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Migrants: l’avenir de Merkel en Allemagne en suspens

L'aile la plus à droite de la coalition gouvernementale allemande d'Angela Merkel a jugé dimanche insuffisantes les avancées au niveau…

L’aile la plus à droite de la coalition gouvernementale allemande d’Angela Merkel a jugé dimanche insuffisantes les avancées au niveau européen pour réduire l’immigration, faisant augmenter le risque d’une crise politique majeure dans la première économie européenne.

Après plus de deux semaines de tensions entre la chancelière centriste et le parti conservateur bavarois CSU sur le sujet, le conflit doit en principe être tranché en début de soirée: soit un compromis est trouvé, soit la fragile coalition mise sur pied en mars pourrait éclater.

Angela Merkel pensait pouvoir amadouer ce parti rebelle grâce aux mesures prises lors du sommet européen de jeudi et vendredi pour réduire les flux migratoires vers l’Europe et au sein de l’UE.

Mais son ministre allemand de l’Intérieur Horst Seehofer, qui est aussi président de la CSU, a rejeté dimanche lors d’une réunion à huis clos du mouvement comme insuffisantes les mesures de l’UE.

– Ultimatum –

A cette occasion, il a aussi qualifié un entretien de conciliation qu’il a eu samedi soir avec Angela Merkel sur les migrants de « sans effet », ont indiqué à l’AFP des sources proches de la CSU.

M. Seehofer prévoit de faire une déclaration publique en début de soirée.

Lui et son parti avaient posé un ultimatum à la chancelière centriste qui préside le parti de centre-droit CDU.

M. Seehofer menace dans les tous prochains jour d’ordonner, contre l’avis d’Angela Merkel, le refoulement aux frontières des migrants déjà enregistrés au préalable dans d’autres pays de l’UE, si des mesures équivalentes au plan européen ne sont pas prises.

Angela Merkel a jugé elle dimanche que les mesures européennes, avec notamment une plus grande surveillance des frontières extérieures de l’UE mais aussi une meilleure coopération entre Etats pour empêcher les demandeurs d’asile de se déplacer d’un pays à un autre, étaient « équivalentes » aux exigences de son ministre.

Ce n’est pas l’avis de l’intéressé. Lors de la réunion de la CSU, M. Seehofer a aussi rejeté une proposition de compromis au niveau national avancée samedi par la chancelière.

Plutôt que de refouler à la frontière les migrants déjà enregistrés ailleurs, elle a proposé de les installer dans des sortes de centres de rétention, appelés « centres d’ancrage », jusqu’à ce que leurs dossiers aient été examinés.

Reste à présent à savoir ce que vont faire concrètement le ministre de l’Intérieur et son parti.

– Rupture de la coalition? –

Si la CSU soutient le ministre et M. Seehofer décide de passer outre la chancelière en imposant de son propre chef la semaine prochaine les refoulements de migrants aux frontières, Angela Merkel n’aurait d’autre choix de le limoger.

Ceci provoquerait sans doute l’éclatement de la coalition gouvernementale et des élections anticipées.

Il est toutefois encore possible qu’un accord soit trouvé in extremis pour sortir de l’impasse, alors que selon tous les sondages c’est l’extrême droite qui profiterait le plus en cas de nouvelles élections.

Dans une interview dimanche à la chaîne de télévision publique ZDF, Angela Merkel a affirmé vouloir trouver un compromis.

« Je vais tout mettre en oeuvre » pour contenter à la fois la CDU et la CSU sur le sujet et « faire en sorte ensuite que nous puissions assumer nos responsabilités pour le pays », a dit la chancelière.

Elle a reconnu que la « situation est sérieuse ». « La politique peut parfois être rude, c’est vrai », a-t-elle lancé, alors qu’elle est régulièrement attaquée en Allemagne pour avoir, en 2015, ouvert les portes du pays à des centaines de milliers de demandeurs d’asile.

Afin de calmer son allié bavarois, la chancelière a annoncé dans la foulée du sommet de l’UE avoir obtenu de la Grèce et l’Espagne qu’elles reprennent les migrants arrivant en Allemagne mais enregistrés au préalable dans ces deux pays.

Angela Merkel a ajouté avoir conclu des accords de principe similaires avec 14 autres pays de l’UE.

Problème: les assurances de la chancelière ont été immédiatement remises en cause par quatre des pays figurant sur sa liste, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne.

Ces trois Etats farouchement opposés à la politique d’accueil des migrants longtemps généreuse d’Angela Merkel, ont démenti tout accord.

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