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Nigeria: de « sérieux » problèmes dans le scrutin présidentiel, les résultats commencent à tomber

La Commission électorale nationale (INEC) a commencé lundi à proclamer les premiers résultats de l'élection présidentielle au Nigeria, dont l'organisation…

La Commission électorale nationale (INEC) a commencé lundi à proclamer les premiers résultats de l’élection présidentielle au Nigeria, dont l’organisation a été fortement critiquée par les observateurs de la société civile et de l’Union européenne.

Le Nigeria a voté samedi pour élire son nouveau président ainsi que 360 députés et 109 sénateurs.

Les premiers résultats (5 Etats sur 36, ainsi que dans la capitale fédérale, Abuja, lundi), restaient plutôt serrés entre les deux candidats principaux pour la magistrature suprême: le chef de l’Etat sortant, Muhammadu Buhari, 76 ans, pour le Congrès des progressistes (APC) et l’opposant et ancien vice-président Atiku Abubakar, 72 ans (Parti populaire démocratique,PDP).

Toutefois, « les problèmes logistiques ont été très importants », a commenté auprès de l’AFP Clement Nwankwo, coordonnateur de Situation Room, un groupement d’ONG de surveillance du processus démocratique, citant notamment le cas de plusieurs cartons de bulletins sans empreinte (les électeurs nigérians apposent leur empreinte devant le parti de leur choix) comptabilisés.

Les observateurs de la société civile ont dénoncé de nombreux manquements logistiques et des violences électorales. « Les violences liées aux élections (…) ont entraîné la mort d’au moins 39 Nigérians » depuis samedi, a affirmé Situation Room, regrettant le « manque de compassion et d’intérêt de la classe politique à ce sujet ».

Situation Room, qui avait déployé plus de 8.000 observateurs, a recensé 16 morts dans le seul Etat de Rivers (sud), quatre à Bayelsa et deux dans le Delta, foyers réguliers de tensions politiques.

Certaines informations ont mentionné des responsables de la sécurité « partisans », des employés « compromis » de l’INEC et des incidents impliquant l’armée, avec certains électeurs empêchés de voter.

« L’élection est un pas en arrière par rapport à l’élection générale de 2015 », a conclu Situation Room.

La police a indiqué que 128 personnes avaient été arrêtées pour meurtre, achats de voix et vols d’urnes.

– « Manquements opérationnels » –

Les observateurs de l’Union européenne ont également noté des « manquements opérationels sérieux » dans les 261 bureaux de vote visités par 91 agents. « La grande majorité des bureaux de vote ont ouvert très tard (…), le matériel manquait (…) créant de la confusion et des tensions », a rapporté l’euro-députée belge Maria Arena lundi, faisant état de cas « d’intimidation et de violences ».

« Si des partis politiques ou des candidats s’estiment lésés, nous les invitons urgemment à utiliser la voie de la justice », a-t-elle ajouté.

De son côté, le chef de la mission d’observation de l’Union africaine, l’ancien Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, a salué un vote qui s’est « globalement déroulé dans un climat de paix » malgré les retards.

Les résultats officiels provenant de 120.000 bureaux de vote ne devraient pas être annoncés avant mardi, bien que chaque camp ait annoncé sa victoire dès le lendemain du vote et s’accuse de sabotage et de tricherie.

Depuis lundi matin, Etat par Etat, parti par parti, L’INEC égraine le nombre de votants et le nombre de voix recueillies dans les 36 Etats et dans à Abuja.

Si le parti au pouvoir, l’APC, avait remporté la majorité des Etats déjà annoncés lundi en fin d’après-midi, l’avance n’est toujours pas représentative et le parti a perdu sa majorité dans la capitale fédérale, où le PDP a remporté 61% des voix.

– Régions clés –

Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur doit obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 Etats auxquels s’ajoute le territoire d’Abuja. Sinon un second tour devrait avoir lieu dans une semaine.

A la dernière minute, l’INEC avait repoussé d’une semaine les élections initialement prévues le 16 février pour des raisons logistiques. Ce report fait craindre un taux de participation moins élevé, de nombreux Nigérians ayant du voyager dans leurs régions d’origine pour pouvoir voter.

Parmi les régions clés qui pourraient déterminer l’issue de la présidentielle figurent notamment la capitale économique, Lagos, et l’Etat de Kano (nord), fort de 5,5 millions d’électeurs, qui avaient massivement plebiscité Muhammadu Buhari en 2015 face à l’ex-président Goodluck Jonathan, un chrétien issu du sud.

Dans un pays où le vote ethnique et religieux reste important, le suspense reste entier et l’issue de ce scrutin continue de diviser les experts, car cette fois, il oppose deux musulmans issus du nord.

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