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Ouganda: Jane Werikhe dame le pion aux menuisiers métalliques

Jane Werikhe, 44 ans et mère de quatre enfants, s'illustre depuis 2010 dans le dans la soudure et la menuiserie…

Jane Werikhe, 44 ans et mère de quatre enfants, s’illustre depuis 2010 dans le dans la soudure et la menuiserie métalliques, un métier dominé par les hommes en Ouganda.Jane qui tient un atelier au bord de la route d’Entebbe dans la banlieue de Kampala, a quitté l’enseignement où elle gagnait 29 USD par mois pour se lancer dans la fabrication métallique qui, selon elle, paie mieux. Et depuis lors, elle n’a jamais regardé dans le rétroviseur.

Dans son atelier, Jane Werikhe embauche six hommes et une dame pour fabriquer des canapés, des lits, des pots de fleurs et des porte-sacs, entre autres.

Ses lits sont vendus à 148 dollars, ce qui lui rapporte un bénéfice de 48 dollars par lit, soit trois fois son salaire d’enseignante.

Mme Werikhe vend ses produits par le biais de publicités sur les réseaux sociaux et c’est grâce à cette astuce que beaucoup ont fini par apprécier son travail.

Genèse du travail de Werikhe

Mme Werihe explique qu’elle a dû vendre sa voiture à 2380 dollars pour démarrer son ouvrir en 2010. La voiture lui avait été donnée par son mari après la naissance de leur premier bébé, mais elle n’avait pas d’autre source de financement pour démarrer l’atelier et la voiture était la seule option disponible.

Aujourd’hui, elle ne regrette pas d’avoir vendu sa voiture pour démarrer son entreprise car, elle a une autre activité qui peut lui permettre d’acheter autant de voitures qu’elle le souhaite.

Au cours des discussions avec certains habitants de Kampala, elle note que cette question revient souvent : « Comment, en tant que femme, parvenez-vous toujours à gérer un travail à prédominance masculine ? »

Mais la réponse de Werikhe est sans ambages car, dit-elle, « les femmes devraient toujours apprendre à s’associer avec les autres et à cesser de sous-estimer ou de surestimer les emplois ».

Pour justifier ses propos, elle affirme : « J’ai grandi avec l’idée selon laquelle ce que les hommes peuvent faire, les femmes peuvent le faire mieux si on leur en donne la chance ».

Quid de ses défis

Pour Werikhe, le plus grand défi qu’elle a est celui d’assurer la disponibilité et la fourniture correcte de l’électricité de son atelier, déplorant le fait que « parfois, l’électricité est coupée pour toute une journée, alors que vous avez une commande et enfin de compte, vous perdez cette opportunité d’affaires ».

Comme de nombreuses autres entreprises ougandaises qui ont eu des difficultés à la suite de la guerre au Soudan du Sud, celle de Werikhe a également subi un revers car, elle avait l’habitude d’exporter la plupart de ses produits vers des clients sud soudanais, ce qui lui rapportait plus que ce qu’elle obtient en vendant ses produits sur le marché ougandais.

Elle peine également à convaincre les hommes d’acheter des produits fabriqués dans un atelier tenu par une femme.

Les réalisations de l’entreprise

Werihe a utilisé son entreprise de fabrication de métaux pour créer une entreprise de papeterie dont elle tire des revenus supplémentaires. Elle a également aidé son mari à acheter un terrain pour la construire la maison familiale.

Mme Werihe prévoit maintenant d’acheter son propre camion, voire une flotte de véhicules pour transporter les commandes de ses clients car, elle paie cher la location de voitures pour le transport.

Elle pense également ouvrir des salles d’exposition dans d’autres parties du pays et à travers la région de l’Afrique de l’est.

Conseils aux femmes

Mme Werihe conseille aux femmes de regarder au-delà de la recherche d’emplois professionnels, en utilisant leurs diplômes ou d’autres qualifications académiques, mais aussi de se lancer dans les affaires.

« Je n’ai pas eu l’attention que j’ai aujourd’hui, à l’époque où j’étais professeur. Aujourd’hui, j’attire l’attention des médias locaux et internationaux sur mon entreprise de fabrication de métaux. Vous vous imaginez ? Je reçois même des commandes des ministères et d’organisations non gouvernementales ! » s’est-elle exclamée.

Elle a appelé le gouvernement ougandais à mettre davantage l’accent sur l’enseignement professionnel au lieu de la théorie dans les écoles et à encourager davantage de jeunes filles et les femmes à acquérir des compétences dans les emplois qui ont été décrits comme des « emplois masculins ».

Werihe estime que la société devrait également briser les tabous qui entourent des emplois particuliers pour les hommes et arrêter de considérer les femmes comme un sexe faible qui ne devrait se contenter que de petits boulots.

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