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Mexico met en garde contre « l’effet contre-productif » des taxes douanières américaines

Le Mexique a mis en garde lundi contre "l'effet contre-productif" des taxes douanières annoncées par Donald Trump, qui accuse son…

Le Mexique a mis en garde lundi contre « l’effet contre-productif » des taxes douanières annoncées par Donald Trump, qui accuse son voisin du sud de laxisme face au flux d’immigrés arrivant d’Amérique centrale à la frontière américaine.

Les deux pays ont toutefois estimé que cette grave crise pouvait être résolue avant l’entrée en vigueur de ces taxes, le 10 juin, grâce à des discussions qui se tiennent cette semaine à Washington.

« Les taxes douanières pourraient provoquer une instabilité financière et économique, ce qui signifie que le Mexique pourrait voir réduite sa capacité à contrôler les flux migratoires », a expliqué le chef de la diplomatie mexicaine Marcelo Ebrard, qui fait partie d’une importante délégation présente dans la capitale américaine.

Plus tôt, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador s’était dit optimiste sur une issue favorable. « Nous sommes pour la liberté commerciale et un accord peut être trouvé », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Mexico. « Nous insistons sur la nécessité de promouvoir la coopération dans le développement, de maintenir des relations amicales et de défendre les droits humains », a-t-il affirmé.

Ces discussions à Washington « ont un fort potentiel de succès », a pour sa part déclaré Kevin Hassett, un conseiller économique du président américain.

« Les taxes douanières contre le Mexique ont une importance cruciale pour l’économie mexicaine et moins cruciale pour l’économie américaine », a-t-il ajouté, écartant les critiques de l’opposition démocrate qui dénoncent l’irresponsabilité du président.

Marcelo Ebrard, qui doit rencontrer mercredi son homologue américain Mike Pompeo, a précisé qu’il espérait aussi discuter avec le ministre par intérim de la Sécurité intérieure, Kevin McAleenan, chargé de la lutte contre l’immigration clandestine.

La secrétaire mexicaine à l’Economie Graciela Marquez doit également rencontrer lundi le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross à Washington, alors que ces nouvelles tensions interviennent en plein processus de ratification du nouvel accord de libre-échange nord-américain AEUMC (accord Etats-Unis, Mexique, Canada).

– « Réponse globale » –

Plus de 100.000 personnes ont été arrêtées en traversant illégalement la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis en mars et en avril, mettant en furie M. Trump qui a fait de la lutte contre l’immigration illégale une priorité.

Après avoir promis la construction d’un mur le long de la frontière et menacé de fermer les points de passage, le président américain a annoncé jeudi son intention d’imposer dès le 10 juin des droits de douane progressifs sur l’ensemble des biens importés du Mexique.

Il veut forcer Mexico à agir contre les milliers de clandestins venus en majorité de Guatemala, du Salvador et du Honduras, qui fuient la misère et la violence et traversent le pays pour demander l’asile aux Etats-Unis.

Washington demande notamment à Mexico de « sécuriser » sa frontière sud, traversée trop facilement selon l’administration Trump qui réclame que les immigrés fuyant la violence demandent l’asile au Mexique, qualifié de « pays sûr ».

Marcelo Ebrard a rejeté cette proposition « inacceptable », sans préciser pourquoi, soulignant les actions déjà prises par le Mexique.

Entre décembre 2018 et mai 2019, plus de 80.500 personnes ont été renvoyées dans leur pays, un processus qui a eu « un coût financier important » pour le gouvernement, a-t-il rappelé. Et depuis le début de l’année, près de 25.000 personnes ont demandé l’asile au Mexique.

Sans ces efforts, « un quart de million de migrants supplémentaires arriveraient à la frontière américaine en 2019 », a-t-il assuré.

Pour Marcelo Ebrard, l’objectif est de coopérer avec Washington pour « accélérer le développement économique » de ces trois pays d’Amérique centrale, ce qui réduirait « la migration forcée » provoquée par la pauvreté et la criminalité qui frappe cette région.

« Le Mexique pense qu’il faut aborder les causes fondamentales de cette vague migratoire et y apporter une réponse globale », a-t-il expliqué.

Mais, a-t-il souligné, les Etats-Unis ont annulé en mars certains programmes d’assistance aux trois pays du « Triangle du Nord » -Guatemala, Salvador et Honduras- après s’être engagés en décembre avec Mexico à réaliser d’importants investissements dans la région et dans le sud du Mexique, dans l’espoir d’endiguer l’arrivée de migrants.

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