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Musée juif: la défense de Nemmouche abat sa dernière carte

Mehdi Nemmouche n'est pas le tueur du musée juif de Bruxelles, mais s'est retrouvé mêlé à un complot visant des…

Mehdi Nemmouche n’est pas le tueur du musée juif de Bruxelles, mais s’est retrouvé mêlé à un complot visant des agents du Mossad: la défense du jihadiste français détaille jeudi sa version des faits, jugée « profondément stupide » par l’accusation.

Depuis bientôt sept semaines de , la stratégie pour le moins inattendue des trois avocats de celui que tout semble pourtant incriminer –éléments matériels, témoignages, silence depuis son arrestation– a colonisé les débats.

Pas une journée, ou presque, sans une question, une remarque du parquet ou des parties civiles pour « démonter » cette défense, tour à tour qualifiée de « complotiste », « stupide », « choquante », « scandaleuse », « hallucinante » ou encore « déloyale ».

Celle-ci reste cependant encore assez vague et la plaidoirie jeudi des avocats Sébastien Courtoy, Henri Laquay et Virginie Taelman doit permettre de comprendre les circonstances, pour l’instant mystérieuses, dans lesquelles Mehdi Nemmouche a, comme ils le prétendent, été « piégé » pour se retrouver aujourd’hui dans le box des accusés.

Interrogé à maintes reprises par la cour d’assises, l’intéressé, un délinquant multirécidiviste de 33 ans radicalisé en prison et passé par la Syrie, s’est lui limité à promettre des explications « en temps voulu ».

En début de procès, le jury, les parties civiles et l’accusation ont dû se contenter d’une brève présentation de ses avocats.

Selon eux, l’attaque au revolver et à la kalachnikov le 24 mai 2014 au musée juif n’était pas un attentat du groupe jihadiste Etat islamique (EI), mais « une exécution ciblée d’agents du Mossad » (les services secrets israéliens), visant un couple d’Israéliens, les époux Riva, les deux premières des quatre victimes abattues ce jour-là.

Pour innocenter leur client, ils avancent notamment que son ADN n’a pas été retrouvé sur la poignée de la porte d’entrée du musée, pourtant manipulée par le tueur, selon les images de vidéosurveillance diffusées à l’audience. « L’ADN, c’est la reine des preuves », insistent-ils crânement.

Tant pis si un expert est depuis venu rappeler à l’audience qu’il était « tout à fait possible de toucher un objet sans laisser d’empreintes » ADN.

– Bidouillage –

Ils prétendent aussi que cette même vidéosurveillance a été « truquée » par les enquêteurs pour confondre leur client.

« Les lunettes de soleil ont été effacées (…) et à la place on y a ajouté des yeux, un regard, la forme d’un nez », affirment-ils.

Sur ces images en noir et blanc de qualité médiocre, on aperçoit le tueur, casquette sur la tête, pénétrer dans l’entrée, des taches sombres au niveau des yeux, ce qui peut laisser penser qu’il porte des lunettes.

Il sort alors furtivement du champ de la caméra. Quand il réapparaît, l’ombre sur son visage s’est légèrement dissipée, ce qui peut aussi laisser supposer qu’il ne portait pas de lunettes.

« On bidouille les images », a cependant insisté Me Courtoy, l’avocat vedette de Nemmouche, qui affirme s’attaquer à « un système: celui des policiers et du parquet fédéral ».

Conseil de plusieurs jihadistes, mais aussi de complotistes ou d’un négationniste, Me Courtoy est une figure controversée des prétoires belges, immortalisé aux côtés du polémiste Dieudonné, qu’il a défendu en Belgique, en train de mimer le geste polémique de la « quenelle ».

« Du côté de la défense de Mehdi Nemmouche, je n’attends rien », a déjà prévenu Me Adrien Masset, l’avocat du musée juif. « Je ne m’intéresse absolument pas à sa défense », a renchéri Me Michèle Hirsch, qui représente une autre partie civile. « En réalité, Mehdi Nemmouche s’est tu pendant toutes ces années et sa défense contribue à ce qu’il se taise encore aujourd’hui. »

Le parquet a requis mardi « un verdict de culpabilité » contre le Français pour ces quatre « assassinats terroristes », ainsi que contre son co-accusé, Nacer Bendrer, un délinquant marseillais de 30 ans, considéré comme « complice » pour lui avoir fourni les armes.

Le verdict est attendu le 7 mars.

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