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Nicaragua : libération de 50 prisonniers politiques amnistiés

Quelque 50 prisonniers politiques ont été libérés lundi au Nicaragua, a annoncé le gouvernement, en indiquant que ces libérations intervenaient…

Quelque 50 prisonniers politiques ont été libérés lundi au Nicaragua, a annoncé le gouvernement, en indiquant que ces libérations intervenaient en vertu d’une loi d’amnistie décriée par l’opposition, qui y voit une manière de couvrir les exactions des forces de répression.

« En application de la loi d’amnistie approuvée (samedi) par l’Assemblée nationale (…) ont été libérées 50 personnes (détenues) pour délits contre la sécurité et la tranquillité publiques, et la libération de prisonniers pour ces délits est en préparation », a annoncé le gouvernement du président Daniel Ortega dans un communiqué.

Parmi les prisonniers libérés figurent des personnalités de l’opposition, comme les journalistes Marlon Powell et Hansel Vazquez.

Les prisonniers libérés font partie de plusieurs centaines d’opposants arrêtés pour leur participation aux manifestations anti-gouvernementales du printemps et de l’été 2018. Les manifestants, qui avaient commencé le 18 avril à protester contre une réforme de la sécurité sociale ensuite abandonnée, avaient rapidement réclamé le départ de Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007, et des élections anticipées.

Les manifestations ont été durement réprimées et les violences ont fait au moins 325 morts et 2.000 blessés, pour leur écrasante majorité parmi les opposants, selon des organisations humanitaires. Selon les groupes d’opposition, entre 600 et 800 opposants ont été emprisonnés et plus de 62.000 Nicaraguayens se sont exilés.

Le Parlement du Nicaragua, dominé par les députés favorables au président Ortega, a adopté samedi une loi d’amnistie en faveur à la fois des prisonniers politiques et des forces de répression.

L’opposition a dénoncé une amnistie qui « a pour but de couvrir les crimes que (le gouvernement) a commis avec ses institutions, structures partisanes et paramilitaires ». Sont en effet amnistiés tous ceux qui ont été l’objet d’enquête ou qui peuvent l’être, y compris les membres des forces de police ou des groupes paramilitaires qui ont tiré sur les manifestants anti-gouvernementaux ou ont commis des actes de torture ou de barbarie.

Par ailleurs, la loi prévoit que les prisonniers politiques libérés doivent « s’abstenir » de participer à des manifestations d’opposition.

Avec les libérations de lundi, un total de 436 prisonniers politiques ont été libérés depuis le 27 février, lorsque des pourparlers ont été engagés entre le gouvernement et une délégation de l’opposition regroupant des représentants des milieux d’affaires et les organisations d’étudiants, de la paysannerie et de la société civile. Jusqu’à lundi, il ne s’agissait cependant que de mesures d’assignation à résidence.

Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a indiqué dans un communiqué « être prêt à faciliter la libération » des prisonniers politiques toujours détenus.

Pour le journaliste amnistié Hansel Vazquez, « il n’y a pas de justice à attendre de ce gouvernement ». C’est pourquoi, a-t-il dit à l’AFP, « nous continuons à soutenir de manière inconditionnelle le combat pour la justice et la vérité » mené par l’opposition.

Marlon Powell, l’autre journaliste libéré lundi, a indiqué à l’AFP que lors de sa levée d’écrou il avait protesté contre une loi d’amnistie « qui favorise des criminels, des pyromanes, des assassins d’enfants », ce qui lui a valu d’être menacé de voir sa libération annulée.

Liliam Ruiz, dirigeante du Comité des familles de prisonniers politiques, a dénoncé des libérations en vertu d’une loi d’amnistie, car « cela signifie une grâce alors qu’il n’y a rien à pardonner, car (les prisonniers) n’ont commis aucun délit ».

Les opposants accusent Daniel Ortega et son épouse et vice-présidente Rosario Murillo d’avoir institué une dictature corrompue, tandis que ceux-ci assurent avoir déjoué un coup d’état ourdi avec la complicité de l’Eglise catholique et de Washington.

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