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Mousson meurtrière au Cachemire pakistanais: « j’ai perdu ma vie entière en une minute »

Des grappes de maisons au bord du torrent, il ne reste que des rochers: les pluies torrentielles de la mousson,…

Des grappes de maisons au bord du torrent, il ne reste que des rochers: les pluies torrentielles de la mousson, qui ont tué plus de 270 personnes ces derniers jours en Asie du Sud, ont ravagé la vallée de Laswa au Cachemire pakistanais.

Les jolies maisons aux toits pointus ont été balayées. Des champs de maïs alentour, d’un vert presque fluorescent, ont été arrachés. Tous les décombres ont disparu sous une mer de cailloux.

Dans la nuit de dimanche à lundi, le Laswa, normalement un petit cours d’eau tranquille, s’est transformé en une vague déchaînée, emportant tout sur son passage.

Vingt-trois personnes ont perdu la vie, englouties par les flots. Leurs corps n’ont pas été retrouvés. Sept autres ont été blessées.

Le bilan matériel en dit long sur la violence de l’épisode. Quelque 150 maisons et commerces ont été anéantis et une cinquantaine de bâtiments ont été endommagées par l’inondation dans les sept hameaux de la vallée.

« Je tenais la main de ma mère pour la sauver, mais malheureusement elle m’a échappée et ma mère s’est enfoncée dans l’eau », raconte Amin Butt, 32 ans, les yeux rougis.

« J’ai perdu ma vie entière en une minute. Ma mère a disparu. Ma maison a été détruite », poursuit cet homme basé en Arabie saoudite, qui était revenu au Cachemire pakistanais pour des vacances.

« Il ne nous reste plus rien ici que des pierres ».

– Route écroulée –

Située à quelques kilomètres de la Ligne de contrôle, l’une des zones les plus militarisées au monde, qui fait office de frontière de facto entre l’Inde et le Pakistan au Cachemire, Laswa a fréquemment subi des tirs d’obus dans le passé.

Les deux pays se disputent depuis leur indépendance en 1947 ce territoire himalayen actuellement divisé en deux, dont ils revendiquent tous les deux l’intégralité.

Mais depuis quelques années, la verdoyante vallée de Laswa avait été épargnée par les affrontements, renouant avec une paix précaire. Dimanche, la violence des éléments a rappelé à certains habitants les horreurs de la guerre.

Shahnawaz Butt a perdu sa femme et trois de ses six enfants dans le désastre. « Je n’ai même pas pu revoir leurs visages », s’écrie-t-il.

L’homme, au « désespoir », en appelle à « ceux qui entendront (sa) voix » à subvenir aux besoins basiques des habitants de Laswa, à commencer par « l’électricité et l’eau » et des abris plus solides.

Plusieurs habitants, interrogés par l’AFP, ont pour leur part critiqué la lenteur des secours, qui ne sont arrivés que progressivement sur la petite route asphaltée qui traversait la vallée et dont une partie s’est écroulée.

Dans l’un des villages, une quinzaine de tentes blanches, fournies par l’armée pakistanaise et des ONG, ont été installées pour les sinistrés.

Shahnawaz Butt en a monté deux à l’endroit même où se dressait sa maison il y a une semaine encore. L’une d’entre elles est occupée par des femmes de sa famille. Elles y reçoivent les condoléances des voisins.

Plus de 270 personnes sont mortes ces derniers jours du fait de pluies torrentielles en Asie du Sud, qui ont affecté des millions d’habitants, principalement en Inde et au Népal.

Faisant rage de juin à septembre, la mousson est essentielle à l’irrigation des cultures et au remplissage des réserves d’eau de ce sous-continent où réside un cinquième de la population mondiale. Mais chaque année, les violentes précipitations sont aussi accompagnées de leur cortège de victimes et de destructions.

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