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Nicaragua: deux jeunes tués dans une attaque des forces pro-Ortega contre une église

Deux jeunes ont été tués au Nicaragua durant une attaque menée par les forces progouvernementales contre une église de Managua,…

Deux jeunes ont été tués au Nicaragua durant une attaque menée par les forces progouvernementales contre une église de Managua, d’où des prêtres catholiques tentaient samedi de faire sortir des dizaines d’étudiants qui y sont retranchés depuis la veille au soir.

Au total, plus de 270 personnes ont été tuées et quelque 2.000 blessées dans les violences qui secouent le Nicaragua depuis trois mois, selon la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH).

« On nous a dit qu’il y avait deux morts et plusieurs blessés », a déclaré le cardinal nicaraguayen Leopoldo Brenes en arrivant aux abords de l’église de la Divine Miséricorde, assiégée depuis vendredi 23H00 GMT par les forces progouvernementales.

Les deux jeunes ont été tués par une balle dans la tête, l’un à l’intérieur de la paroisse et l’autre sur une barricade, selon des témoins.

« Les prêtres (de la paroisse) de la Divine Miséricorde annoncent que les attaques des policiers et des paramilitaires se poursuivent avec force », avait auparavant annoncé la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN).

Une mission de l’Eglise catholique, médiatrice dans la crise entre le gouvernement et l’opposition, est arrivée samedi à l’église pour tenter d’en faire sortir les étudiants.

Le cardinal Leopoldo Brenes, président de la CEN qui fait partie de cette mission, a désigné le gouvernement comme « l’unique responsable » de ces évènements en l’appelant à « arrêter le massacre ».

– « Nous ne voulons pas mourir » –

Les forces pro-gouvernementales assiègent depuis vendredi soir cette église située dans le sud-ouest de la capitale, près de l’Université nationale autonome (UNAN) où se sont réfugiés quelque 200 étudiants participant aux manifestations contre le président Daniel Ortega. Ils s’y sont réfugiés pour fuir une attaque contre l’UNAN où ils étaient auparavant retranchés.

« Nous ne voulons pas mourir », « aidez-nous », criaient des jeunes gens désespérés au milieu des bruits de tirs, selon une retransmission en direct fournie par trois journalistes locaux bloqués dans l’église.

« Ils veulent nous assassiner tous », a déclaré un étudiant à la chaîne 100% Noticias depuis l’intérieur de l’église.

Durant la nuit, un curé était sorti de l’église, portant le drapeau du Vatican, pour évacuer des blessés graves ainsi qu’un journaliste américain du Washington Post, Joshua Partlow, après une négociation avec l’Eglise catholique.

Les étudiants sont le fer de lance d’une contestation massive depuis le 18 avril contre le président Ortega, 72 ans, à la tête de ce pays, le plus pauvre de l’Amérique centrale, depuis 2007, après l’avoir déjà été de 1979 à 1990.

Il est accusé d’avoir durement réprimé les manifestations et mis en place avec son épouse une « dictature » marquée par la corruption et le népotisme. Ses adversaires demandent des élections anticipées ou son départ.

– « Armes de gros calibre » –

Vendredi à Masaya, la ville la plus rebelle du pays située à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale, des partisans pro-Ortega ont « tiré avec des armes de gros calibre » dans le quartier de Monimbo, dans le sud de la ville, tuant « un policier et un manifestant », selon Alvaro Leiva, un responsable de l’Association nicaraguayenne des droits de l’homme (ANPDH).

Le président Ortega avait mobilisé ses partisans pour marcher vendredi sur Masaya, en réponse à la grève générale. Des fidèles du président étaient partis de Managua à bord de centaines de véhicules et motos, agitant des drapeaux rouge et noir du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), le parti au pouvoir.

M. Ortega et son épouse Rosario Murillo, également sa vice-présidente, se trouvaient dans ce convoi qui commémorait un épisode-clef de la révolution sandiniste de 1979.

« Nous invitons tout le monde (…) à choisir le chemin de la paix », a lancé M. Ortega devant un commissariat de police à Masaya, protégé par nombre de policiers antiémeute lourdement armés.

La grève générale de vendredi était la deuxième depuis celle du 14 juin au cours de laquelle quatre personnes sont mortes.

Pour le gouvernement, les protestataires sont des « délinquants » issus de la « droite putschiste » soutenue par les Etats-Unis.

Très influente au Nicaragua, l’Église catholique demande des élections anticipées, refusées par le président Ortega.

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