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Merkel à Athènes sur fond de controverse sur le nom de la Macédoine

Angela Merkel entame jeudi soir une visite de 24 heures à Athènes au cours de laquelle elle "rassurera la Grèce"…

Angela Merkel entame jeudi soir une visite de 24 heures à Athènes au cours de laquelle elle « rassurera la Grèce » et s’entretiendra avec le Premier ministre Alexis Tsipras, dont la coalition gouvernementale est à l’épreuve avant un possible vote du Parlement grec sur le nouveau nom de la Macédoine.

Cette visite, la première de la chancelière allemande en Grèce depuis cinq ans, est perçue comme un soutien au pays qui vient de sortir des programmes d’aide européenne, dans lesquels Angela Merkel a joué un rôle important en se battant pour maintenir la cohésion de la zone euro.

« A moins de quatre mois des élections européennes, la visite d’Angela Merkel veut souligner la solidarité européenne vis-à-vis de la Grèce, une réussite pour l’Europe », a indiqué à l’AFP Thanos Véremis, professeur d’histoire politique à l’Université d’Athènes.

La chancelière a d’ailleurs tenu à « rassurer la Grèce » sur le fait que celle-ci « peut continuer à compter sur son partenariat et son amitié avec l’Allemagne », dans une déclaration au quotidien Kathimerini parue jeudi.

« La Grèce et l’Allemagne ont des liens étroits via une pléthore de relations bilatérales, et en tant que partenaires de l’Union européenne et de l’Otan », a ajouté Mme Merkel, se félicitant « des grands progrès » réalisés par Athènes dans le « difficile processus » de réformes « vers la stabilité économique et fiscale ».

« Ce doit être un moteur pour l’avenir », a-t-elle encore déclaré, avant sa rencontre avec Alexis Tsipras prévue jeudi vers 16h00 GMT.

Au menu des discussions notamment: la question épineuse du nouveau nom de la Macédoine.

L’accord signé entre Alexis Tsipras et le Premier ministre macédonien Zoran Zaev sur le nouveau nom du pays voisin, « République de la Macédoine du nord », visant à mettre fin à un litige vieux de près de trente ans, est soutenu par l’Union européenne et par les Etats-Unis car il devrait ouvrir la voie à l’adhésion de ce petit pays balkanique à l’UE et à l’Otan.

– « Fardeau diplomatique » –

« C’est un devoir patriotique de saisir l’occasion » de cet « accord historique » pour lever « ce fardeau » diplomatique, a déclaré Alexis Tsipras mercredi soir lors d’un entretien à la télévision grecque Open.

Berlin est l’une des capitales européennes qui défend le plus intensément l’accord. Mme Merkel s’est rendue à Skopje peu avant le référendum macédonien sur le sujet pour plaider en faveur du « oui ».

Pour le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, l’accord entre Athènes et Skopje est « une chance historique » pour trouver une solution.

Mais en Grèce, l’accord gréco-macédonien fait polémique: l’allié de la coalition d’Alexis Tsipras, le petit parti souverainiste des Grecs Indépendants, s’y oppose, ce qui risque de mettre à l’épreuve la faible majorité gouvernementale lors d’un vote sur cet accord au Parlement.

Le principal parti d’opposition, la Nouvelle Démocratie (droite), s’y oppose également et ne cesse de réclamer des élections anticipées, mais le Premier ministre a répété mercredi que les législatives restaient prévues pour octobre 2019.

Angela Merkel doit aborder la question vendredi en fin de matinée avec le président de la République hellénique Prokopis Pavlopoulos et ensuite avec le dirigeant de la Nouvelle Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, allié du parti de Mme Merkel, la CDU, au sein du PPE au Parlement européen.

D’importantes mesures de sécurité sont prévues à Athènes pour la visite de la chancelière, comme c’était le cas lors de ses deux dernières visites en 2012 et 2014, à l’époque de grandes manifestations anti-austérité.

Toutefois, cette visite intervient dans un climat beaucoup plus apaisé, si quelques manifestations sont prévues, à l’appel d’un petit parti de gauche notamment.

Gardienne de la discipline budgétaire dans l’UE, l’Allemagne est associée dans l’esprit des Grecs aux politiques de rigueur stricte imposées pour parer à la crise de la dette, à l’origine d’une hostilité entre les deux pays.

Alexis Tsipras, leader de la gauche Syriza et fervent opposant à l’austérité lors de son arrivée au pouvoir en janvier 2015, a fait volte-face six mois plus tard sous la pression de l’UE.

Pour le quotidien allemand Handelsbatt, Alexis Tsipras n’est plus vu comme « un paria » politique par Angela Merkel mais comme « un pragmatiste » ayant réussi à trouver un compromis sur le nom de la Macédoine.

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