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MH17/Ukraine : les Pays-Bas regrettent le départ pour la Russie d’un ex-chef séparatiste

Les Pays-Bas ont dit samedi avoir insisté en vain auprès de l'Ukraine pour qu'un ancien responsable des séparatistes prorusses, dont…

Les Pays-Bas ont dit samedi avoir insisté en vain auprès de l’Ukraine pour qu’un ancien responsable des séparatistes prorusses, dont le nom a été cité dans l’enquête sur l’explosion au-dessus du territoire ukrainien en 2014 de l’avion du vol MH17 de la Malaysia Airlines, ne fasse pas partie de l’échange de prisonniers avec la Russie.

Le gouvernement néerlandais a consulté Kiev « à plusieurs reprises et au plus haut niveau » afin d’empêcher que Volodymyr Tsemakh ne soit concerné par l’échange, a écrit le ministre néerlandais des Affaires étrangères Stef Blok dans une lettre à la Chambre basse du parlement.

L’Ukraine et la Russie ont effectué samedi un échange historique de 70 prisonniers, parmi lesquels figure M. Tsemakh.

La justice néerlandaise avait précédemment déclaré vouloir interroger cet homme de 58 ans dans le cadre de l’enquête sur l’affaire du Boeing touché en plein vol par un missile au-dessus de la zone de conflit armé avec les rebelles dans l’est de l’Ukraine.

D’après M. Blok, le parquet néerlandais a bel et bien eu l’occasion de lui parler avant son départ pour la Russie. Les autorités ukrainiennes ont « différé l’échange pour permettre au parquet de l’entendre à nouveau ».

Les Pays-Bas regrettent toutefois « profondément que M. Tsemakh ait ainsi été intégré à cet échange de prisonniers sous la pression de la Fédération de Russie », a déclaré le ministre.

– Possible demande d’extradition –

Selon un haut responsable ukrainien, Moscou refusait tout échange avec l’Ukraine si Kiev ne lui livrait pas ce séparatiste arrêté en juin par les services secrets ukrainiens pour « terrorisme », avant d’être remis en liberté conditionnelle jeudi.

« L’absence de Tsemakh dans la liste de personnes échangées entraînait automatiquement l’arrêt des négociations avec la Russie », a déclaré le chef des services ukrainiens de sécurité Ivan Bakanov à l’agence de presse Interfax-Ukraine, peu après l’échange.

D’après lui, cette « exigence de Moscou » est « une nouvelle preuve de l’implication russe dans le crash du MH17 ». La Russie réfute farouchement tout implication dans cette catastrophe, qui a fait 298 morts, dont 196 Néerlandais.

Piet Ploeg, le président d’une association néerlandaise des victimes, a déclaré à l’AFP avoir reçu samedi une lettre du ministère public néerlandais l’informant que le parquet a réclamé à la Russie l’extradition de M. Tsemakh.

Contacté par l’AFP, le parquet s’est refusé de tout commentaire concernant une telle demande d’extradition.

« Je peux confirmer que nous avons envoyé une lettre aux proches des victimes du MH17. Nous pensons qu’il est important que les personnes directement impliquées reçoivent certaines informations », a déclaré Brechtje van de Moosdijk, la porte-parole pour le groupe d’enquête sur le MH17.

La Russie et l’Ukraine ont pour politique de ne pas transférer hors de leurs frontières leurs ressortissants poursuivis à l’étranger.

– « Très suspect » –

M. Ploeg, qui a perdu trois de ses proches dans la catastrophe, s’est dit « abasourdi » par la nouvelle du transfert de M. Tsemakh en Russie, qualifiant le geste de Moscou de « très suspect ».

« Nous avons l’impression que cette décision de la Russie n’a qu’un seul but : garder M. Tsemakh loin de l’enquête » internationale dirigée par les Pays-Bas, a-t-il confié à l’AFP.

Pour M. Ploeg, la Russie fait ainsi preuve d' »obstruction » au travail des enquêteurs. Il se montre toutefois compréhensif vis-à-vis du choix de l’Ukraine, qui faisait face selon lui à « un dilemme très compliqué ».

Mercredi, 40 députés européens avaient appelé dans une lettre le président ukrainien Volodymyr Zelensky à ne pas livrer M. Tsemakh à la Russie, le qualifiant de « suspect-clé » dans l’affaire du MH17.

Les enquêteurs internationaux ont établi que le Boeing avait été abattu par un missile provenant d’une brigade russe basée dans le sud-ouest de la Russie et transféré dans la zone contrôlée par les séparatistes.

« Le gouvernement rappelle une fois de plus que la Russie est tenue de collaborer » à l’enquête sur l’affaire de l’explosion en vol de cet avion, a prévenu le ministre Stef Blok.

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