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Noms des rues à N’Djaména : les autorités baptisent, les populations débaptisent

Lancé en 2016 par le maire de l'époque, Ali Haroun, l'adressage des rues et avenues de N'Djamena tarde à connaître…

Lancé en 2016 par le maire de l’époque, Ali Haroun, l’adressage des rues et avenues de N’Djamena tarde à connaître une réussite à cause notamment des habitants de la capitale tchadienne qui, très conservateurs, ignorent les nouvelles appellations des places fortes de la ville.Ce faisant, ils continuent toujours de désigner les rues et avenues de N’Djamena par des noms bien à eux, tirés de l’activité qui s’exerce dans ces lieux, du nom d’une personnalité qui y habite où y a résidé. Quelquefois, le nom est tiré simplement d’un arbre ou d’un animal   

Indifférents aux baptêmes officiels tous azimuts, les N’Djamenois parlent toujours de     « Chari mongo, rue des mangues »,  « Chari birmil, rue du fût » et « Chari arbiyine, rue de 40 mètres ». De l’avenue « Maldom Bada Abbas », un nom donné par les officiels mais que les populations préfèrent à El-Nemeiri, l’ancien président soudanais, partent plusieurs ruelles dont les noms les plus célèbres sont donnés par les populations :   « Chari taladjatt, rue des réfrigérateurs », « Chari gaz, rue du gaz » et « Chari tamouraye, rue de tamarinier ».

Comme on le devine, ces noms renvoient à l’activité menée dans ces lieux. A la rue des réfrigérateurs, il y a un atelier de réparation desdits appareils électroménagers là où une station de vente de bonbonnes de gaz trône au beau milieu de la rue du gaz.   

Par ailleurs, si vous voulez vous rendre au célèbre croissement des feux tricolores entre l’avenue Maldom, Tombalbaye et la rue de 50 mètres, demandez à n’importe quel N’Djamenois la place Adoum Tcheré, du nom d’un homme politique du temps de l’indépendance.

Pour certaines places fortes de la capitale, leurs appellations sont popularisées à partir d’une image placardée au hasard sur un mur : rond-point « Hamama, statuette d’un pigeon », rond-point « Gazelle » ou encore rond-point « Gouroune bagarre, cornes des bœufs ».

Selon Abdelhakim, un habitant de N’Djaména, « l’analphabétisme joue un rôle très important dans le maintien et le développement de ce phénomène. Lorsque tu dis à quelqu’un qui ne sait ni lire ni écrire d’aller au rond-point Hamama avant d’aller vers un tel quartier, c’est facile pour lui »,

« A N’Djaména, renchérit cet autre habitant, même les intellectuels s’orientent à travers ces objets et noms de personnalités. Il est très rare que quelqu’un te dise je suis au premier arrondissement, rue telle et concession numéro tel. C’est inexistant ».

Rosine, une prof d’histoire se rappelle avoir, un jour, demandé à ses élèves s’ils savent où se trouve la rue du 26 août, officiellement baptisée de la sorte à cause du passage par cet axe des troupes tchadiennes et africaines en partance pour la Seconde guerre mondiale.

« Aucun élève n’a reconnu cette avenue », dit-elle, suggérant que s’il avait utilisé le nom populaire que les N’Djamenois donnent à cet axe ses potaches s’y seraient facilement retrouvés.

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