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Nouveau dépôt de bilan dans le « low cost » européen, un secteur toujours en crise

Après Germania en février, l'Islandais WOW Air, en grande difficulté financière, va à son tour cesser ses activités et annuler…

Après Germania en février, l’Islandais WOW Air, en grande difficulté financière, va à son tour cesser ses activités et annuler ses vols. Une victime de plus dans le secteur de l’aviation « low cost » qui a souffert de la hausse du prix des carburants en 2018.

Une crise qui touche même Ryanair

Liquidation pour le belge VLM, dépôt de bilan pour le danois Primera Air, cessation d’activité brutale du chypriote Cobalt Air: en 2018, près d’une dizaine de compagnies aériennes « low cost » ont mis la clé sous la porte.

Et 2019 ne s’annonce pas mieux. WOW Air, qui transporte plus d’un tiers des voyageurs en Islande, a dû renoncer à poursuivre son activité, faute d’investisseurs pour la sauver de la faillite. Sur les neuf premiers mois de 2018, la compagnie avait affiché une perte avant impôts de près de 42 millions de dollars.

En février, c’était Germania – quatre millions de passagers chaque année – qui se déclarait insolvable et annonçait l’annulation de tous ses vols.

D’autres compagnies en difficulté se sont sauvées de justesse, à l’image de la britannique Flybe, cible d’une offre de rachat pour un pence par action par Virgin Atlantic ou Norwegian Air Shuttle, qui a eu recours à une augmentation de capital.

Pour Ryanair, le leader du secteur, la situation n’est pas encore aussi critique, mais la compagnie a annoncé une réorganisation pour redresser ses comptes qui ont affiché 20 millions d’euros de perte nette au troisième trimestre 2018, une première depuis 2014.

Concurrence effrénée

La concurrence est particulièrement forte sur le secteur du court-courrier en Europe, ce qui pousse les compagnies à baisser fortement leurs prix et donc à réduire les marges.

Le prix moyen d’un vol sur Ryanair se situe par exemple aujourd’hui sous la barre des 30 euros.

« On se retrouve très vite dans des situations de concurrence effrénée. Pendant longtemps, on voyait que les low cost s’implantaient là où elles étaient seules. Aujourd’hui le marché commence à se remplir », explique à l’AFP Olivier Fainsilber, consultant pour l’aérien, pour le cabinet de conseil Oliver Wyman.

Le secteur est par ailleurs encore assez peu concentré, avec une multitude d’acteurs qui profitent de faibles barrières à l’entrée sur le marché du transport aérien.

« Le darwinisme économique a toujours très bien fait son travail dans le secteur aérien. Pour tenir la route, il faut être très performant alors que c’est un secteur dans lequel on peut facilement se lancer », estime Olivier Fainsilber.

Les compagnies doivent enfin faire face aux nouvelles filiales à coûts réduits des opérateurs historiques comme IAG avec sa « low cost » long-courrier Level.

« La faillite de Germania, une compagnie qui avait depuis un certain temps du mal à lutter avec ses rivaux, montre que pour survivre dans ce secteur bien fourni en Europe, il faut soit être un acteur de niche soit avoir un réseau étendu comme Ryanair ou Lufthansa et IAG », explique Sebastian Zank, analyste pour Scope Ratings, dans une note.

« La marginalisation des petites compagnies et davantage de consolidation semblent inévitables », ajoute t-il.

Une facture pétrolière qui pèse lourd

A ces difficultés sectorielles s’ajoutent les hausses spectaculaires du prix du kérosène l’été dernier.

En juillet 2018, une période de fort trafic pour l’aviation, le baril de pétrole avait flirté avec les 75 dollars contre moins de 50 dollars l’année précédente à pareille époque.

« Il y aura toujours des hauts et des bas, mais quand il y a une période où ça se tend, c’est là qu’on voit qui arrive à tenir. Il faut avoir un peu de trésor de guerre pour tenir », relève Olivier Fainsilber.

Les compagnies européennes ont également subi la dépréciation de l’euro, qui a perdu 5% face au dollar en 2018.

Les perspectives pour cette année ne sont cependant pas uniquement sombres, avec un prix du pétrole qui a reflué et une hausse du nombre de passagers qui devrait perdurer.

« Il y a toujours de la croissance, simplement la pente n’est plus aussi forte que dans le passé », conclut M. Fainsilber.

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