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Nom de la Macédoine: près de 30 ans de querelle avec Athènes

Le référendum dimanche en Macédoine visant à rebaptiser ce pays en "République de Macédoine du Nord" constitue une étape importante…

Le référendum dimanche en Macédoine visant à rebaptiser ce pays en « République de Macédoine du Nord » constitue une étape importante mais non décisive pour régler le litige qui empoisonne depuis 1991 les relations avec Athènes.

– Le nom qui fâche –

Le 8 septembre 1991, la Macédoine proclame son indépendance de l’ex-Yougoslavie. Mais sa reconnaissance par la communauté internationale est bloquée par la Grèce qui considère le nom de Macédoine comme faisant exclusivement partie de son patrimoine historique : Alexandre Le Grand est né à Pella, une ville de la province frontalière grecque portant aussi le nom de Macédoine. Athènes craint que l’usage du même nom par Skopje ne cache des ambitions territoriales.

– A l’ONU sous un nom provisoire –

En 1993, la Macédoine est finalement admise à l’ONU sous l’appellation provisoire d' »Ancienne République yougoslave de Macédoine » (ARYM en français, FYROM en anglais).

Une large majorité de pays, dont la Russie et les Etats-Unis, ont depuis reconnu ce pays des Balkans sous son nom constitutionnel de « République de Macédoine ».

– Blocus commercial –

En 1994, la Grèce impose un embargo économique à la Macédoine, interdisant notamment à ce petit pays enclavé d’utiliser le port grec de Thessalonique, sa principale voie d’échanges commerciaux.

Les autorités grecques exigent que la Macédoine renonce à son drapeau frappé du soleil de Vergina -emblème de l’antique dynastie macédonienne et un « symbole grec » pour Athènes-, et amende sa Constitution.

– Amorce de détente –

En 1995, les deux pays signent à New York un accord ouvrant la voie à une normalisation de leurs relations politiques et commerciales tout en laissant en suspens la question du nom.

Le mois suivant, ils ouvrent des bureaux de liaison dans leurs capitales respectives et le nouveau drapeau de l’ex-république yougoslave de Macédoine (où le symbole controversé a été remplacé par un autre motif ne faisant que s’en inspirer) est hissé pour la première fois aux Nations unies.

– Le soutien de la Grèce à son voisin –

En 2001, la Grèce, seul pays de la région à la fois membre de l’Otan, de l’UE et de la zone euro, affiche son soutien à son voisin en proie à un conflit armé entre forces gouvernementales et rebelles albanais. La Macédoine abrite une importante minorité albanaise (entre 20 et 25% de la population).

– UE, le veto grec –

En 2005, la Macédoine obtient le statut de candidat à l’UE. Mais la date d’ouverture des négociations d’adhésion, qui doit être approuvée à l’unanimité, est bloquée par la Grèce.

– L’ARYM privée d’Otan –

En 2008, la Macédoine se porte candidate à l’Otan sous son nom provisoire d' »ARYM » mais se heurte au veto grec.

Les relations entre les deux pays s’enveniment avec l’érection en 2011 à Skopje d’une statue monumentale d’Alexandre le Grand, une « provocation » selon Athènes.

– Tensions autour des migrants –

En 2016, après la fermeture de la route dite des Balkans, Athènes accuse Skopje d’usage excessif de la force au cours d’incidents avec des centaines de migrants qui tentaient de forcer la frontière avec la Macédoine.

– Main tendue –

Dès son arrivée au pouvoir, en juin 2017, succédant à la droite nationaliste, le nouveau Premier ministre social-démocrate Zoran Zaev promet d’approfondir la « bonne amitié » avec la Grèce pour trouver une « solution » et relancer le processus d’adhésion à l’UE et à l’Otan.

– République de Macédoine du Nord –

Les négociations sont relancées en janvier 2018 sous l’égide de l’ONU, soulevant chez les deux voisins une forte résistance de l’opposition de droite et des nationalistes.

Après plusieurs rencontres bilatérales, Athènes et Skopje signent le 17 juin un accord historique pour rebaptiser l’ex-république yougoslave « Macédoine du Nord ».

L’accord, ratifié début juillet par le Parlement macédonien, doit être soumis à un référendum consultatif le 30 septembre, puis voté par les députés. Il devra ensuite également être ratifié par le parlement grec.

L’Otan a d’ores et déjà invité Skopje à ouvrir des négociations d’adhésion, tout en prévenant qu’un changement de nom était une étape obligée.

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