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Mexique: chasse à l’homme en cours après un affrontement sanglant

Une chasse à l'homme était en cours lundi pour retrouver les responsables d'une attaque sanglante attribuée à un cartel de…

Une chasse à l’homme était en cours lundi pour retrouver les responsables d’une attaque sanglante attribuée à un cartel de la drogue ce weekend dans le nord du Mexique, qui a fait vingt-deux tués dont seize présumés délinquants.

« Les forces de sécurité sont déployées dans tout le secteur, sur terre et dans les airs, afin que cette attaque lâche ne reste pas impunie », a indiqué lundi le ministère de la Sécurité dans un communiqué.

Une soixantaine d’hommes armés, à bord de plusieurs véhicules portant les emblèmes du cartel du Noreste (Nord-est) avaient fait irruption à la fin de la semaine dans la localité de Villa Union, dans l’Etat de Coahuila, non loin de la frontière avec les Etats-Unis.

En arrivant aux abords de la mairie de cette petite ville de 5.000 habitants, les assaillants ont ouvert le feu sur près d’une quarantaine de maisons. Arrivés près du siège du gouverneur de l’Etat de Coahuila, ils ont continué à tirer de plus belle.

Le gouverneur, Miguel Angel Riquelme a précisé lundi qu’une quinzaine de policiers avaient immédiatement riposté à cette attaque qui a commencé samedi en milieu de journée et a duré 24 heures.

« Environ une heure plus tard, les criminels étaient déjà encerclés. Seize d’entre eux ont été tués, deux civils et quatre officiers de police de l’État », a souligné M. Riquelme à Radio Formula.

– « Message d’avertissement » –

Selon les déclarations de plusieurs suspects interpellés, le cartel incriminé avait l’intention de « pénétrer dans Villa Union et de frapper un grand coup » en guise de « message d’avertissement » à l’endroit du gouverneur, avant de regagner leur bastion de Nuevo Laredo, dans l’Etat de Tamaulipas, a indiqué Riquelme.

Les hommes armés étaient accompagnés de guides afin de leur indiquer les meilleurs chemins pour entrer et sortir de Villa Union.

Lorsque la confrontation avec les forces de sécurité a commencé, les guides se sont égarés. Les tueurs ont alors décidé de prendre en otages les employés de la mairie, toujours selon le gouverneur.

« Ce qui s’est passé ici est exceptionnel. Cela ne fait pas partie du quotidien de Coahuila. Le gouverneur est très attentif aux questions de sécurité », a déclaré lundi le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, connu sous l’acronyme d’AMLO, lors de sa conférence de presse matinale.

« Contenir est différent d’éliminer » les cartels dans ce secteur, explique à l’AFP Sergio Aguayo, expert sur les questions de sécurité du Colegio de Mexico et auteur d’une enquête sur le cartel Los Zetas.

Le cartel du Noreste, créé dans l’Etat voisin de Tamaulipas, est l’un des huit groupes issus du démantèlement des Zetas, selon cet expert.

– Pacification –

Dimanche, lors d’une cérémonie marquant sa première année au pouvoir, AMLO a fait valoir que son gouvernement avait entrepris « un changement de paradigme en matière de sécurité ».

« Entre 2006 et 2018, les dirigeants ont cherché à répondre au problème de l’insécurité et de la violence criminelle par des actions des forces militaires et de la police, sans toucher au fond du problème », a-t-il dit devant des dizaines de milliers de personnes.

Le gouvernement, a-t-il martelé, se concentre désormais sur « la pacification » du pays avec une stratégie qui s’attaque aux racines du problème avec des programmes sociaux et « l’utilisation mesurée de la force ».

Pour Raul Benitez, expert en sécurité à l’Université nationale autonome du Mexique, c’est l’arrestation avortée le 17 octobre à Sinaloa (nord) du fils du baron de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman, détenu aux Etats-Unis, qui continue de faire des vagues parmi les cartels.

« Ce qui s’est passé à Villa Union est le reflet de ce qui s’est passé à Sinaloa … C’est une escalade décuplée de la violence, ils s’en prennent aux forces gouvernementales », estime ce spécialiste.

« Les cartels sont en train de gagner la guerre contre le gouvernement », considère-t-il.

Le 4 novembre, sur une route rurale de l’État de Sonora, des hommes armés avaient abattu trois femmes et six enfants d’une communauté mormone d’origine américaine établie dans le nord du Mexique.

Avec environ 26.000 morts depuis le début de l’année au Mexique, un nouveau record de violence pourrait être battu en 2019.

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