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Nucléaire: l’Iran doit annoncer samedi le détail de ses nouvelles mesures

L'Iran doit annoncer samedi le détail de la nouvelle réduction annoncée des restrictions consenties en 2015 sur ses activités nucléaires,…

L’Iran doit annoncer samedi le détail de la nouvelle réduction annoncée des restrictions consenties en 2015 sur ses activités nucléaires, projet auquel l’Union européenne l’a sommé jeudi de renoncer.

Selon l’agence semi-officielle Isna, c’est le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, qui dévoilera la façon dont est exécuté l’ordre donné mercredi par le président Hassan Rohani de faire sauter toute limite à la recherche et au développement dans le domaine nucléaire.

M. Rohani a donné ainsi le coup d’envoi de la troisième phase du plan de réduction des engagements de l’Iran prévus par l’accord international sur son programme nucléaire conclu à Vienne en 2015.

Ces mesures « ne sont pas conformes » à l’accord, a réagi jeudi l’Union européenne, « nous sommons l’Iran de faire machine arrière ».

– « Accroître la pression » –

« Ce n’est pas le moment de tenir des pourparlers avec l’Iran, c’est le moment d’accroître la pression », a estimé de son côté le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, fervent adversaire de l’accord de Vienne.

Depuis mai, l’Iran est revenu sur certaines restrictions inscrites dans ce pacte. Il a ainsi augmenté ses stocks d’uranium enrichi au-delà de la limite fixée par l’accord, et enrichit désormais ce minerai à 4,5%, niveau supérieur au plafond fixé (3,67%), mais très loin du seuil requis pour une utilisation militaire.

Téhéran riposte ainsi à la décision américaine de dénoncer l’accord un an plus tôt et de réimposer des sanctions économiques, qui ont plongé la République islamique dans une violente récession.

L’Iran entend faire pression sur les autres Etats encore parties à ce pacte (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) pour qu’ils l’aident à contourner les sanctions américaines et surtout à vendre son pétrole.

A Vienne, l’Iran a obtenu la levée d’une partie des sanctions internationales qui l’isolaient depuis des années en échange d’une limitation drastique de son programme nucléaire, destinée à rendre impossible l’acquisition d’une arme atomique.

Jugeant ces garanties insuffisantes, le gouvernement de Donald Trump veut forcer l’Iran à négocier un accord plus contraignant.

Pour cela, Washington mène contre Téhéran une politique de « pression maximale » qui prive la République islamique des retombées économiques qu’elle attendait de l’accord.

Le 7 juillet, l’Iran avait donné 60 jours, jusqu’à ce jeudi, aux autres Etats encore parties à l’accord pour l’aider a écouler son pétrole à l’étranger.

– Annonce « très calibrée » –

Mercredi, M. Rohani a annoncé que l’Iran réduirait encore ses engagements à l’issue d’une nouvelle période de 60 jours si les Européens s’avèrent incapables de l’aider.

Menés par la France, ceux-ci ont redoublé d’efforts diplomatiques pour sauver l’accord d’une désintégration complète, et désamorcer la tension entre l’Iran et les Etats-Unis, qui a failli tourner à l’affrontement militaire en juin et reste très forte.

Mais le projet, discuté ces derniers jours d’une ligne de crédit de 15 milliards de dollars (13,5 milliards d’euros) qui serait accordée à l’Iran afin de permettre son retour à une application pleine et entière de l’accord, bute sur le refus de Washington de desserrer l’étau des sanctions.

Selon une source diplomatique française, ce montant correspond environ au tiers des exportations iraniennes d’hydrocarbures en 2017, et les fonds avancés grâce à la ligne de crédit en cours de négociation seraient remboursés via des ventes futures de pétrole.

Pour que ce système ait une chance de voir le jour, il faudrait donc que Washington accorde quelques dérogations à ses sanctions visant les ventes de pétrole iraniennes, ce que Washington a une nouvelle fois exclu catégoriquement mercredi.

Sur Twitter, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a qualifié le Trésor des Etats-Unis, architecte de la politique de sanctions américaines, de « gardien de prison ».

Pour Henry Rome, analyste de la société de conseil américaine Eurasia Group, la mesure iranienne est « provocatrice mais réversible ». « L’Iran cherche à faire pencher la balance à son avantage, écrit-il dans une note, pas à fabriquer une bombe » atomique.

Les nouvelles mesures iraniennes devraient « porter prioritairement, voire exclusivement, sur la mise au point de nouvelles centrifugeuses » (destinées à enrichir l’uranium), relève François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran.

L’accord de Vienne « limite drastiquement le développement de différents modèles de centrifugeuses de nouvelles génération », rappelle-t-il à l’AFP. Il limite aussi le « nombre de centrifugeuses assemblées et testées », et impose un « calendrier strict de développement ».

Pour lui, l’annonce iranienne est « très calibrée ». Ses « premiers effets concrets ne se verront pas avant un ou deux ans », estime-t-il, mais contrairement aux premières mesures mises en place, « elle n’est que +partiellement réversible+. En effet, même si les recherches sont arrêtées, les acquis intellectuels le sont, eux, pour toujours. »

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