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Nicaragua: trois mois de crise politique

Le Nicaragua, où des forces gouvernementales ont pris le contrôle mercredi du quartier rebelle de Masaya (sud-ouest), connaît depuis exactement…

Le Nicaragua, où des forces gouvernementales ont pris le contrôle mercredi du quartier rebelle de Masaya (sud-ouest), connaît depuis exactement trois mois un mouvement de contestation antigouvernementale durement réprimé, qui a fait plus de 280 morts.

Les manifestants ont d’abord dénoncé une réforme des retraites, depuis abandonnée, puis une confiscation du pouvoir par le président Daniel Ortega, dont ils réclament le départ. Cet ex-leader de la révolution sandiniste a été au pouvoir de 1979 à 1990 avant de revenir en 2007.

– Réforme des retraites contestée –

Le 18 avril, sur recommandation du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement présente un projet de réforme des retraites qui augmente les cotisations et abaisse les pensions de 5%, déclenchant dans plusieurs villes des manifestations initiées par des étudiants, qui sont durement réprimées.

Le 22, Daniel Ortega renonce à la réforme, alors que la vague de protestations a fait 25 morts en cinq jours, marquée par des affrontements et des pillages.

– Manifestations pour le départ d’Ortega –

Le retrait de la réforme ne calme pas la colère, et le 23 avril, des dizaines de milliers de personnes, salariés, étudiants, paysans et entrepreneurs, manifestent à Managua pour dénoncer la répression.

L’ONU demande au Nicaragua des « enquêtes rapides, indépendantes et transparentes » sur les victimes des manifestations, déplorant de possibles « exécutions illégales ».

– Dialogue tendu –

Le 12 mai, alors que la mobilisation s’intensifie, l’armée affirme « qu’elle ne réprimera » pas les manifestants.

Un dialogue tendu s’ouvre le 16 entre le président et l’opposition sous l’égide de l’Eglise catholique, mais il est suspendu après une semaine, faute d’accord sur la démocratisation du régime. Le 28 mai, ils se mettent d’accord pour reprendre les pourparlers.

Amnesty International dénonce un recours à des groupes paramilitaires pour réprimer les manifestants.

– Appel à des élections anticipées –

Le 30 mai, les milieux d’affaires prennent également leurs distances avec le président Ortega qui rétorque vouloir rester au pouvoir.

Après la mort de 16 manifestants, notamment à Managua et Masaya, les évêques suspendent de nouveau les négociations.

Le 4 juin, Rosario Murillo, Première dame et vice-présidente, lance un appel au dialogue, sans proposition concrète.

Le lendemain, l’Organisation des Etats américains (OEA) condamne la violence, sans tenir le régime pour responsable de la répression.

Le 7, la conférence épiscopale présente un plan de démocratisation avec une présidentielle anticipée et des réformes constitutionnelles, exigences-clés des manifestants.

– Grève générale –

Le 11 juin, les forces de sécurité tentent de démanteler les barricades qui se sont multipliées dans le pays. Regain de violences.

Le 14, le pays est paralysé par une grève générale, lors d’une journée encore marquée par des violences meurtrières.

Le lendemain, contre toute attente, gouvernement et opposition trouvent un accord, autorisant des observateurs des droits de l’Homme à venir enquêter sur les violences. L’opposition accepte un plan pour lever les blocages.

– Université et basilique attaquées –

Le 18 juin, nouvelle suspension du dialogue.

Le 23, regain de la répression notamment autour de l’Université nationale autonome du Nicaragua (UNAN) où sont retranchés des dizaines d’étudiants.

Le 30, des milliers de Nicaraguayens défilent pour réclamer la démission du président, lequel exclut le 7 juillet d’avancer la présidentielle, qualifiant les opposants de « putschistes ».

Des forces pro-Ortega agressent, le 9, des prélats catholiques dans une basilique à Diriamba (sud-ouest).

Le 13 juillet, le pays est paralysé par une nouvelle grève générale alors que la veille, des milliers d’opposants avaient défilé pour réclamer le départ du président.

Les jours suivants, la communauté internationale réclame avec insistance l’arrêt de la répression.

– Assaut contre Masaya –

Le 17, des forces anti-émeutes et paramilitaires lancent l’assaut (rebaptisé par l’opposition « opération nettoyage »), contre Masaya, la ville la plus rebelle du pays: au moins deux morts.

L’un des représentants de l’opposition, le leader paysan Medardo Mairena, est accusé de terrorisme et tentative de saper l’ordre constitutionnel du pays.

Le lendemain, au terme de violents affrontements, les forces progouvernementales prennent le contrôle de Monimbo, le quartier rebelle.

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