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ONU: les Palestiniens en quête de légalité pour présider le Groupe des 77

L'Assemblée générale de l'ONU est appelée mardi à doter les Palestiniens, au statut d'observateurs, de pouvoirs légaux supplémentaires afin qu'ils…

L’Assemblée générale de l’ONU est appelée mardi à doter les Palestiniens, au statut d’observateurs, de pouvoirs légaux supplémentaires afin qu’ils exercent en 2019 la présidence du Groupe des 77, un nouveau rôle critiqué par les Etats-Unis.

Après une présentation dans l’après-midi d’une résolution en ce sens de l’Egypte, un vote est attendu dans la foulée.

Au-delà de son enjeu juridique, ce texte est porteur de symbolisme alors que les Palestiniens ne sont pas dotés d’un Etat et que l’administration de Donald Trump semble avoir remis à après les élections américaines de novembre la divulgation d’un plan de paix destiné à régler le conflit israélo-palestinien.

Le 27 septembre, en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU, « le Groupe des 77 et de la Chine » –qui comprend en réalité aujourd’hui 134 pays au total– avait choisi la Palestine pour assumer sa présidence tournante en 2019.

Créé à l’origine pour favoriser les intérêts économiques de ses membres, le G77, coalition d’Etats en développement, est aujourd’hui une force de négociation non négligeable au sein de l’ONU.

Son statut d’observateur à l’ONU ne confère cependant pas à la Palestine tous les attributs légaux pour exercer cette présidence, d’où la nécessité d’une résolution pour lui attribuer des pouvoirs temporaires le temps d’une année.

Le projet de résolution, obtenu par l’AFP, prévoit l’adoption d’une série de modalités « pour la participation de l’Etat de Palestine » aux différentes sessions et conférences internationales auxquelles participera le G77 l’année prochaine.

Une annexe jointe à la résolution cite, entre autres, « le droit de faire des déclarations au nom du Groupe des 77 et de la Chine », « le droit de se porter coauteur de propositions et d’amendements » et « le droit de soulever des motions de procédure ».

Le texte de la résolution rappelle que « l’Etat de Palestine est partie à de nombreux instruments conclus sous les auspices de l’Organisation des Nations unies et qu’il est membre à part entière de plusieurs institutions spécialisées et organes de l’Organisation des Nations unies ».

– « Reconnaissance internationale » –

« Les Palestiniens sont observateurs. Ils ont besoin d’une résolution pour avoir la capacité de parler, de parrainer des textes, des prérogatives qu’ils n’ont pas », explique un diplomate sous couvert d’anonymat.

Présider le G77 « permettra aux Palestiniens d’obtenir une reconnaissance internationale, montrera qu’ils sont un acteur international capable de parler d’autre chose que du conflit israélo-palestinien », ajoute ce diplomate.

Brouillés avec les Palestiniens depuis la reconnaissance il y a près d’un an de Jérusalem comme capitale d’Israël, les Etats-Unis ne voient pas du tout d’un bon oeil cette future présidence palestinienne.

Les Etats-Unis « sont très opposés à la décision du G77 d’être présidé par la délégation palestinienne à compter de janvier », indique un responsable américain sous couvert d’anonymat.

« Les Etats-Unis ne considèrent pas la Palestine comme un Etat et estiment qu’il est inapproprié pour les Palestiniens d’assumer ce rôle à l’ONU », ajoute-t-il.

A l’Assemblée générale de l’ONU, Washington ne dispose toutefois pas de droit de veto pour empêcher l’adoption de la résolution. Les Etats-Unis n’y ont qu’un droit de parole et de vote à l’égal des 192 autres membres.

Pour les Palestiniens, l’un des objectifs sera de réunir le plus possible de voix lors du scrutin mardi.

Lorsque, fin 2017, l’Assemblée générale de l’ONU avait été saisie d’une résolution condamnant la décision américaine de reconnaître unilatéralement Jérusalem comme capitale d’Israël, 128 pays sur 193 l’avaient approuvée, et 9 dont les Etats-Unis s’y étaient opposés. Sous forte pression américaine, 35 pays avaient choisi l’abstention et 21 la chaise vide.

Fin septembre, lors de son discours annuel devant l’Assemblée générale, le président palestinien Mahmoud Abbas avait affirmé que « 183 pays » de l’ONU avaient « reconnu » l’Etat de Palestine. Il avait alors appelé « tous les pays du monde, et ceux qui ne l’ont pas fait, à effectuer cette reconnaissance ».

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