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Parlement européen: le jeu des huit familles

Droite et gauche se partagent le pouvoir de manière quasi ininterrompue depuis 1979 au Parlement de Strasbourg, rouage essentiel de…

Droite et gauche se partagent le pouvoir de manière quasi ininterrompue depuis 1979 au Parlement de Strasbourg, rouage essentiel de l’élaboration de la législation européenne. Mais, pour la première fois dans l’histoire de l’UE, la montée du populisme menace cette entente.

Ce bouleversement pèsera sur la nomination du prochain président de la Commission européenne puisque la famille politique arrivée en tête des élections revendique ce poste.

Actuellement, les 751 eurodéputés sont organisés en huit groupes différents au Parlement pour travailler ensemble en fonction de leurs affinités politiques et non de leur nationalité.

Petit tour d’horizon:

– La droite pro-européenne –

De loin la force la plus importante, le Parti Populaire Européen (PPE), qui compte 217 eurodéputés sur 751, devrait perdre du terrain aux prochaines élections.

Partis membres: CDU/CSU (Allemagne), Les Républicains (France), Forza Italia (Italie), Partido Popular (Espagne), Fidesz (Hongrie), etc.

Le PPE s’est choisi comme chef de file et candidat à la présidence de la Commission (Spitzenkandidat), l’Allemand Manfred Weber, membre de la CSU, parti frère bavarois de la CDU d’Angela Merkel.

Agé de 46 ans, cet ingénieur de formation a fait toute sa carrière à Bruxelles. Il est eurodéputé depuis 2004 et président du groupe parlementaire du PPE depuis 2014.

– Les sociaux-démocrates –

Numéro deux au Parlement avec 186 eurodéputés, le Parti socialiste européen (PSE) risque, comme le PPE, de voir son influence considérablement réduite après le scrutin du 26 mai.

Partis membres: les sociaux-démocrates allemands (SPD), le SPÖ (Autriche), le Parti socialiste (France), le Parti travailliste (Grande-Bretagne), le PSOE (Espagne), PD (Italie), Partij van de Arbeid (Pays-Bas).

Le Néerlandais Frans Timmermans est le candidat du PSE pour la présidence de la Commission européenne.

Vice-président de la Commission, Timmermans est le bras droit du Jean-Claude Juncker. Âgé de 57 ans, il parle six langues à la perfection et a été ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas entre 2012 et 2014.

– La droite eurosceptique –

Avec 76 eurodéputés, les Conservateurs et réformistes européens (CRE) sont la troisième force à l’Assemblée de Strasbourg.

Parmi ses membres, le parti conservateur de la Première ministre britannique Theresa May, qui devrait subir d’importantes pertes, en raison des atermoiements sur le Brexit.

Le parti polonais Droit et Justice (PiS), actuellement au pouvoir, ainsi que le parti nationaliste belge, l’Alliance néo-flamande (NVA), sont en meilleure forme.

Le parti souverainiste français « Debout la France », présidé par Nicolas Dupont-Aignan, qui avait soutenu Marine Le Pen entre les deux tours de la présidentielle française de 2017, s’est associé pour le scrutin européen de mai à ces souverainistes européens dans une « coalition pour une Europe des nations ».

Leur « Spitzenkandidat » est le Tchèque Jan Zahradil, âgé de 56 ans, qui est président de cette formation.

– Les libéraux –

Après le scrutin du 26 mai, les Libéraux de l’Alde, quatrième force avec 68 eurodéputés, espèrent jouer un rôle pivot au Parlement et dans le partage des postes des institutions européennes. Il devrait s’allier avec la République en marche du président français Emmanuel Macron pour créer un groupe plus large et centriste.

Partis membres: FDP (Allemagne), Open Vlaamse Liberalen en Democraten (Belgique), le VVD du Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

L’Alliance des Libéraux et Démocrates pour l’Europe (Alde) n’a pas nommé un candidat en particulier pour la présidence de la Commission, mais une équipe de sept personnalités. Parmi elles, la Commissaire européenne à la Concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, 51 ans, connue pour son intransigeance vis-à-vis des géants de la Silicon Valley, mais aussi l’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt.

Chef du groupe de l’Alde au Parlement européen, M. Verhofstadt était « Spitzenkandidat » lors du dernier scrutin européen en 2014.

– Les Verts –

Actuellement cinquième ex-aequo avec la gauche radicale, les Verts, forts de 52 eurodéputés, espèrent bien profiter de la popularité de la thématique du climat, surtout auprès des jeunes électeurs.

Partis membres: Bündnis 90/Die Grünen (Allemagne), Europe Écologie (France), Die Grünen (Autriche), Miljöpartiet de gröna (Suède), etc.

Très attaché à la parité, le parti vert européen est dans la course à la présidence de Commission avec deux candidats, un homme et une femme, comme il l’avait déjà fait lors des dernières élections en 2014.

Il s’agit de l’Allemande Ska Keller, 37 ans, déjà candidate en 2014, et du Néerlandais Bas Eickhout, 42 ans.

– La gauche radicale –

Cinquième ex-aequo avec les Verts, ce groupe a pour partis membres Die Linke (Allemagne), le Parti communiste français, Syriza du Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Au moment du scrutin de 2014, la Gauche Unie Européenne (GUE) avait pour « Spitzenkandidat » M. Tsipras, qui n’était alors pas encore Premier ministre.

Pour 2019, la GUE a deux « Spitzenkandidaten », la Slovène Violeta Tomic, âgée de 56 ans, et Nico Cué, Espagnol de 62 ans, ancien syndicaliste arrivé enfant en Belgique, où il a vécu la majeure partie de sa vie.

– Les europhobes et populistes –

Hétéroclite, l’Europe de la Liberté et de la démocratie directe (ELDD), sixième force du parlement européen avec 41 eurodéputés, compte dans ses rangs 14 membres du Mouvement Cinq Etoiles italien et 17 élus britanniques dont les partisans de l’europhobe Nigel Farage, qui a fait scission du parti pro-Brexit Ukip. Côté français, il compte notamment Florian Philippot, ex-bras droit de Marine Le Pen.

– L’extrême droite –

Classé huitième avec 37 eurodéputés, ce groupe a clairement le vent en poupe dans les derniers sondages et devrait faire une percée au scrutin du 26 mai.

L’Europe des Nations et des Libertés (ENL) regroupe des partis d’extrême droite nationalistes, tels que le Rassemblement national de Marine Le Pen (France), la Ligue italienne du ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, le parti d’extrême droite autrichien FPÖ. Ce dernier est frappé de plein fouet par un scandale qui a entraîné la chute de la coalition qu’il formait avec les conservateurs.

A noter: 21 eurodéputés n’appartiennent à aucun groupe.

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