publiquement, et certainement aussi avec le Quai d’Orsay », a-t-il dit à l’AFP.

M. Chadaud-Pétronin avait effectué début décembre 2018 un voyage au Sahel et assuré à son retour avoir reçu une « proposition inespérée » des ravisseurs, qui aurait été rejetée par le gouvernement français.

« En refusant cette offre, et en refusant surtout d’entamer une discussion – c’est le principe même de la négociation qui a été rejeté – les autorités ont montré que la seule option retenue par le chef de l’Etat (français) était militaire », a dit M. Chadaud-Pétronin au JDD.

Pour lui, le ministère français des Affaires étrangères « ne veut pas discuter avec les jihadistes du sort de ma mère ». « On m’a demandé de m’écarter et je m’aperçois que c’est parce qu’on a pris la décision à ma place. La décision de sacrifier ma mère ».

Selon le fils de Mme Pétronin, le président Emmanuel Macron et son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, doivent « assumer » de ne pas vouloir « négocier » cette libération. « Il faut arrêter (…) de faire croire qu’on travaille (…) Ce n’est pas vrai (…) Ma mère est sacrifiée car on ne veut pas discuter, voilà ».

Il a assuré à l’AFP n’avoir eu « aucun contact » avec le Quai d’Orsay depuis mi-décembre. « Est-ce qu’ils font quelque chose ? Est-ce qu’ils préparent une option militaire en secret ? Est-ce qu’ils ont reçu des nouvelles ? On n’en sait rien ».

Il estime qu’il lui faudra bientôt « retourner à Bamako et réactiver des contacts ».

Réagissant auprès de l’AFP aux déclarations de M. Chadaud-Pétronin, une source proche du Quai d’Orsay réaffirme que « la France poursuivra tous ses efforts pour parvenir à la libération » de l’otage.

« Mais le moins qu’on puisse dire est que les déclarations de son fils, et son livre à venir, n’aident pas (…). Ces salves de médiatisation fragilisent la situation de sa mère », selon cette source. « Le fils de Madame Pétronin a reçu un soutien inédit de la part des autorités françaises, la République a financé ses huit voyages au Sahel mais à un moment il s’est persuadé tout seul qu’il pouvait faire mieux que les services français pour parvenir à la libération de sa mère ».

Cette source a déploré qu’après avoir été mis « en contact avec un intermédiaire », M. Chadaud-Pétronin ait « refusé de nous donner son nom ». « Les services français, qui connaissent leur travail, auraient pu vérifier sa crédibilité. C’est désolant ».

« Nous ne doutons pas bien sûr de sa sincérité, mais il est manipulé par les ravisseurs et leurs nombreux intermédiaires », a estimé cette source.

La dernière vidéo où est apparue Sophie Pétronin, médecin humanitaire enlevée à Gao (nord du Mali), avait été reçue mi-juin 2018. Elle y apparaissait très fatiguée, le visage émacié, et en appelait à M. Macron. Dans une autre vidéo publiée le 11 novembre, où elle n’apparaissait pas, ses ravisseurs affirmaient que son état de santé s’était dégradé.

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