InternationalAFP




Né sur la route, dans un gîte: la vie à Die sans la maternité

Depuis la fermeture de la maternité à Die (Drôme) il y a plus d'un an, tous préparent des "ambulances maison"…

Depuis la fermeture de la maternité à Die (Drôme) il y a plus d’un an, tous préparent des « ambulances maison » au cas où le bébé arriverait sur la route, car Valence ou Montélimar sont au minimum à 1H15 de départementale.

– Estelle: « ma fille est née dans un gîte »

« Pour mon 4e enfant, j’ai été suivie jusqu’au 3e mois au centre périnatal de Die où ils m’ont orientée vers un pédopsychiatre à Montélimar car j’ai perdu ma 3e fille à 10 mois.

On a loué un gîte à une demi-heure de la maternité trois semaines avant terme. Mais elle est née en 45 minutes. J’ai tout de suite eu des contractions très très fortes. Les contractions dans la voiture, j’ai connu et c’est juste horrible. Donc j’ai dit +on reste là+. On a appelé la sage-femme qui est arrivée rapidement et ma fille est née dans le gîte.

Ca m’a pris un temps fou pour trouver ce gîte, tout organiser, déménager avec mes deux autres enfants. Et pour le faire, on a mis de côté. S’il y avait toujours la maternité, ce serait plus serein ».

– Marco: « j’étais pas avec elle »

« J’avais préparé une ambulance faite maison avec matelas, gants chirurgicaux, draps dans ma camionnette. Ici tout le monde fait ça. Je voulais absolument que ma femme accouche dans une structure médicale, avec bloc de chirurgie au cas où.

On a commencé à rouler, les contractions se sont rapprochées, toutes les 50 secondes. J’appelle le 15. Ils me disent de les attendre. Mais ils en avaient pour au moins 1H15 à arriver. Je leur propose de venir à ma rencontre. Ils refusent. J’ai conduit comme un fou, avec des pointes à 150 km/h et j’étais pas avec elle. Un ami infirmier nous suivait en voiture. Je n’ai même pas mis une main sur le dos de ma femme, je n’ai lâché aucun espace pour mes propres émotions.

Quand on est arrivé à Montélimar, ma femme était à poil, à quatre pattes derrière, c’était une scène horrible, il y avait du sang, des selles. Devant l’hôpital, l’infirmier était les mains dans les poches et nous a dit: +ben vous avez pas voulu du 15+.

On est arrivé en salle d’accouchement à 2H39. Le bébé est sorti à 2H42. »

– Elodie: « j’ai accouché sur le bord de la route »

« Ma 2e fille est née le 13 février. Pour les échographies, j’étais suivie par une sage-femme de Crest et je devais accoucher à Montélimar. Mais j’ai accouché en pleine nuit sur le bord de la route.

Elle est sortie en 30 minutes. J’étais à genoux sur la banquette arrière. Le papa avait dû sentir le coup venir parce qu’il avait préparé des alaises, serviettes et de l’eau. Il fallait tout protéger car c’était la voiture d’un pote. La nôtre est défaillante.

J’ai eu de la chance car le placenta est sorti tout seul au moment où on m’a transférée sur un brancard.

On l’a bien vécu et ça s’est passé naturellement, on ne nous a rien imposé. Mais après l’euphorie, le papa était fortement en colère. Il était tout seul en pleine nuit en train de cogiter : +est-ce que son placenta va se libérer ?+. Que se serait-il passé si j’avais fait une hémorragie ? »

– Alice: « on nous a enlevé beaucoup de choses »

« Pour l’accouchement, ma peur était: +est-ce que je vais arriver à temps ?+. Car ma première est arrivée très vite.

Comme je pouvais accoucher très vite, on m’a suggéré la possibilité de finir ma grossesse à Valence (deux semaines avant terme). Malgré la tristesse d’être séparée de ma fille et de mon mari pour ce moment important dans la vie d’une famille, j’ai, par sécurité, accepté. Un logement hôtelier, vraisemblablement à proximité de la maternité, devait m’être proposé. Mais trois jours avant mon arrivée, on me dit que ce n’est plus possible et que le seul moyen de me loger est d’être hospitalisée au sein de leur service pathologique. Je ne voulais pas vivre cela, j’ai dû trouver sans leur aide un logement sur Valence.

Même si mon compagnon a pu arriver à temps le jour J et que l’accouchement s’est bien passé, on nous a enlevé beaucoup de choses ».

Suivez l'information en direct sur notre chaîne