InternationalAFP




Niger: deux policiers tués lors d’une attaque inédite aux portes de Niamey

Deux policiers ont été tués et deux blessés mardi soir, lors de l'attaque d'un poste de police à l'entrée nord…

Deux policiers ont été tués et deux blessés mardi soir, lors de l’attaque d’un poste de police à l’entrée nord de Niamey, la première à se produire aux portes de la capitale du Niger, pays en proie à des incursions jihadistes récurrentes.

« Dans la nuit du 18 juin aux environs de 23 heures locales (22H00 GMT), le poste de poste police route-Ouallam situé à quelque km de Niamey a été la cible d’une attaque surprise perpétrée par deux individus armés non encore identifiés. Le bilan de l’attaque se présente comme suit: deux policiers tués, deux autres policiers blessés », a indiqué mercredi le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

« Une vaste opération de ratissage a été immédiatement enclenchée par les Forces de défense et de sécurité (FDS). Des mesures supplémentaires de sécurisation de tels dispositifs (des postes de police) seront immédiatement mises en oeuvre pour éviter ce genre d’attaques criminelles », a précisé le ministère.

L’attaque n’a pas été revendiquée.

Niamey doit accueillir les 7 et 8 juillet un sommet de l’Union africaine, qui réunira de nombreux chefs d’Etat.

Une source sécuritaire parlant de « bandits armés » avait auparavant fait état d’un bilan de « deux décédés, quatre blessés dont deux graves ».

« Il était 23h quand on a entendu des tirs nourris venant du poste » situé sur la route de la ville de Ouallam, dans le nord-ouest du Niger, a raconté à l’AFP sous couvert de l’anonymat un témoin, qui vit à proximité du poste de police, situé près d’un péage, marquant l’entrée de la ville.

– Attaque inédite –

Des enquêteurs de la police étaient sur place mercredi matin, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des témoins ont aperçu ces enquêteurs ramasser des douilles près de deux hangars où les policiers ont été probablement surpris par les assaillants.

C’est la première fois que des hommes armés attaquent aussi près de la capitale du Niger, un pays sahélien qui fait face à des incursions récurrentes de groupes jihadistes dans l’ouest ainsi que des islamistes de Boko Haram dans le sud-est.

Mardi, une simulation d’opération anti-terroriste avait eu lieu à Niamey, organisée par les forces de sécurité nigériennes et Eucap Sahel, la mission européenne qui aide depuis 2012 le Niger à lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée.

Le 8 juin, un véhicule de l’armée américaine avait sauté sur un engin explosif, sans faire de victime, près de la ville de Ouallam. Les soldats américains se rendaient sur un champ de tir lorsque l’incident est survenu, selon un journal nigérien en ligne.

Ouallam est située à une centaine de kilomètres de Niamey et abrite un important camp d’entraînement de l’armée nigérienne où sont notamment formés les soldats qui participent à la Mission de l’ONU au Mali voisin, la Minusma.

– Ville militarisée –

En mars 2018, trois gendarmes nigériens ont été tués dans une attaque par « des éléments terroristes » à Goubé, situé à quarantaine de km sur l’axe Niamey-Ouallam.

Plusieurs attaques avaient déjà eu lieu, plus loin autour de la capitale. Le 14 mai une attaque avait coûté la vie à 28 soldats, au lendemain d’une audacieuse tentative, ratée, de prendre la prison Koutoukalé (60 km de la capitale), l’établissement pénitentiaire le mieux gardé du pays, où sont détenus de nombreux jihadistes.

Niamey est une ville très militarisée avec une forte présence des forces de sécurité et des check-points à ses entrées. Les lieux publics et restaurants sont surveillés par des hommes en armes. En janvier 2011, des hommes armés avaient kidnappé deux jeunes Français qui avaient été tués le lendemain, lors de la poursuite des ravisseurs par les forces spéciales françaises.

Le président Mahamadou Issoufou a à plusieurs reprises appelé les Occidentaux et les Nations Unies à aider le Niger.

Mais la présence de forces française, américaine et allemande au Niger ainsi que de l’ONU au Mali voisin n’ont jusqu’ici pas réussi à enrayer les attaques qui se multiplient.

Mahamadou Issoufou a aussi demandé au nom de ses voisins sahéliens à financer la lutte contre les groupes jihadistes. La force du G5 Sahel (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) peine à être efficace en raison du manque de ressources notamment. « C’est sur le terreau de la pauvreté que prospère le terrorisme », a-t-il souligné par le passé, alors que les pays touchés font partie des plus pauvres du monde.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne