Le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, effectue cette semaine sa première visite en Chine dans un contexte de tensions croissantes avec ce pays, sur le soutien duquel les Etats-unis comptent pourtant beaucoup dans leurs négociations avec la Corée du Nord.
Le chef du Pentagone a indiqué dimanche à des journalistes qui l’accompagnent dans sa tournée de quatre jours en Asie, qu’il voulait « prendre la mesure » des ambitions stratégiques de la Chine, qui a installé des systèmes d’armement sophistiqués sur des îlots artificiels en mer de Chine méridionale à l’appui de ses revendications territoriales.
« J’y vais pour obtenir directement auprès d’eux leur opinion sur nos relations stratégiques », a-t-il indiqué. « J’y vais pour avoir une conversation ».
A Pékin, où il séjournera de mardi à jeudi, M. Mattis rencontrera de hauts responsables du ministère chinois de la Défense.
Il se rendra ensuite à Séoul pour des discussions avec son homologue sud-coréen Song Young-moo, avant une courte étape vendredi à Tokyo pour une rencontre avec le ministre de Défense japonais Itsunori Onodera.
Ces deux rencontres ont le même objectif: rassurer les alliés de Washington sur le fait que l’engagement des Etats-Unis à les défendre n’a pas changé malgré l’annulation surprise par le président américain Donald Trump des prochaines manoeuvres militaires communes avec la Corée du Sud, prévues fin août – début septembre.
– Tensions en mer de Chine –
La visite en Chine — la première d’un ministre de la Défense américain depuis 2014 — intervient dans un contexte de tensions commerciales et militaires avec Pékin.
Pékin a déployé début mai des armements incluant des batteries de missiles et des systèmes de brouillage électronique sur des îlots artificiels en mer de Chine, une décision qui a inquiété toute l’Asie du Sud-Est.
Le Pentagone a alors retiré une invitation présentée précédemment à la Chine de participer à l’exercice Rim of the Pacific (Rimpac), les manoeuvres maritimes les plus importantes du monde, auxquels participent tous les deux ans près de 30 pays.
M. Mattis a estimé qu' »en dépit des affirmations chinoises prétendant le contraire, l’installation de ces systèmes d’armes est lié directement à des usages militaires à des fins d’intimidation et de contrainte ».
Pékin, qui revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale en dépit d’un arbitrage international de 2016 qui lui a donné tort, avait qualifié cette accusation d' »irresponsable », affirmant se contenter de défendre son territoire.
M. Mattis s’est rendu 7 fois en Asie depuis qu’il a pris ses fonctions il y a 17 mois, mais pas en Chine. Il n’a encore jamais rencontré le nouveau ministre chinois de la Défense Wei Fenghe.
Dans l’avion le conduisant en Asie, le chef du Pentagone a indiqué qu’il tentait de sonder les intentions de la Chine mais aussi de trouver de possibles domaines de coopération militaire avec Pékin.
– Pyongyang –
Mais un responsable américain a rappelé sous le couvert de l’anonymat que la Chine était considéré comme un « concurrent stratégique » des Etats-Unis, suggérant que Washington cherchera à maintenir la pression sur Pékin au sujet de la militarisation de la mer de Chine.
L’exclusion de la Chine des manoeuvres Rimpac pourrait n’être « qu’un premier pas », a-t-il dit.
Mais M. Mattis espère aussi obtenir de Pékin l’engagement à maintenir la pression sur le régime de Pyongyang pour le convaincre de renoncer à ses armes nucléaires, après le sommet historique du 12 juin à Singapour entre le président américain Donald Trump et le leader nord-coréen Kim Jong Un.
Le chef du Pentagone a indiqué avoir été informé quotidiennement de l’avancée des discussions par le principal négociateur américain, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo.
Selon le responsable américain, Washington espère obtenir « bientôt » un résultat concret du sommet, sous la forme d’un calendrier d’engagements que devra tenir Pyongyang.
M. Mattis, qui a lié la suspension des manoeuvres à des résultats concrets, a confirmé que les Etats-Unis s’attendaient à la remise prochaine par Pyongyang des dépouilles de soldats américains disparus pendant la guerre de Corée (1950-53). « Nous sommes optimistes », a-t-il indiqué.