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Mexique: Les Mormons en colère, enterrent leurs derniers morts

La communauté mormone du Mexique, meurtrie par le massacre de neuf de ses membres dont cinq doivent être inhummés vendredi…

La communauté mormone du Mexique, meurtrie par le massacre de neuf de ses membres dont cinq doivent être inhummés vendredi lors de la seconde journée de funérailles, affiche ouvertement sa colère face à une enquête qui piétine.

Les restes de Rhonita LeBaron et de ses enfants, Howard-Jacob, 12 ans, Krystal, 10 ans et les jumeaux Titus et Tiana âgés d’à peine 8 mois ont été transportés en convoi vendredi matin à Galeana, dans l’Etat de Chihuahua limitrophe des Etats-Unis, afin d’y être enterrés dans le courant de la journée.

Les cercueils en hêtre clair, alignés sous des auvents en toile blanche, ont été recouverts de roses disposées autour des photos des victimes et de quelques objets familiers qui leur appartenaient, notamment des chaussons roses et bleus.

La tristesse, l’émotion et les larmes, visibles sur les visages des centaines de Mormons venus la veille de l’Utah, l’État américain où la communauté mormone a planté ses premières racines au milieu du 19e siècle, ainsi que d’autres régions du Mexique, pour assister la veille aux funérailles de quatre des victimes, laissent la place à frustration et la colère.

En tout trois femmes et six enfants des clans LeBaron, Langford et Millers, tous détenteurs de la double nationalité mexicaine et américaine, ont été pris sous un feu nourri. Leurs véhicules, dont un totalement carbonisé, ainsi que les corps calcinés, ont été découverts ensuite par les forces de sécurité.

– Autorités « complices » –

L’un des proches de la famille LeBaron, durement touchée par la fusillade de lundi soir aux confins des Etats de Chihuahua et Sonora (nord), a été virulent dans les pages de plusieurs médias mexicains, accusant les autorités de « complicité » avec les groupes armés de narcotrafiquants très actifs dans la région.

« Les gouvernements de Chihuahua et de Sonora ont été complices de ce massacre », a affirmé Julian LeBaron au journal El Universal, relevant que les autorités avaient affirmé que l’hélicoptère des forces de sécurité n’avait pas pu entrer en action lundi soir faute de carburant.

« Je ne crois pas que les autorités puissent faire justice. Les institutions sont fondamentalement corrompues. ELles soutiennent qu’elles n’ont pas pu intervenir parce qu’elle n’avait pas d’essence. A ce niveau, c’est de la stupidité », a ajouté LeBaron.

Un autre membre de la famille, Adrian a raconté à la presse avoir interpellé le gouverneur de Sonora, Claudia Pavlovich, sur la lenteur de la réaction des forces de sécurité, qui ont mis plus de sept heures à arriver sur les lieux par la route, selon lui.

« Le gouverneur est arrivé aux funérailles en hélicoptère, mais cet hélicoptère n’était pas disponible le jour du massacre faute de carburant », s’est-il insurgé.

Selon les autorités mexicaines, les victimes auraient été confondues avec un groupe rival du cartel La Línea. Mais les proches insistent plus que jamais sur le fait qu’il s’agit d’une attaque délibérée.

Adrian LeBaron a ainsi rapporté le témoignages des enfants qui ont survécu à l’embuscade selon lesquels les assaillants ont ouvert le feu « sans pitié » sur l’une des femmes qui étaient descendues d’une voiture pour demander grâce.

– Promesse d' »enquête approfondie » –

En dépit des chiffres records de la violence dans son pays à un peu moins d’un an de son arrivée au pouvoir, le président mexicain Andrès Manuel Lopez Obrador (AMLO) a défendu vendredi matin le travail du gouvernement face aux narcotrafiquants, ainsi que celui des enquêteurs.

« Il n’y a pas de limite, pas d’obstacle, rien qui puisse empêcher une enquête approfondie en raison de quelconques intérêts », a déclaré le président mexicain lors de sa conférence de presse matinale quotidienne.

Il a répété que son gouvernement ne combattrait pas l’insécurité par la violence et qu’il ne modifierait pas son approche pour s’attaquer au fond du problème, c’est à dire la pauvreté et les inégalités sociales.

« Nous pensons que la violence ne se règle pas par la violence », a martelé le président.

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