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Nigeria: la « génération libre » ira aux urnes pour la première fois

Pour la première fois, les Nigérians nés après l'avènement de la démocratie en 1999, et après des décennies de dictatures…

Pour la première fois, les Nigérians nés après l’avènement de la démocratie en 1999, et après des décennies de dictatures militaires, sont appelés à voter le 16 février pour élire leur prochain président.

L’AFP est allée à la rencontre de ces jeunes aux quatre coins du pays le plus peuplé d’Afrique (190 millions d’habitants) pour comprendre à quoi ressemble leur vie par rapport à celle de leurs parents et comment ils regardent l’avenir.

Michael John Jagaba, 20 ans, chanteur, Jos (centre)

« Pour moi, la démocratie c’est avoir le droit de voter pour n’importe quel parti, sans fondement religieux ou ethnique, et aussi d’avoir le droit de dire ou d’exprimer son point de vue sans avoir peur. C’est quelque chose qui manque encore dans notre pays. »

« Je vis grâce à la musique, je suis chanteur de rap et, le reste du temps, je me débrouille. J’aimerais avoir mon propre business, pour ne pas dépendre du gouvernement. Je voudrais avoir un business qui rapporte beaucoup d’argent, mais un truc légal, hein! »

« Un jour, le Nigeria se portera bien. À l’avenir, le peuple devrait voter pour quelqu’un qui n’est pas seulement motivé par ses ambitions égoïstes mais par le cœur et le désir d’améliorer le quotidien des gens ordinaires (…) au moins qu’ils puissent avoir trois repas par jour ».

Elijah Apinkpo, 22 ans, vidéaste militant, Lagos (sud-ouest)

« Je travaille comme vidéaste pour une ONG qui milite pour les droits des habitants des bidonvilles. La démocratie est censée être un gouvernement largement inspiré et contrôlé par le peuple.

Mais dans les faits, les politiciens sont un groupe de personnes qui se connaissent très bien et qui ont des ambitions communes contre le peuple. L’intérêt public devrait être la priorité, mais c’est le contraire.

« Les jeunes Nigérians vivent dans un système qui ne nous permet pas de réaliser nos rêves. L’écart entre riches et pauvres est trop grand.

« Moi, j’ai grandi dans une communauté appelée Otodo Gbame (un quartier pauvre de Lagos). Nos maisons ont été démolies à des fins commerciales parce que le gouvernement (local) a des intérêts avec des investisseurs.

« Mais ça a détruit la vie de beaucoup de personnes, les enfants ne vont plus à l’école.

« Je suppose que nous sommes plus libres que nos parents, on peut dire ses idées et ses opinions à la radio, par exemple. Mais il y a aussi des limites car ce sont toujours les riches qui possèdent les médias ».

Musa Abdullahi, 20 ans, apprenti, Kano (nord)

« J’ai terminé mon lycée et maintenant je travaille comme apprenti dans un atelier de fabrication de portes et de fenêtres coulissantes. Mon rêve ça serait de pouvoir poursuivre mes études et de devenir avocat. »

« La démocratie est un processus par lequel les citoyens élisent des dirigeants qui, selon eux, sont les plus compétents pour les diriger.

Pendant les régimes militaires, les soldats prenaient le pouvoir et ensuite ils faisaient ce qu’ils voulaient. »

« D’après ce qu’on nous a raconté, les régimes militaires étaient très durs. Les soldats attaquaient même les vendeurs dans les marchés, ils volaient leurs marchandises, ils les frappaient. Personne n’était libre ».

« Maintenant, on a le droit de parler aux médias, de dire ce qu’on veut sur notre quotidien. La liberté est plus grande aujourd’hui, même si on n’était pas là pour savoir ce qu’il s’est vraiment passé et qu’on ne peut se fier qu’à ce qu’on nous raconte ».

« J’ai une carte d’électeur et par la grâce de Dieu, je voterai pour la première fois cette année. Je veux prendre mon destin en main afin d’élire le candidat le plus compétent, le candidat de mon choix ».

Ogheneochuko Obire, 18 ans, étudiante, Warri (sud-est)

« Je vis avec mes parents, ce sont eux qui payent pour mes études et mon argent de poche. Mais pendant les vacances, je fais des petits boulots pour mettre un peu d’argent de côté. Je veux devenir avocate ».

« Mon père m’a dit que la vie était très difficile lorsque l’armée était au pouvoir, car elle ne respectait pas la loi ni les décisions des tribunaux. Mais depuis le début de la démocratie en 1999 et avec l’utilisation des cartes d’électeurs, je suis convaincue que mon vote compte. »

« Je crois que c’est un processus: nous continuons d’apprendre ce que c’est que la démocratie. Oui, nous avons nos défis comparés aux Etats-Unis et à d’autres pays développés qui ont pratiqué la démocratie sans interruption depuis des siècles, mais bientôt nous atteindrons la +Terre promise+ ».

Abulkadir Sadiq, 18 ans, étudiant, Maiduguri (nord-est)

« Je suis étudiant en sciences et je voudrais devenir ingénieur civil. C’est grâce à mes parents, car ils m’aident financièrement et pourvoient à mes besoins. Mais le gouvernement devrait fonder des écoles pour les jeunes comme moi, et créer de l’emploi pour que le pays puisse se développer ».

« Je pense que si on diversifiait notre économie, le Nigeria, alors deviendrait un très bon pays. Le pétrole brut ne peut à lui seul répondre à tous les besoins des citoyens. On pourrait produire beaucoup d’autres ressources minérales et naturelles ou développer l’agriculture.

« Je veux pouvoir vivre dans un bon environnement, sans catastrophe naturelle comme la désertification.  »

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