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Méconnus, des candidats à la Maison Blanche parient (déjà) sur les électeurs de l’Iowa

Optimisme à toute épreuve, ils ont déjà visité des dizaines de fois l'Iowa, Etat américain où les ambitions politiques décollent...…

Optimisme à toute épreuve, ils ont déjà visité des dizaines de fois l’Iowa, Etat américain où les ambitions politiques décollent… et sont écrasées. Avec la présidentielle de 2020 en vue, les petits candidats démocrates John Delaney et Andrew Yang sont convaincus que leur pari sera payant.

« Si je gagne les caucus dans l’Iowa, tout le monde dans le pays va savoir qui je suis », confie John Delaney à l’AFP.

Entrepreneur et ex-élu de la Chambre des représentants, à Washington, il sillonne depuis 18 mois cet Etat rural du nord qui, depuis plus de 40 ans, donne le coup d’envoi de la saison des primaires présidentielles.

Méthodiquement, un an avant les « caucus » –des primaires à la mode artisanale où les électeurs votent parfois debout, en se regroupant pour chaque candidat– prévus le 3 février 2020, John Delaney a déjà visité les 99 comtés de l’Iowa.

Il y « fait campagne à l’ancienne », insiste-t-il, en rencontrant les électeurs dans les cafés et chez certains des trois millions d’habitants de ce petit Etat enneigé ces jours-ci.

Largement inconnus du grand public, John Delaney et Andrew Yang veulent convaincre les électeurs, un par un, qu’ils ont ce qu’il faut pour prendre la place du républicain Donald Trump en novembre 2020.

Et peu importe si leurs noms ne résonnent pas encore à l’échelle nationale, veulent-ils croire: s’ils gagnent les +caucus+ de l’Iowa, ils seront propulsés sur le devant de la scène.

« Nous allons choquer le monde en 2020 » en remportant les « caucus » de l’Iowa, assure Andrew Yang, homme d’affaires quadragénaire spécialiste du secteur des technologies, lors d’un débat public dans la petite bourgade de Jefferson.

Fils d’immigrés taïwanais, il estime que Donald Trump a remporté sa victoire surprise en 2016 parce que les Etats-Unis ont perdu « quatre millions d’emplois dans le secteur manufacturier à cause de la robotisation » dans des Etats décisifs comme le Michigan, l’Ohio le Wisconsin et l’Iowa.

Aux quelques électeurs venus l’écouter, l’une tricotant, l’autre prenant consciencieusement des notes, Andrew Yang explique qu’il veut mettre en place un revenu minimum universel de 1.000 dollars mensuels pour chaque Américain adulte.

John Delaney soutient de nombreuses propositions progressistes, comme la création d’un système de santé universel ou l’augmentation du salaire minimum.

Mais il plaide aussi pour une plus grande modération dans un débat politique devenu acide, avec plus de coopération entre démocrates et républicains pour lutter, lui aussi, en faveur de l’emploi menacé par la robotisation.

« Je suis un entrepreneur et les entrepreneurs sont bons pour percevoir non pas ce que les gens voient aujourd’hui mais ce qu’ils estiment qu’il va se passer » à l’avenir, explique-t-il.

– « La course reste ouverte » –

Des candidats démocrates plus connus, comme les sénatrices Elizabeth Warren, Kamala Harris et Kirsten Gillibrand, ont déjà battu campagne dans l’Iowa tandis que d’autres, dont le sénateur Cory Booker et l’élue de la Chambre Tulsi Gabbard, sont attendus dès cette semaine.

Alors qu’ils ne sont pas encore entrés dans la course, Joe Biden et Bernie Sanders dominent les premiers sondages.

Mais pour le démocrate JD Scholten, qui avait failli réussir l’exploit de vaincre un républicain élu de l’Iowa depuis des années à la Chambre en novembre dernier, tout peut arriver.

« La course reste ouverte », explique-t-il à l’AFP lors d’un dîner du parti démocrate à Jefferson. « Il y a tellement de voix diverses en ce moment. »

Président du parti dans l’Iowa, Troy Price rappelle d’ailleurs que les démocrates Jimmy Carter et Barack Obama ne figuraient pas haut dans les pronostics dans l’Iowa, où leur détermination les a pourtant portés jusqu’à la victoire dans les « caucus »… et au-delà.

« Vous n’avez pas nécessairement besoin d’avoir le plus d’argent ou d’avoir le nom le plus connu pour remporter cette course », poursuit-il. « Nous allons donner à chaque candidat la même opportunité. »

Avec cette idée en tête, John Delaney a déjà organisé plus de 250 évènements lors de 22 visites dans l’Iowa. Andrew Yang est venu huit fois.

Sur le terrain de baseball enneigé de Dyersville, rendu célèbre par le film « Jusqu’au bout du rêve » (1989), Tucker La Belle, étudiant de 19 ans, salue les particularités de son Etat.

« Les gens de l’Iowa vous écoutent quoi qu’il arrive, et ils vous respectent comme nulle part ailleurs dans le pays. »

De nombreux électeurs n’ont certes encore jamais entendu parlé de Delaney et Yang, comme Dan Deutmeyer, un informaticien qui a grandi à Dyersville.

Mais « ce sont les inconnus qui parfois avancent et se font élire », remarque ce dernier. « L’Iowa prend en effet l’une des plus grandes décisions sur ceux qui vont continuer, ou pas ».

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