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« Optimiste » face au populisme, Trudeau a foi dans les citoyens

Face à la montée des populismes, le Premier ministre canadien Justin Trudeau se dit malgré tout "optimiste", ayant foi dans…

Face à la montée des populismes, le Premier ministre canadien Justin Trudeau se dit malgré tout « optimiste », ayant foi dans les citoyens; un discours nettement moins alarmiste que celui des dirigeants européens comme Emmanuel Macron ou Angela Merkel.

« On voit une montée du populisme, de la xénophobie, des différents défis entre les nations, y compris les défis au multilatéralisme », relève-t-il dans un entretien à l’AFP, lundi à Paris.

« Mais je pense aussi qu’on peut être optimiste, parce que les citoyens » montrent « un certain enthousiasme pour l’avenir », estime le dirigeant canadien, présent en France pour les commémorations de l’armistice de la Grande guerre.

A 46 ans, il incarne aux côtés d’Emmanuel Macron ou d’Angela Merkel ces leaders occidentaux opposés à l’offensive contre l’ordre international multilatéral lancée par un nombre croissant de dirigeants populistes ou nationalistes, avec Donald Trump en première ligne.

Les Européens jouent sur des registres d’inquiétude: M. Macron évoque le risque que le monde « sombre dans un nouveau désordre », Mme Merkel relève que la « paix est loin d’être une évidence », le secrétaire général de l’Onu, le portugais Antonio Guterres, craint un « engrenage invisible » rappelant les « années 30 ».

M. Trudeau affiche lui une certaine sérénité.

« On est évidemment dans un moment où, 100 ans depuis l’armistice, il faut réfléchir à toutes ces leçons qu’on a apprises au fil du 20e siècle », concède M. Trudeau dans un salon de l’ambassade canadienne à Paris, quelques heures avant de s’envoler pour Singapour.

– « Des attentes hautes » –

Mais il nourrit « des attentes hautes » sur les citoyens, sur « leur capacité à s’engager dans des discussions parfois difficiles, parfois complexes » et à « tirer les bonnes conclusions », pour ne pas s’engager sur le chemin du populisme qui « n’a que des réponses simplistes et erronées » sur l’évolution du monde.

M. Trudeau croit possible d’apaiser la colère de la partie de la classe moyenne occidentale fragilisée par les conséquences économiques et culturelles de la mondialisation. « Ils ont besoin d’être rassurés », juge le dirigeant du Parti libéral (centriste), au pouvoir depuis fin 2015 à la tête d’un pays économiquement prospère.

La réponse à apporter est avant tout de nature économique pour M. Trudeau. « On est en train de créer une économie où tous et chacun ont une vraie chance de réussir », et « cela nous permet de renverser un peu cette tendance au cynisme par rapport à nos institutions et nos gouvernements », qui font le lit du nationalisme.

Même si le populisme tend à progresser au Canada, le phénomène n’a pas la même ampleur qu’en Europe, où la situation économique et migratoire est différente, et où les leaders de formations hostiles au multilatéralisme, à l’intégration européenne, ou au libre-échange ont le vent en poupe, remportant des victoires électorales ou se hissant aux portes du pouvoir.

« Je fais face à des élections dans moins de 12 mois (élections législatives fédérales prévues en octobre 2019, ndlr) et ces mêmes tendances – populisme versus progressisme, confiance dans les citoyens versus la peur et la division – se jouent de notre façon au Canada », relève M. Trudeau.

Au Québec ou en Ontario notamment, de récents scrutins locaux, ont démontré que le pays est gagné par les idées nationalistes ou populistes.

Le nouveau Premier ministre du Québec François Legault, élu début octobre, a par exemple fait campagne en promettant de réduire de 20% l’immigration, malgré un contexte de plein emploi et de pénurie de main d’oeuvre. Félicité par Marine Le Pen, il avait immédiatement rejeté « toute association » avec la cheffe de file de l’extrême droite française.

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