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Migrants: la Cour suprême au Guatemala bloque temporairement un accord avec Washington

La Cour constitutionnelle guatémaltèque a temporairement bloqué dimanche soir la signature d'un éventuel accord migratoire avec Washington qui ferait du…

La Cour constitutionnelle guatémaltèque a temporairement bloqué dimanche soir la signature d’un éventuel accord migratoire avec Washington qui ferait du Guatemala un « pays tiers sûr » où les migrants désireux de se rendre aux Etats-Unis effectueraient les démarches de demande d’asile.

Le président guatémaltèque Jimmy Morales, en butte à une forte opposition intérieure au projet, avait auparavant annulé un rendez-vous prévu lundi à Washington avec son homologue américain Donald Trump, en raison de « spéculations » sur la possible signature d’un accord migratoire.

La Cour constitutionnelle, saisie de trois recours, a émis tard dans la soirée une injonction provisoire empêchant que le Guatemala se constitue en « pays tiers sûr ». Tout accord en ce sens devrait d’abord être approuvé par le Parlement, selon la Cour, plus haute juridiction du pays.

Le gouvernement avait annoncé jeudi la visite du président à Washington pour traiter de « sujets de migration et de sécurité », observant le mutisme le plus total sur l’agenda exact du rendez-vous avec Donald Trump.

Ce silence a laissé libre cours aux « spéculations » sur la conclusion d’un accord migratoire, d’autant que des responsables gouvernementaux ont reconnu l’existence de négociations à ce sujet.

Dimanche, le gouvernement a précisé que le rendez-vous était reporté sine die. Son communiqué assure que les discussions se poursuivront avec Washington, y compris sur les migrants.

Le report du rendez-vous confirme que la signature de l’accord, « une action illégale et perverse », était prévue, a tweeté le défenseur des droits Jordan Rodas, auteur de l’un des recours.

Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères Edgar Gutierrez, un tel accord ferait du Guatemala « le plus grand camp de concentration de l’histoire ».

« Actuellement, 360.000 migrants passent chaque année par ici, sans opérations anti-clandestins » aux Etats-Unis mais, si elles étaient lancées, « en 10 ans, nous aurions 7 millions de migrants ici », a-t-il déclaré au quotidien El Periodico.

La polémique intervient moins d’un mois avant le second tour le 11 août de l’élection présidentielle pour décider qui, de la sociale-démocrate Sandra Torres ou du candidat de droite Alejandro Giammattei, succédera en janvier à M. Morales. Les deux finalistes rejettent l’éventuel accord, estimant qu’il provoquerait une crise humanitaire dans le pays.

Pour les opposants à l’accord envisagé, le Guatemala ne peut jouer le rôle de réceptacle des migrations à destination des Etats-Unis, étant lui-même une des principales source de candidats au « rêve américain ».

Amnesty International (AI) et d’autres organisations de défense des droits de l’homme, soulignent que le Guatemala ne réunit pas les conditions pour être un « pays sûr ». « La législation au Guatemala (…) ne permet pas de distinguer ceux qui recherchent une protection contre la violence ou de graves menaces pour leur sécurité et les autres », relève Juliana Cano Nieto, directrice adjointe d’AI pour les Amériques.

Washington a supprimé en mars ses aides au « Triangle du Nord » centroaméricain (Salvador, Guatemala et Honduras), à la demande de M. Trump qui les accuse de ne « rien » faire pour empêcher les migrants d’aller aux Etats-Unis.

La misère dont souffrent 59% des 17,7 millions d’habitants du Guatemala et la violence des gangs criminels poussent chaque année des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants à chercher une vie meilleure aux Etats-Unis.

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