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Migrants: solution « européenne » en vue pour le Lifeline

Les 234 migrants à bord du navire humanitaire Lifeline pourraient peut-être enfin toucher terre, grâce à une "solution européenne", une…

Les 234 migrants à bord du navire humanitaire Lifeline pourraient peut-être enfin toucher terre, grâce à une « solution européenne », une semaine après avoir été secourus au large de la Libye, après le débarquement dans la nuit de lundi à mardi de 108 autres en Sicile.

« À l’heure où je vous parle, une solution européenne semble se dessiner: (ce) serait un débarquement un Malte », a affirmé mardi le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux sur la radio RTL.

Un porte-parole du gouvernement maltais, interrogé par l’AFP, a toutefois précisé qu’aucune décision n’avait encore été prise, mais il a reconnu des « discussions en cours » qui ont débuté ce weekend.

« Il y a des discussions en cours entre Etats membres sur le partage des migrants », a ajouté ce porte-parole.

Le président nationaliste de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, s’est dit lundi « disposé à porter secours » aux migrants recueillis sur le Lifeline. Il a toutefois ajouté sur la radio France Inter que « juridiquement, il faut évidemment l’accord de l’Etat (français) pour que les choses se fassent ».

Le Lifeline, un navire humanitaire affrété par l’ONG allemande du même nom pour venir en aide aux migrants au large de la Libye, avait jusqu’à présent été interdit d’entrée dans les ports maltais au motif qu’il était de la responsabilité des autorités italiennes ou libyennes.

L’Italie a de son côté très vite confirmé la ligne de fermeté qu’elle affiche depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement populiste le 1er juin, formé de la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème). Les ONG « complices, consciemment ou inconsciemment des trafiquants » sont interdites d’entrée dans les ports italiens, a encore confirmé lundi M. Salvini, également ministre de l’Intérieur.

– Chaleur et manque d’hygiène –

En attendant, les migrants du Lifeline continuaient mardi à supporter la chaleur et des conditions sanitaires qui n’ont cessé de se dégrader depuis une semaine qu’ils sont à bord de ce navire d’une trentaine de mètres de long, en attente à environ 30 milles nautiques au large de Malte.

« Les conditions hygiéniques à bord sont au-delà de toute limite avec des dizaines de personnes touchées par le mal de mer », écrit mardi le quotidien La Repubblica.

« A bord il n’y a pas de toilette chimique, trois petits WC en mauvais état que tout le monde utilise. Le commandant du navire a ouvert ses toilettes mais seulement pour les 44 femmes et les enfants et il faut faire une longue queue », poursuit le quotidien.

En revanche, quelque 108 migrants ont pu enfin toucher terre dans la nuit de lundi à mardi à Pozzallo, en Sicile, après plus de trois jours passés à attendre sur le pont d’un porte-conteneurs danois, l’Alexander Maersk, venu les secourir vendredi au large de la Libye.

Un représentant de la compagnie, Palle Laursen, a salué le « travail héroïque de l’équipage », ajoutant que Maersk se sentait « très fière » de son action.

Deux autres navires humanitaires, l’Aquarius des ONG françaises SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) et l’Open Arms de l’ONG espagnole Pro Activa, se trouvaient lundi au large de la Libye mais sans possibilité d’intervenir, faute de demande en ce sens de la part des garde-côtes libyens.

Car ce sont eux désormais qui ont la haute main sur les opérations de secours au large de la Libye, les autorités maritimes italiennes, qui assuraient jusqu’à ce week-end la coordination principale de ces sauvetages, leur ayant cédé cette responsabilité.

M. Salvini, qui s’est rapidement imposé comme l’homme fort du nouveau gouvernement italien, a effectué lundi une visite éclair à Tripoli où il a rencontré le vice-Premier ministre libyen du Gouvernement d’union nationale (GNA) Ahmed Meitig, et remercié les garde-côtes libyens.

Au cours d’une conférence de presse commune, M. Salvini, a indiqué que l’Italie allait proposer l’installation de « centres d’accueil et d’identification » au sud de la Libye lors du sommet de l’Union européenne jeudi à Bruxelles.

La question migratoire devrait par ailleurs figurer au menu des discussions mardi au Vatican entre le pape François – qui multiplie les appels à la « solidarité » – et le président français Emmanuel Macron – à couteaux tirés sur ce dossier avec le nouveau gouvernement italien.

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