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Nigeria: 10.000 personnes contraintes par l’armée de fuir leurs maisons « en une heure »

Plus de 10.000 personnes ont été réveillées mardi matin par des coups de feu de la marine nigériane qui leur…

Plus de 10.000 personnes ont été réveillées mardi matin par des coups de feu de la marine nigériane qui leur a donné « une heure » pour quitter leurs maisons sur une plage aux abords de Lagos, mégalopole nigériane engagée dans de vastes opérations de déguerpissement.

Les premiers bulldozers sont ensuite arrivés en milieu d’après-midi, menaçant de raser toute la communauté de Tarkwa Bay, plage réputée de la capitale économique, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Je me suis réveillée ce matin et les soldats ont hurlé que l’on devait évacuer les lieux en une heure », raconte Minda, au milieu d’un amoncellement d’objets, qu’elle n’a pu mettre dans ses sacs, faute de place. « Je n’ai aucune idée d’où aller », se désespère cette mère de quatre enfants.

« Ils nous chassent, ils nous chassent », criaient les habitants de Tarkwa Bay, en traversant la mer pour rejoindre la ville sur des bateaux surchargés de matelas, générateurs à diesel, matériel de coiffure, ustensiles de cuisine.

Uniquement accessible par la mer, Tarkwa Bay est l’un des rares lieux semi-rural et touristique à la fois, ayant survécu à l’urbanisation effrénée et à l’explosion démographique de la mégalopole économique de 20 millions d’habitants, mais son emplacement, à l’entrée du port, en fait également un lieu de trafics en tout genre.

Les oléoducs qui fournissent Lagos en essence passent par le long de la côte Atlantique et des plages, de Tarkwa Bay à Illashe, lieu de villégiature pour millionnaires nigérians et expatriés.

« Cette opération fait partie de l’opération Awatse, contre le vandalisme des équipements de la NNPC (Nigerian National Petroleum Corporation) », compagnie pétrolière nationale, du plus grand producteur d’or noir du continent, a expliqué à l’AFP le Commandant Thomas Otuji, porte-parole de la marine nigériane.

« Il y a de graves, graves, graves irrégularités qui ont lieu dans ces communautés », poursuit le commandant, citant notamment les constructions sur les oléoducs et les vols d’essence.

« Tous les villageois ne sont pas des vandales, mais s’ils ne les dénoncent pas, ils sont responsables », affirme le commandant.

Le quartier de Tarkwa Bay est le 24ème ensemble de maisons depuis un mois à avoir reçu l’ordre de déguerpir par la marine dans cette zone très densément peuplée.

Depuis le 21 décembre, des dizaines de milliers de personnes ont déjà du quitter leurs foyers, qui sont ensuite détruits par des bulldozers.

Nigerian Slum/Informal Settlement Federation, une association qui vient en aide aux personnes délogées accuse les autorités de chasser les populations les plus pauvres, qui vivent le long des bords de mer, pour y bâtir de vastes projets immobiliers dans cette ville surpeuplée où le mètre carré s’arrache parfois à prix d’or.

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