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Mounir Mahjoubi, le « geek » qui rêve de politique

"Geek" autodidacte, syndicaliste puis créateur d'entreprise, l'ex-secrétaire d'Etat au numérique Mounir Mahjoubi qui vise désormais la mairie de Paris aime…

« Geek » autodidacte, syndicaliste puis créateur d’entreprise, l’ex-secrétaire d’Etat au numérique Mounir Mahjoubi qui vise désormais la mairie de Paris aime certainement l’informatique et internet, mais il aime sûrement plus encore la politique.

Toujours à l’aise en public, adepte du discours sans note et du contact direct, Mounir Mahjoubi, 34 ans, a incarné, sans grands moyens et dans l’ombre d’un président fasciné par les startup, l’image d’un gouvernement comprenant le numérique et soucieux de ses enjeux, y compris sociaux.

Très présent dans les médias, jamais avare d’un déplacement ou d’une inauguration, ce secrétaire d’Etat qui n’a quasiment aucun fonctionnaire sous ses ordres a exercé un pouvoir fait avant tout de parole et d’influence.

Ses discours vantent les mérites de la numérisation de l’économie en général et des services de l’Etat en particulier.

« Il connait l’écosystème, il sait ce qu’est une startup et un investisseur », explique le représentant de l’un des lobbies du numérique en France.

Mais le fils d’immigré marocain, élu député du XIXème arrondissement de Paris en 2017, aime aussi à teinter de social ses interventions.

Il défend la « taxe Gafa » sur les géants du numérique, pourtant vue avec méfiance par une partie du secteur en France.

Il incite le public à mieux contrôler l’usage de leurs données personnelles, et manque rarement une occasion de rappeler les efforts à consentir pour ne pas laisser une partie de la population décrocher encore plus, faute de savoir utiliser les nouveaux services numériques.

La crise des « gilets jaunes » lui a donné l’occasion d’incarner une aile plus sociale ou populaire au sein du gouvernement.

Il va débattre avec les contestataires sur les plateaux de télévision ou via les réseaux sociaux, et tient la promesse faite en direct d’aller passer une journée à Fréjus (Var) avec l’une d’entre eux, « gilet jaune » de la première heure.

Il rappelle souvent qu’il est issu d’un milieu très modeste et qu’il a lui-même connu la pauvreté.

Certains dans les entreprises du numérique s’agacent de voir « leur » secrétaire d’Etat s’aventurer hors des dossiers techniques, que d’ailleurs, accusent-ils, il ne connaît pas assez bien.

– Technicien réseau –

Ses ambitions politiques sur Paris, officiellement dévoilées à l’été 2018, irritent, y compris au sein de son cabinet qui connaît au fil des mois un taux de renouvellement assez élevé.

Mais d’autres voix de l’écosystème prennent sa défense, comme ce représentant d’un des grands lobbies professionnels qui salue son travail de représentation du numérique français, faisant remarquer qu’il est l’un des rares, parmi ses homologues européens, à être un peu connu et invité à Bruxelles et en dehors et chez des voisins européens.

Mounir Mahjoubi est né à Paris, et a été élevé dans le quartier populaire de la Porte de Bagnolet par une mère femme de ménage et un père peintre en bâtiment.

Féru d’informatique depuis l’enfance, Mounir Mahjoubi était entré à 16 ans chez le fournisseur d’accès historique Club-Internet comme technicien réseau.

Deux ans plus tard, tout juste majeur, il y était élu délégué du personnel, puis délégué syndical, siégeant au comité d’entreprise européen de la maison mère, Deutsche Telekom.

Il avait obtenu en parallèle une maîtrise de droit des affaires à la Sorbonne, puis un master « finances et stratégie » à Sciences Po, remportant au passage les concours d’éloquence des deux établissements.

Une formation complétée à l’université Columbia de New York, puis outre-Manche à l’école de commerce de Cambridge.

Cerise sur le gâteau: un CAP Cuisine décroché en 2015.

Le goût des fourneaux lui est venu après le succès de sa société Equanum, plus connue sous le nom de La Ruche Qui Dit Oui, fondée fin 2010 avec deux associés.

En 2012, il avait intégré l’agence de marketing numérique BETC Digital, filiale du groupe Havas, dont il devient directeur adjoint en 2014, jusqu’à sa nomination début 2016 à la présidence du Conseil national du numérique (CNNum).

Une fonction bénévole, créée par François Hollande, dont M. Mahjoubi fut un soutien actif lors de la campagne présidentielle de 2012.

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