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Nigel Farage, apôtre du Brexit et trublion de la politique britannique

Chantre du Brexit dont il a fait le but ultime de sa vie politique, l'infatigable europhobe Nigel Farage a profité…

Chantre du Brexit dont il a fait le but ultime de sa vie politique, l’infatigable europhobe Nigel Farage a profité du chaos au Royaume-Uni pour damer le pion aux grands partis traditionnels britanniques selon les premiers résultats des élections européennes.

D’après les premiers résultats portant sur 10% des votes, le Parti du Brexit qu’il a fondé arrive en tête du scrutin britannique avec 31,5% des suffrages, reléguant aux seconds rôles l’opposition travailliste et les conservateurs au pouvoir.

Il a alors immédiatement prédit une « grande victoire ». Nigel Farage, 55 ans, avait déjà remporté le scrutin européen en 2014, sous les couleurs de l’UKip, le parti europhobe et anti-immigration, avant de contribuer au vote en faveur du Brexit lors du référendum de juin 2016.

« Le Brexit a été la première brique abattue dans le mur de l’establishment », prédisait-il alors. « Il y a de grandes batailles à mener et je vais continuer à les mener ».

La stigmatisation des « élites »: une marque de fabrique de Farage. Pas à une contradiction près, ce partisan de Donald Trump a passé sa carrière à dénigrer les institutions européennes, où il siège pourtant sans interruption depuis 1999.

Un lot de consolation pour celui qui a échoué à six reprises à se faire élire député au Parlement britannique. Trop sulfureux, trop clivant, voire raciste pour certains.

– « Showman » –

Ces dernières semaines, il a mené campagne en faisant du Farage dans le texte: avec sa gouaille et son charisme de télévangéliste.

C’est un « showman », estime l’acteur Paul Ryan, qui l’a incarné dans un téléfilm sur la campagne référendaire de 2016. « Il a un grand sens de l’humour » et « c’est un grand communicant ».

Né le 3 avril 1964 au sud de Londres, Nigel Farage aurait pu faire « beaucoup d’argent » à la City, où il a travaillé comme trader sur les marchés de métaux après une scolarité dans le privé.

S’il a préféré la politique, c’est pour « faire une différence » et donner du sens à une vie qui a failli s’arrêter prématurément à plusieurs reprises.

Âgé d’une vingtaine d’années, il a frôlé la mort et l’amputation d’une jambe après avoir été renversé par une voiture à la sortie d’un pub. Quelques mois plus tard, on lui a diagnostiqué un cancer des testicules.

Guéri, il a épousé une infirmière, avec qui il a eu deux fils. Il aura encore deux filles avec sa deuxième femme, Kirsten Mehr, une Allemande, dont il est aujourd’hui séparé.

Il a failli disparaître une troisième fois en 2010, dans un crash d’un avion biplace, le jour des législatives. Il s’en est tiré avec quelques côtes fracturées et un poumon perforé, mais souffre toujours des séquelles, comme le trahit sa démarché légèrement raide.

C’est avec l’énergie du survivant qu’il prend le pouvoir à l’UKip, qu’il avait contribué à fonder en 1993. Omniprésent, il incarne rapidement le parti à lui tout seul et transcende les militants qui l’appellent par son seul prénom: « Nigel! ».

Lui se voit d’abord comme un politique authentique et proche du peuple. Il construit sa légende en sillonnant les pubs.

L’exercice a un prix. « Il fume trop, il boit trop et ne dort pas assez », déplore régulièrement son épouse.

– « La machine est en marche » –

La première grande consécration au Royaume-Uni viendra en 2014 lorsque l’UKip remporte les élections européennes. Nigel Farage est alors en pole position pour mener la bataille pour un Brexit lors du référendum.

Mais son image controversée, ses propos sur les malades du sida dont il faudrait interdire l’entrée au Royaume-Uni, l’écartent de la campagne officielle.

Pas du genre à se taire, il mène malgré tout campagne, à sa façon: il remonte la Tamise à la tête d’une flottille de chalutiers; il crée la controverse avec des affiches exploitant le thème de l’immigration.

Une fois connu le résultat du référendum, c’est les larmes aux yeux qu’il voit poindre, « à l’aube, le rêve d’un Royaume-Uni indépendant ».

Mais l’impasse au Parlement le pousse à reprendre du collier: il fonde en février le Parti du Brexit, après avoir claqué en décembre la porte de l’UKip.

« La machine est en marche », dit-il, ambitionnant de mettre fin au système bipartisan au Royaume-Uni.

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