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Nigeria: les médias doivent faire preuve de « retenue » dans la couverture de Boko Haram (gouvernement)

Le gouvernement nigérian a appelé mardi les médias à la "retenue" dans la couverture du groupe jihadiste Boko Haram, après…

Le gouvernement nigérian a appelé mardi les médias à la « retenue » dans la couverture du groupe jihadiste Boko Haram, après la descente de l’armée nigériane contre un journal accusé d’avoir divulgué des informations sensibles.

« Les médias doivent trouver un juste équilibre entre la liberté garantie par la Constitution de diffuser des informations et la sécurité nationale », a déclaré à la presse le ministre de l’information, Lai Mohammed.

Le gouvernement n’est « pas sur le point de bâillonner la presse », a-t-il promis, après des comparaisons avec la répression sous les décennies de régime militaire, dont la période des années 1980 où l’actuel chef de l’Etat, l’ex-général Muhammadu Buhari, dirigeait déjà le Nigeria.

« Mais les médias doivent faire preuve de retenue et de plus de responsabilité dans la couverture de l’insurrection », a-t-il souligné.

Des soldats et des agents des services de renseignement ont fait irruption dimanche dans les bureaux du Daily Trust, dans la ville de Maiduguri, dans le nord-est, à Abuja, la capitale et dans la métropole économique de Lagos.

Des ordinateurs ont été saisis et deux journalistes arrêtés, à la suite d’un article publié en première page sur des plans militaires visant à reprendre aux insurgés la ville de Baga, sur les rives du lac Tchad.

Le porte-parole de l’armée, le général Sani Usman, a déclaré que le quotidien « avait divulgué des informations militaires classifiées, portant ainsi atteinte à la sécurité nationale ». Il a ajouté que ces informations avaient donné aux islamistes armés une « alerte précoce » et qu’en conséquence « il a saboté les opérations prévues… mettant la vie des troupes en danger ».

En 2018, le Nigeria occupait le 119e rang du classement mondial de la liberté de la presse de l’ONG Reporters sans frontières (RSF).

Plus de 27.000 personnes ont été tuées depuis le début de l’insurrection de Boko Haram en 2009 et plus de 1,8 million sont toujours sans abri.

Le président nigérian Muhammadu Buhari, qui avait régulièrement affirmé depuis décembre 2015 que l’insurrection jihadiste était « techniquement vaincue », a reconnu lundi que l’armée essuyait des revers dans sa lutte contre Boko Haram.

Les insurgés multiplient leurs attaques depuis six mois, notamment contre les bases militaires.

La prise temporaire de la ville de Baga le 27 décembre est une nouvelle démonstration de force: en quelques heures, les assaillants ont mis en déroute les 500 à 600 soldats de la Force multinationale mixte (MNJTF), composée d’unités du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun.

Comme à chaque attaque, tandis que les soldats fuyaient, ils en ont profité pour s’emparer des armes, munitions et véhicules stockés sur cette base stratégique des rives du lac Tchad.

Le groupe Boko Haram s’est scindé en deux factions. Celle loyale au chef historique du mouvement, Abubakar Shekau, est connue pour cibler les civils, notamment dans des attaques de villages et des attentats-suicides.

L’autre faction, affiliée depuis 2015 au groupe jihadiste Etat islamique, s’est davantage spécialisée dans les attaques contre les positions de l’armée et les symboles de l’Etat, même si elle a plus récemment été impliquée aussi dans des actions contre des civils.

Le conflit s’est aussi étendu vers les pays voisins, le Tchad, le Niger et le Cameroun.

La situation est telle dans la région que les pays du lac Tchad ont demandé, lors d’une réunion de leurs dirigeants fin novembre à N’Djamena un soutien de la communauté internationale dans leur « lutte contre le terrorisme ».

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