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Marcher avec ses chaussettes à Touba pour la conformité

C'est comme si les pèlerins du Grand Magal de Touba (centre), événement annuel commémorant le départ en exil de Cheikh…

C’est comme si les pèlerins du Grand Magal de Touba (centre), événement annuel commémorant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon en 1895, s’étaient passé le mot. Dans les coins et recoins de la cité religieuse (Touba), hommes comme femmes se déchaussent, pour la plupart, pour marcher avec leurs chaussettes.Venu couvrir l’inauguration de la nouvelle caserne de gendarmerie de Touba par le président Macky Sall, le correspondant du quotidien privé L’Observateur dans la cité religieuse, Abdoulaye Bamba Sall, porte des pantoufles « en toile » qui couvrent ses pieds jusqu’au tibia. Avec ces savates de couleur beige, non usées cependant, il est « protégé de la chaleur », qui dépasse les 30 degrés ici, et est « à l’aise » quand il doit se rendre dans certains édifices religieux, comme la grande mosquée de Touba, où il est prohibé de marcher avec ses chaussures dans l’enceinte marbrée.

« Lors de la première visite de Macky Sall pour le Magal, nouvellement élu president (en 2012), sa garde rapprochée a eu de chaudes empoignades avec les membres de Mouhadimatoul Hidma », l’organe chargé de la réglementation autour et à l’intérieur de la grande mosquée, s’est rappelé M. Sall, indiquant que ces gardes du corps voulaient entrer dans la sanctuaire avec leurs rangers.

Une volonté contre laquelle, ce jour-là, ont opposé un niet catégorique les sentinelles des règles d’observance prescrites pour cet édifice, a ajouté le journaliste, qui explique porter également ces chaussons « pour éviter les pertes et les vols dans certains endroits », vu le nombre de personnes.

Ainsi, il sillonne le plus souvent la ville avec ses chaussettes qui lui ont coûté 2000 FCFA, de la même façon que Seyni Diallo et Bathie, deux jeunes dakarois qui ont acquis les leurs en dessous de ce prix, mais louent surtout leur « praticité ».

« Je vais les porter jusqu’à mon retour à Dakar », promet Seyni, 29 ans, qui a commencé à venir au Grand Magal « depuis (sa) naissance ».

Hormis ces pantoufles, d’autres personnes rencontrées dans la ville trouvent une solution plus simple et moins onéreuse pour leur bourse, à savoir « doubler ou tripler » sur chaque pied les chaussettes qu’ils achètent à 200 FCFA et marcher ainsi tranquillement sur la « terre sainte » de Touba.

C’est le cas du jeune commerçant Serigne Fallou qui loue la sainteté de cette cité religieuse où les filles « ne portent pas les pantalons moulants ou les jupes indécentes ».

« C’est l’islam qui est vécu ici », a-t-il indiqué à côté de Assane, 42 ans, qui ne donne, cependant, pas la garantie que les chaussettes qu’il vend (une activité qu’il fait « depuis 10 ans » lors du Magal) peuvent procurer à son acquéreur une protection totale contre « la souillure ».

Toutefois, Abdoulaye Bamba Sall souligne que cette « souillure » que peuvent emporter ces chaussettes jusqu’à empêcher au fidèle d’accomplir par exemple sa prière est un fait que doit éviter le porteur, en n’entrant pas par exemple dans les toilettes ou fréquenter des endroits souillés avec.

Certains savants musulmans rapportent, par contre, qu’il est permis de remplacer le lavage des pieds, lorsqu’on fait ses ablutions, par le passage de la main humidifiée sur la partie supérieure des chaussettes que l’on porte, en cuir généralement.

Toutefois, à l’entrée de la grande mosquée de Touba, Elhadj, un acariâtre et zélé organisateur de l’impressionnante rangée d’hommes qui veut entrer à l’intérieur de l’édifice, ne tolère même pas les bonnets sur les têtes.

Chacun, s’il ne porte pas de chaussettes, doit mettre ses chaussures dans un sachet en papier et bien se comporter, sous l’oeil vigilant des organisateurs… qui regardent passer une impressionnante foule finissant de se recueillir et sortant, dont certains en chaussettes, par la porte principale de la grande mosquée.

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