Le social-démocrate Laurentino « Nito » Cortizo, qui a remporté dimanche l’élection présidentielle au Panama, est un éleveur de profession, vieux loup de la politique du petit pays centraméricain.
Le chef d’entreprise et éleveur âgé de 66 ans, sera pour un unique mandat de cinq ans chef de cet Etat, célèbre pour son Canal interocéanique et son secteur financier accusé de fournir un asile commode à l’évasion fiscale internationale.
Cet homme au visage sévère et à l’éloquence laconique, a été un fugace ministre du développement de l’agriculture du gouvernement du président Martin Torrijos (2004-2009). Il avait démissionné à l’issue de 15 mois au gouvernement car il refusait l’assouplissement des normes sanitaires imposées par le Traité de libre commerce (TLC) négocié avec les Etats-Unis.
Passionné d’amélioration de la race bovine, plus connu sous son surnom de « Nito », il assure mettre lui-même la main à la pâte pour traire, vacciner et soigner son bétail.
L’humilité et la sensibilité sociale de l’éleveur, qui a centré sa campagne sur la lutte contre les inégalités, sont encensées par ses partisans. Ses adversaires lui reprochent, eux, d’être entourés par des députés impliqués dans des scandales de corruption. A cela, « Nito » Cortizo réplique que personne ne sera « intouchable » durant son mandat.
– Ministère de la Femme –
« Ecoutez-moi bien (…) nous allons (gouverner) sans voler », a-t-il martelé durant les deux mois de campagne.
M. Cortizo a conquis en 1994 son premier mandat de député de la province de Colon (côte caraïbe) en n’hésitant pas à aller à la rencontre des électeurs à cheval ou dans une pirogue. Il a été ensuite président de l’Assemblée nationale entre 2000 et 2001.
« Nito » a su manoeuvrer habilement pour remporter avec une large avance les primaires de son parti, le Parti Révolutionnaire Démocratique (PRD), notent les observateurs.
« Cortizo, sans être membre de la direction du PRD a affronté la structure (du parti) et, sans le diviser, a réussi à devenir le candidat à la présidence », du PRD, fondé par son mentor Omar Torrijos, auquel il ressemble physiquement de manière frappante, relève le directeur du quotidien Metro Libre, James Aparicio.
« Nito » Cortizo a promis d’améliorer le système éducation, de réformer l’Etat pour rendre les institutions plus transparentes, de développer l’économie, de combattre la pauvreté et les inégalités.
Il s’est également engagé à créer les ministères de la Culture et de la Femme, à faire de l’agriculture une affaire d’Etat, et à sanctionner les entreprises coupables de corruption.
« Je veux laisser une trace » dans l’histoire du Panama, répète celui qui a réussi à faire revenir le PRD au pouvoir après dix ans de traversée du désert.
D’origine espagnole et grecque, le nouveau président panaméen a étudié le commerce international aux Etats-Unis, où il a travaillé une période pour l’Organisation des Etats américains (OEA). C’est là qu’il a rencontré son épouse Yazmin Colon, avec qui il a eu deux enfants.