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Nadia Murad veut une « équipe spécialisée » pour examiner le sort des Yazidies enlevées

La Nobel de la paix Nadia Murad, ex-esclave des jihadistes devenue porte-drapeau de la minorité yazidie dont elle est issue,…

La Nobel de la paix Nadia Murad, ex-esclave des jihadistes devenue porte-drapeau de la minorité yazidie dont elle est issue, a plaidé mercredi à Bagdad pour la création d’une « équipe spécialisée » chargée d’examiner le sort des Yazidies enlevées par le groupe Etat islamique.

« Je suis très heureuse, car j’avais quitté l’Irak il y a trois ans dans un état d’extrême fatigue physique et mentale, et aujourd’hui je reviens avec le prix Nobel de la paix en espérant qu’il apporte la paix en Irak », a dit cette Irakienne de 25 ans lors d’un entretien avec le président Barham Saleh.

Elle a appelé le gouvernement irakien à « constituer une équipe spécialisée pour se pencher, en coopération avec la coalition internationale antijihadistes, sur le sort des Yazidies enlevées par l’EI (et qui se trouveraient) en Syrie. »

Nadia Murad, qui a officiellement reçu le Nobel de la paix lundi, a affirmé qu’elle venait également discuter avec les responsables irakiens du « sort inconnu » de la ville de Sinjar « et de la population yazidie ».

Elle a souligné que plus de 80% des Yazidis vivaient toujours dans des camps et manquaient des biens les plus basiques pour subsister.

Enlevée par l’EI, Nadia Murad, comme des milliers d’autres filles et femmes de sa communauté, a subi torture, viols collectifs, vente puis multiples reventes sur les marchés aux esclaves des jihadistes en 2014.

Cette année-là, l’EI avait réussi à s’emparer de vastes secteurs du pays à la faveur d’une fulgurante offensive. En août, c’est le village de Nadia Murad près du bastion yazidi de Sinjar (nord), qui avait été pris d’assaut.

– « Riche patrimoine culturel » –

Comme d’autres femmes, Nadia Murad a été conduite de force à Mossoul (nord), alors « capitale » de l’EI en Irak.

« Incapable d’endurer tant de viols et de violence », selon ses propres mots, elle prend la fuite grâce à l’aide d’une famille musulmane de Mossoul. Avec de faux papiers d’identité, elle rejoint un camp de déplacés au Kurdistan, à quelques dizaines de km à l’est de Mossoul.

Là, après avoir appris la mort de six de ses frères et de sa mère, elle prend contact avec une organisation d’assistance aux Yazidis qui l’aide à retrouver sa soeur en Allemagne.

Nadia Murad affirme que plus de 3.000 Yazidies sont toujours portées disparues, probablement encore captives.

Première personnalité irakienne à recevoir la prestigieuse récompense, elle poursuit aujourd’hui le « combat » pour que les persécutions commises en 2014 par l’EI soient reconnues comme un génocide.

« J’apporte mon Nobel (…) à Bagdad pour appeler tous les Irakiens à la paix, à la paix entre tous les Irakiens, avec les Yazidis et les autres minorités irakiennes qui illustrent la richesse du patrimoine culturel de l’Irak », a dit Nadia Murad.

Le président irakien a pour sa part souligné que « la reconstruction de Sinjar, rendre justice aux victimes et examiner le sort des kidnappées » étaient « des priorités ».

Il a aussi affirmé que « le moment était venu pour le Parlement irakien d’adopter une loi considérant le crime de Sinjar comme un génocide à l’encontre des Yazidis ».

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