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Mary Lou McDonald, l’Irlandaise qui a dédiabolisé le Sinn Fein

La cheffe du Sinn Fein, Mary Lou McDonald, a réussi à dédiaboliser son parti, jadis vu comme sulfureux en raison…

La cheffe du Sinn Fein, Mary Lou McDonald, a réussi à dédiaboliser son parti, jadis vu comme sulfureux en raison de ses liens avec l’Armée républicaine irlandaise (IRA) et bouleversé le jeu politique lors des élections législatives en Irlande.

Deux ans tout juste après son élection à la tête du Sinn Fein, remplaçant son mentor et chef historique Gerry Adams, la quinquagénaire a remporté son pari haut la main: son parti a remporté le plus de suffrages samedi. Il devance les deux partis centristes qui se partagent traditionnellement le pouvoir, le Fianna Fail et le Fine Gael du Premier ministre Leo Varadkar qui arrive piteusement troisième.

« McDonald a été la star de la campagne et ses attaques contre le Fianna Fail et le Fine Gael (…) ont été brutalement efficaces », relevait lundi le Irish Times, estimant que le « Sinn Fein a mené la meilleure campagne de tous les principaux partis ».

Son discours social a séduit les électeurs dans une société frappée par une crise du logement et un nombre record de personnes sans abri.

Cela ne signifie pas pour autant que le Sinn Fein raflera la plupart des 160 sièges au parlement irlandais, car, n’anticipant pas ce succès, il n’a présenté que 42 candidats. Mais Mary Lou McDonald espère une coalition.

– Réunification –

Si cette brune déterminée arrive au pouvoir, son objectif est la réunification de la République d’Irlande avec la province britannique d’Irlande du Nord. Le sujet est revenu dans l’actualité avec le Brexit, auquel s’est opposée la majorité des habitants de la province britannique, contraints de quitter l’Union européenne malgré leur vote.

Pour Eoin O’Malley, professeur de science politique interrogé par l’AFP, la rhétorique nationaliste a attiré plutôt que repoussé les électeurs, en particulier les plus jeunes qui « ne savent pas ce que ça impliquait dans les années 1970 et 1980 ».

« Pour les personnes de plus de 45-50 ans, ça reste toujours un problème car on se souvient de la violence de l’IRA », a-t-il ajouté.

Reste à savoir maintenant si Mme McDonald parviendra à convaincre l’un des deux partis centristes d’accepter une coalition.

Elle a en tout cas rendu respectable aux yeux de l’opinion un parti vu comme la vitrine politique de l’IRA, associé au terrorisme pendant trois décennies de « Troubles », dans la province britannique d’Irlande du Nord entre républicains (majoritairement catholiques) et unionistes (surtout protestants).

A 50 ans, trop jeune pour avoir participé à la lutte armée, cette mère de deux enfants est bien moins clivante que son prédécesseur Gerry Adams. Toutefois, pour Eoin O’Malley, la dirigeante a pris soin de ne pas se dissocier complètement de l’IRA, en « essayant d’en faire une guerre légitime contre le joug britannique », a-t-il déclaré à l’AFP.

Contrairement à Gerry Adams, qui a grandi dans les quartiers populaires de Belfast, Mary Lou McDonald est originaire d’un quartier huppé de Dublin. Elle a fréquenté une école privée catholique avant de faire des études de littérature anglaise, d’intégration européenne et de gestion des ressources humaines.

Après un bref passage dans les rangs du Fianna Fáil, elle rejoint le Sinn Féin pour qui elle a fait campagne lors des élections législatives irlandaises de 2002. Elle essuie un premier échec électoral avant de marquer l’histoire du parti en devenant la première députée européenne du Sinn Féin en 2004.

Elle devient vice-présidente du parti après son mandat, en 2009, et remporte deux ans plus tard un siège au parlement irlandais dans la circonscription de Dublin-centre.

Pied de nez aux chefs du Fianna Fail et du Fine Gael, elle a été réélue dès le premier tour de décompte dans son fief.

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